Après le Chat du Rabbin (dont l'adaptation en dessin animé a été récompensée par un César), j'avais déjà, l'an dernier, redécouvert le Petit Vampire, qui a éternellement 10 ans.
Cet été Joann Sfar s'adresse à ses lecteurs avec une nouvelle bande dessinée, toujours publiée aux éditions Rue de Sèvres, mettant en cases une vampire adolescente qui a 17 ans depuis 300 ans et dont la BD porte le nom, Aspirine.
Cela faisait 27 ans qu'il s’amusait à la dessiner en train de se donner des coups de couteau avec sa sœur. Il était temps de lui consacrer un ouvrage ...
La "jeune" fille fait des études de philosophie à la Sorbonne et le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas ... philosophe. Elle revit constamment les mêmes épisodes d'une vie qu'elle estime pourrie et ça nourrit une rage intérieure qui déborde souvent. Elle essaie néanmoins d'échafauder une pensée mais en pure perte.
On ne peut que compatir et même l'approuver quand elle se plaint que le monde est plein de faux prophètes et de charlatans (p. 73).
Sa soeur, Josacine, elle aussi vampire, est mieux lotie parce qu'elle est bloquée à un âge plus avantageux mais elle ne se porte pas beaucoup mieux. Si Aspirine est addicte au sang (logique avec un prénom pareil) Josacine est addicte au sexe. Elle a 23 ans et un charme fou dont elle abuse, évidemment, ce qui ne fait que renforcer l'animosité d'Aspirine qui passe ses nerfs sur le premier humain qui se trouve à portée de ses griffes.
Malgré tout, elle attise la curiosité d’Ydgor ado attardé, un étudiant de type "no-life" : vaguement gothique, légèrement bigleux et mal peigné… avec comme kiff dans la vie, le fantastique et la légende de Cthulhu… Il rêve de vivre un truc magique, d’un destin exceptionnel et a compris qu’Aspirine est une vampire. Pour acquérir le privilège de pouvoir l’accompagner, il s’engage à garder le secret et à devenir son serviteur… son esclave. Parviendra-t-il à gagner sa confiance voire même son amitié ? Arrivera-t-il à la calmer de ses pulsions mortifères ?
Ce que Joann Sfar réussit particulièrement dans cet opus c'est de s'adresser à des lecteurs qui ne sont pas nécessairement fans d'histoires de vampires sans perdre ceux qui les recherchent. Aspirine mettra donc à fond la musique de Dragula de Rob Zombie... logique ! Et avec son nouvel ami (pardon, son serviteur) elle se livrera à des tournois de Warhammer dans la plus pure tradition de l'univers de fantasy créé dans les années 1980 par Games Workshop et développé pour servir de cadre à un jeu de figurines.
Aspirine étant fan de manga, de comix et de BD ses paroles sont truffés de références. Elles sont riches d'allusions que l'on prend plaisir à décoder, par exemple j'irai courir sur vos tombes (p. 15). Après Vian ce sera plus tard Godard avec Pierrot le fou et bien sûr plusieurs philosophes puisque c'est le domaine qu'elle étudie.
La BD est aussi traversée par des traits d'humour plutôt bien sentis : les vampires qui renoncent au sang humain c'est un peu comme les vegans chez les mortels (p. 14). Quand Josacine (vous aurez remarqué qu'elle porte le nom d'un antibiotique) reproche à sa soeur de tuer autant de monde Aspirine s'insurge : on est des vampires ou des bisounours ? (p. 45) Et le prénom de son ami Ygdor est bien entendu un clin d'oeil à l'univers cinématographique gore. Joann Sfar tente ainsi de dédramatiser l'adolescence qui, aujourd'hui, reste une période difficile.
On sait combien les jeunes ressentent une grande colère et gâchent leur potentiel de vie en passant trop de temps confinés devant des écrans. Tout comme eux Aspirine a besoin d'un cadre pour calmer ses pulsions mortifères (p. 117) et beaucoup se reconnaitront dans les personnages. Cette BD pourra être un cadeau de rentrée pour les aider à recouvrer l'appétit de lire (voilà une BD à dévorer sans modération).
Le trait de crayon est constant par rapport aux précédents albums. L'auteur a pour habitude de transmettre ses dessins sans couleurs à Brigitte Findakly, qui est une coloriste avec laquelle il apprécie de travailler. Le bleu de certaines planches évoque l'univers de Marc Chagall (par exemple la 49).
On lit la BD jusqu'au bout pour savoir si au final Aspirine se sentira mieux, et sortira de la crise de l'adolescence ou si celle-ci sera éternelle. Je ne vous raconte pas l'idée imaginée par Ydgor (p. 84) mais elle est juste magique ! Je ne vous dirai pas davantage si l'album se termine "bien". En tout cas le mot "fin" n'y figure pas.
On attend donc une suite à ce premier tome.
Cet été Joann Sfar s'adresse à ses lecteurs avec une nouvelle bande dessinée, toujours publiée aux éditions Rue de Sèvres, mettant en cases une vampire adolescente qui a 17 ans depuis 300 ans et dont la BD porte le nom, Aspirine.
Cela faisait 27 ans qu'il s’amusait à la dessiner en train de se donner des coups de couteau avec sa sœur. Il était temps de lui consacrer un ouvrage ...
La "jeune" fille fait des études de philosophie à la Sorbonne et le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas ... philosophe. Elle revit constamment les mêmes épisodes d'une vie qu'elle estime pourrie et ça nourrit une rage intérieure qui déborde souvent. Elle essaie néanmoins d'échafauder une pensée mais en pure perte.
On ne peut que compatir et même l'approuver quand elle se plaint que le monde est plein de faux prophètes et de charlatans (p. 73).
Sa soeur, Josacine, elle aussi vampire, est mieux lotie parce qu'elle est bloquée à un âge plus avantageux mais elle ne se porte pas beaucoup mieux. Si Aspirine est addicte au sang (logique avec un prénom pareil) Josacine est addicte au sexe. Elle a 23 ans et un charme fou dont elle abuse, évidemment, ce qui ne fait que renforcer l'animosité d'Aspirine qui passe ses nerfs sur le premier humain qui se trouve à portée de ses griffes.
Malgré tout, elle attise la curiosité d’Ydgor ado attardé, un étudiant de type "no-life" : vaguement gothique, légèrement bigleux et mal peigné… avec comme kiff dans la vie, le fantastique et la légende de Cthulhu… Il rêve de vivre un truc magique, d’un destin exceptionnel et a compris qu’Aspirine est une vampire. Pour acquérir le privilège de pouvoir l’accompagner, il s’engage à garder le secret et à devenir son serviteur… son esclave. Parviendra-t-il à gagner sa confiance voire même son amitié ? Arrivera-t-il à la calmer de ses pulsions mortifères ?
Ce que Joann Sfar réussit particulièrement dans cet opus c'est de s'adresser à des lecteurs qui ne sont pas nécessairement fans d'histoires de vampires sans perdre ceux qui les recherchent. Aspirine mettra donc à fond la musique de Dragula de Rob Zombie... logique ! Et avec son nouvel ami (pardon, son serviteur) elle se livrera à des tournois de Warhammer dans la plus pure tradition de l'univers de fantasy créé dans les années 1980 par Games Workshop et développé pour servir de cadre à un jeu de figurines.
Aspirine étant fan de manga, de comix et de BD ses paroles sont truffés de références. Elles sont riches d'allusions que l'on prend plaisir à décoder, par exemple j'irai courir sur vos tombes (p. 15). Après Vian ce sera plus tard Godard avec Pierrot le fou et bien sûr plusieurs philosophes puisque c'est le domaine qu'elle étudie.
La BD est aussi traversée par des traits d'humour plutôt bien sentis : les vampires qui renoncent au sang humain c'est un peu comme les vegans chez les mortels (p. 14). Quand Josacine (vous aurez remarqué qu'elle porte le nom d'un antibiotique) reproche à sa soeur de tuer autant de monde Aspirine s'insurge : on est des vampires ou des bisounours ? (p. 45) Et le prénom de son ami Ygdor est bien entendu un clin d'oeil à l'univers cinématographique gore. Joann Sfar tente ainsi de dédramatiser l'adolescence qui, aujourd'hui, reste une période difficile.
On sait combien les jeunes ressentent une grande colère et gâchent leur potentiel de vie en passant trop de temps confinés devant des écrans. Tout comme eux Aspirine a besoin d'un cadre pour calmer ses pulsions mortifères (p. 117) et beaucoup se reconnaitront dans les personnages. Cette BD pourra être un cadeau de rentrée pour les aider à recouvrer l'appétit de lire (voilà une BD à dévorer sans modération).
Le trait de crayon est constant par rapport aux précédents albums. L'auteur a pour habitude de transmettre ses dessins sans couleurs à Brigitte Findakly, qui est une coloriste avec laquelle il apprécie de travailler. Le bleu de certaines planches évoque l'univers de Marc Chagall (par exemple la 49).
On lit la BD jusqu'au bout pour savoir si au final Aspirine se sentira mieux, et sortira de la crise de l'adolescence ou si celle-ci sera éternelle. Je ne vous raconte pas l'idée imaginée par Ydgor (p. 84) mais elle est juste magique ! Je ne vous dirai pas davantage si l'album se termine "bien". En tout cas le mot "fin" n'y figure pas.
On attend donc une suite à ce premier tome.
Aspirine de Joann Sfar, éditions Rue de Sèvres, en librairie le 6 juin 2018
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