Evidemment Martha est estampillé sur la couverture de l’appréciation « absolument génial ». Cela suffisait pour me décider à découvrir ce premier roman écrit en Australie, mais racontant une tranche de vie qui se déroule dans une famille anglaise qu’on espère atypique tant elle est de guingois sous la plume divinement trempée dans l’humour anglais de Meg Mason.
Je ne l’aurais probablement pas lu s’il ne s’était pas glissé dans le Challenge Netgalley (dont je vais tenter au moins d’ouvrir chacun des 15 ouvrages le composant). Le souci est cependant que sa lecture fut un exercice difficile. Il est composé de 41 chapitres, non numérotés, si bien qu’on ne se repère pas parmi les 740 pages du format numérique, sachant qu’un chapitre peut correspondre à l’équivalent de 5 pages, en tenant la tablette à la verticale, mais qui sont à lire en scrollant. Si le doigt s’égare trop dans la marge au lieu de glisser vers le bas on passe automatiquement au début du chapitre suivant et il est complexe de revenir précisément là où on en était.
Et comme le sujet est assez décousu, tournant et retournant comme un ours en cage dans la prison mentale de la dépression, j’ai eu grande peine à le suivre, malgré tout l’intérêt qu’il représente et l’immense empathie que suscite le personnage principal de Martha. Rarement je n’ai autant eu envie d’avoir entre les mains un exemplaire papier comme on dit à propos d’un livre, lequel comporte (j’ai vérifié) plus de 400 pages dans cette version imprimée. Et qui plus est, je l’ai téléchargé en épreuves non corrigées, ce qui a laissé parfois planer le doute sur la version que j’avais sous les yeux.
Meg Mason n’est pas la première à écrire sur la dépression. Philippe Labro nous avait offert une confession très touchante avec Tomber sept fois, se relever huit. Et plus récemment Gilles Paris avec Certains cœurs lâchent pour trois fois rien. Celle-ci n’est pas l’apanage des hommes et Pierre Linhart l’avait démontré magistralement avec Une mère modèle. Delphine de Vigan a raconté dans un roman plus ou moins autobiographique l’enfer de la bipolarité de sa mère. Je pourrais en citer plusieurs autres.
Mais il me semble que c’est la première fois que je lis un récit aussi touchant, drôle et personnel (alors que je parie que c’est une fiction). Martha est un personnage hors normes, un peu comme Bridget Jones -mais en plus sympathique- à qui tout est aventure, péripétie, gaffe et cascade de problèmes. On imagine d’emblée ce que cela pourrait donner au cinéma et on attend avec impatience la version que les scénaristes vont composer (le projet est en cours).
Ce qui me manque pour affiner mon opinion c’est de connaître les intentions de l’auteure. A-t-elle voulu attirer l’attention du grand public sur les particularités de la souffrance engendrée par la maladie mentale, qu’il s’agisse d’une dépression endogène, ou momentanée comme pourrait l’être un baby-blues ou un burn-out ? A-t-elle surtout cherché à privilégier l’humour pour nous offrir une lecture de distraction, frôlant parfois le burlesque ?
Quelque chose ne tourne pas rond chez Martha, depuis longtemps, et le doute n’est pas permis sur ce point. Mais elle est si gentiment foldingue qu’on aimerait que sa vie prenne un cours plus tranquille, même si on apprécie que les dernières pages du roman ne soient pas si « heureuses » que ce à quoi nous avons été habitués avec les romans feel-good.
Evidemment Martha est un feel-bad aucunement désespérant, souvent fort drôle et en fin de compte réconfortant.
Évidement Martha par Meg Mason, Cherche midi éditeur, en librairie depuis le 12 mai 2022
Chroniqué dans le cadre du #ChallengeNetGalleyFR
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