La putain du dessus fut un succès au Théâtre de la Huchette et c'était légitime que le spectacle fasse escale en Avignon.
C'est un monologue écrit par Antonis Tsipianitis, un dramaturge grec contemporain, mais la comédienne nous fait vivre son quotidien d'une telle manière que défilent toute une galerie de personnages.
On lui souhaite de trouver durablement la paix et que son coeur cesse d'être lui aussi complètement noir, à l'instar de celui de PJ Harvey chantant The dancer et qui résonne dans la salle.
La mise en scène est sobre, laissant la place à Emilie Chevrillon pour jouer dans une palette toute en nuances.
La putain du dessus d’Antonis Tsipianitis
Elle incarne une femme née dans une petite ville industrielle du nord-ouest de la Grèce. Elle rêvait de faire des études mais son statut de sexe féminin est un handicap. Son père a beau la frapper, une gifle ne change pas une fille en garçon !
Si elle est "honnête" elle ne doit songer qu'à fonder une famille. N'importe qui à sa place aurait cru comme elle son jour de chance arrivé lorsqu'elle rencontre Leftéris qui exerce un honorable métier.
Erato (Emilie Chevrillon) arrive sur scène en mantille et toute vêtue de noir, embrasse la croix, tremble encore à l'idée que son mari pourrait revenir. Il est pourtant mort et enterré. Le temps est venu de préparer le blé qu'on mange en Grèce pour éloigner les morts. La jeune femme a subi des violences conjugales d'autant plus pernicieuses que son époux était policier, et qui plus est, corrompu.
Je me suis mariée comme quelqu'un qui signe les yeux fermés une formule hypothécaire sans avoir vu les petits caractères.
Je me suis mariée comme quelqu'un qui signe les yeux fermés une formule hypothécaire sans avoir vu les petits caractères.
Loin d'être un sauveur, Leftéris est une sorte de bourreau. La parole d'Erato est malgré tout forte et imprégnée d'humour, ce qui ne retire rien à l'universalité" de cette situation puisque les violences concernent une femme sur trois, au moins une fois dans leur vie.
Ce spectacle parle aussi de la crise que traverse la Grèce. Et d'autres souffrances comme celles des migrants entassés dans un minuscule logement, juste au-dessus.
Tout est détruit autour d'elle et l'appartement a été saccagé où elle erre le revolver à la main, prête à tout : Tu souffres de me voir libre ?
On assiste à une explosion de rage et d'émotions. On découvre aussi une âme sensible. La jeune femme raconte ce qu'elle cuisinait et déposait devant la porte de ses voisins du dessus, et son admiration pour la putain qui sait cacher son plaisir.
La mise en scène est sobre, laissant la place à Emilie Chevrillon pour jouer dans une palette toute en nuances.
Un texte d’Antonis Tsipianitis
Adaptation: Haris Kanatsoulis et Chantal Stigliani
Mise en scène de Christophe Bourseiller
Avec Emilie Chevrillon
Au Théâtre de l'Arrache-Coeur • 13, rue du 58ème RI • 84000 Avignon • Tél : 04 86 81 76 97
Du 6 au 29 juillet 2018 à 18 h 40
Relâche les 9, 16 et 23 juillet
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurencine Lot
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