Je n’aurais probablement pas ouvert spontanément L’île des âmes et le fait d’intégrer des ouvrages de genres différents dans une sélection de prix est donc appréciable. J’ai du coup entrepris un voyage dans un coin perdu de Sardaigne, qui est une région où je n’ai jamais mis les pieds mais dont je savais qu’elle avait une forte identité.
Je n’ai pas été surprise qu’on m’annonce une immobilité séculaire au niveau linguistique (p. 45) et j’ai vraiment apprécié les insertions d’expressions en langue sarde. Les descriptions d’une nature aussi sauvage que romanesque et envoûtante, propice aux légendes, m’ont vraiment plues. Je ne suis pas surprise d’apprendre que Piergiorgio Pulixi est originaire de la région.
Depuis plusieurs décennies, la Sardaigne est le théâtre de meurtres rituels sauvages. Enveloppés de silence, les corps de jeunes filles retrouvés sur les sites ancestraux de l’île n’ont jamais été réclamés. Lorsque les inspectrices Mara Rais et Eva Croce se trouvent mutées au département des “crimes non élucidés” de la police de Cagliari, l’ombre des disparues s’immisce dans leur quotidien. Bientôt, la découverte d’une nouvelle victime les place au centre d’une enquête qui a tout d’une malédiction. De fausses pistes en révélations, Eva et Mara sont confrontées aux pires atrocités, tandis que dans les montagnes de Barbagia, une étrange famille de paysans semble détenir la clé de l’énigme.
La violence de certaines scène a été difficile à soutenir et les motivations rituelles ont échappé à ma logique. J’avoue que les rites de la civilisation muragique s’apparentent pour moi à de la science-fiction (p. 145) et que je suis peu sensible à éffacer la frontière séparant l’homme du divin.
Difficile d’en raconter plus sans spoiler. Je ne pourrai même pas dire si les coupables seront punis mais sachez qu’une affaire non résolue est la condamnation la plus sévère que peut subir un policier (p. 45). Le nombre de téléfilms sur les affaires de cette catégorie en témoigne.
L’éditeur nous précise que « la première enquête de Mara Rais et Eva Croce nous plonge dans les somptueux décors de la Sardaigne, au coeur de ténèbres venues du fond des âges ». On peut donc légitimement en déduire que nous retrouverons ces deux femmes et que d’autres opus sortiront dans les années à venir, qu’il s’agisse d’affaires mystérieuses ou moins. Et qui sait, peut-être une série policière sur une chaîne de télévision ?
Piergiorgio Pulixi est né en 1982 à Cagliari dans le sud de la Sardaigne. Il a été libraire avant de se consacrer à l’écriture. Après une expérience d’écriture collective de romans noirs, il s’est lancé dans une saga policière en 4 volumes, primée par le prix Glauco Felici et le prix Garfagna. Il est aussi l’auteur d’une série intitulée I canti del male (Les Chants du mal). L’Île des âmes est son dernier roman, publié en 2019 par Rizzoli, et le premier traduit en France.
L’île des âmes de Piergiorgio Pulix, traduit de l’italien par Anatole Pons-Reumaux, Gallmeister, en librairie depuis le 1er avril 2021
Prix Scerbanenco (prix italien de fiction policière)
Lecture entreprise dans le cadre du Prix des lecteurs d’Antony
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