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lundi 13 août 2018

Hypo, interprété par Lucas Andrieu

Hypo ... comme hypocondriaque, un terme plutôt fréquent en ce moment depuis la parution du dernier livre de Michel Cymes.

Nous le sommes tous un peu. L'inquiétude fait partie de notre quotidien. Mais Lucas Andrieu interprète un champion toutes catégories.

Lucas Andrieu se donne complètement dans son rôle qu'il présente aux spectateurs à la sortie de la salle alors qu'on le penserait en loge en train de se préparer. On se croirait au festival d'Avignon, dans cette ambiance débordante d'énergie.

Une fois sur scène son premier geste sera de se frotter les mains avec une solution hydroalcoolique ... Il est bien dans la peau du personnage, surnommé Hypo par sa famille.

Il joue sans décor mais avec deux grosses malles qui contiennent un bazar comme tous les coffres à jouets qu'il se met à ordonner (car il est maniaque, cela va de pair avec son obsession), nous expliquant l'origine étymologique du mot, signifiant "sous le cartilage des côtes", un endroit qui longtemps n'a pas pu être palpé par les médecins. Leurs douleurs restaient inexpliquées alors qu'i s'agissait sans doute de coliques vésiculaires ou de calculs biliaires. Les symptômes étaient donc bien réels mais les malades n'étaient pas pris au sérieux.
Une telle nouvelle angoisse notre jeune homme bientôt calmé par une grosse bouffée de Ventoline, qui est sans doute le médicament le plus consommé par les hypocondriaques. Il a peur de s'étouffer avec une gélule (il n'est pas le seul je pense) et nous sort sa collection de sirops qu'il dispose devant un poster de son héros, dont il ne nous donne pas l'identité mais on reconnait le Docteur House. Il parait que la diffusion des épisodes de la série (comme Urgences) provoque toujours une affluence de patients dans les hôpitaux.
Chaque objet correspond à un souvenir. Il commence par une naissance (pardon, une sortie de la caverne) pas désirée (par lui) et les figurines voltigent dans un grand délire.
Le garçon nous raconte une enfance ponctuée de doutes et d'angoisses qui lui valent d'être vite étiqueté par son paternel comme "un emmerdeur" mais  où l'on se reconnait pourtant parfois. Je connais bien d'autres enfants qui comme lui étaient effrayés de se lancer à vélo.

Il a bien raison de demander de la viande grillée, des légumes nature et du fromage blanc sans coulis ... mais à dix ans, une telle maturité a de quoi surprendre. Tout est question de mesure et lui dépasse les bornes plus souvent que la moyenne, serrant le Vidal dans ses bras comme on le ferait d'un doudou alors que Jim Morrison chante The end ... tout est sujet à craindre la fin du monde.
Comme si l'hypocondrie n'était pas un handicap suffisant, le garçon est également agoraphobe et le moindre trajet en autobus devient un rodéo urbain. Ses parents ont une vie qui n'est pas pour le rassurer et la psychologue qui l'aide à formuler ses fantasmes va déménager. Resteront sa tante ... le précieux Vidal, et la découverte d ela philosophie.

Tout est grave mais rien n'est tragique. Rien n'est perdu. Les deux caisses de souvenirs sont rangées dans des boites vintage estampillées Fly the World, autant dire que le spectacle se termine sur note note optimiste. On rit beaucoup et on réfléchit aussi.

Hypo de Xavier-Adrien Laurent, avec la collaboration de Laura Léoni, librement inspiré de Hypo de Christian Astolfi
Avec Lucas Andrieu
Mis en scène par Xavier-Adrien Laurent
Théâtre de la Contrescarpe
Jusqu’au 30 septembre 2018
dimanches et mardis à 20h

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Alain Lafon

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