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samedi 24 août 2024

Le roman de Jim, un film d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Je n’avais pas lu Le Roman de Jim de Pierric Bailly, publié chez POL en mars 2023 mais je savais qu’il avait été très apprécié, méritant ainsi une adaptation presque immédiate au cinéma.

Je suis allée voir le film en confiance, surtout en sachant que parmi les acteurs je retrouverais Karim Leklou (Aymeric) et Sara Giraudeau (Olivia). Je ne dirai pas que c’est un chef d’œuvre mais j’ai été conquise par le traitement de la paternité, un sujet un peu rebattu et qui, ici, confronte habilement le ressenti de chaque protagoniste.

Rien à redire sur l’interprétation, si juste qu’on en oublie qu’on est dans le registre de la fiction. Eol Personne (Jim jeune) est ultra prometteur. Laetitia Dosch (Florence, la mère) est formidable en femme manipulatrice et pourtant sincère, se débrouillant comme elle peut pour concilier maternité et liberté.
À vingt-cinq ans, après une séparation non souhaitée et un séjour en prison, Aymeric, le narrateur, essaie de reprendre contact avec le monde extérieur. À l’occasion d’un concert, il retrouve Florence avec qui il a travaillé quelques années plus tôt. Florence est plus âgée, elle a maintenant quarante ans. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Jim va naître. Aymeric assiste à la naissance de l’enfant, et durant les premières années de sa vie, il s’investit auprès de lui comme s’il était son père. D’ailleurs, Jim lui-même pense être le fils d’Aymeric. Ils vivent tous les trois dans un climat harmonieux, en pleine nature, entre vastes combes et forêts d’épicéas. Jusqu’au jour où Christophe, le père biologique du garçon, réapparaît.
Ce qui est formidable dans cette version cinématographique c’est que le spectateur a sans cesse envie de juger, d’intervenir auprès de chacun pour leur souffler un conseil, réprimer un comportement, encourager la prise de décision. Il est bien entendu contraint de suivre l’action au rythme prévu par les réalisateurs, et au moment où il se dit que tout est perdu un ultime renversement de situation justifie le parti-pris artistique.

On en sort bouleversé, évidemment, dans nos propres convictions et surpris de ressentir tant de tolérance face à ces hommes et femmes qui font ce qu’ils peuvent, tout simplement.

La place accordée à la nature (le Haut Jura est filmé avec tendresse) et à l’usage de la photographie qui constitue une sorte de fil rouge est très bien construit. Cet art qui est le symbole du temps qui passe en même temps le témoin « objectif » de ce qui a eu lieu joue un rôle capital dans l’évolution d’Aymeric qui en fera son métier.

On ne peut finalement qu’être admiratif pour le travail d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu qui ont réussi à éviter l’écueil mélodramatique au profit d’une certaine forme de douceur, sans pour autant occulter la violence de la situation. C’est élégant et subtil avec, en contrejour, la peinture d’une province où la vie se construit malgré une certaine âpreté.

Le roman de Jim d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, au cinéma depuis le 14 août 2024
Avec Karim Leklou – Aymeric, Laetitia Dosch – Florence, Sara Giraudeau – Olivia, Bertrand Belin – Christophe, Noée Abita – Aurélie, Andranic Manet – Jim 23 ans, Eol Personne – Jim 7 et 10 ans
Festival de Cannes 2024, Sélection officielle, Cannes Première
Festival de La Baule 2024, Grand prix du meilleur film

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