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vendredi 30 novembre 2012

Little Bird de Boudewijn Koole


Le réalisateur, Boudewijn Koole, signe un long-métrage à la fois puissant et sensible. Loin d’être un film pour enfants Little Bird s’adresse à un très large public. Rien d’étonnant à ce qu’il ait reçu le prix du meilleur premier film au festival de Berlin et qu'il a été choisi pour représenter les Pays-Bas aux Oscars en 2013.

Il y a des circonstances où la détresse des parents est telle qu’ils sont dans l’incapacité de donner à leurs enfants la sécurité psychique qui leur est nécessaire. Dans la famille de Jojo la mère semble être partie pour un bon moment, le père est retenu très tard à son travail et quand il est à la maison il ne semble pas davantage présent.

Le jeune garçon est souvent livré à lui-même. Certes, il s’emploie à faire quelques bêtises, ou du moins des facéties sans grandes conséquences mais cela ne réussit pas à occuper tout son temps libre et il s’ennuie ferme. Aucun adulte ne se rend compte de sa solitude. Peut-être parce que c’est un garçon qui ne pleurniche pas et qui parait bien supporter la situation.

Il découvre un jour un oiseau tombé du nid. Et quel oiseau ! Un chouca au cri disgracieux que l’enfant imitera à merveille. Dans un premier temps le garçon fait preuve de courage en tentant de remettre l’animal dans son nid. Le voilà escaladant les branches tordues d’un grand arbre. Mais le chouca fait une nouvelle chute.

L’enfant n’a plus d'autre solution que de le ramener à la maison alors qu’il sait que son père s’opposera à ce qu’il le garde. Plusieurs scènes très touchantes sont filmées en gros plan. Jojo se plonge dans des livres d'ornithologie, nous apprend que cette espèce peut vivre 25 ans, quelle a l'intelligence d'un chimpanzé, qu'elle est loyale, adore jouer, qu'elle se lie pour la vie avec l'âme soeur ... ce qui renvoie à l'image du père qui vit désormais seul lui aussi.

L'enfant instaure un dialogue avec l'oiseau, le rassurant, l’encourageant. Il lui fait entendre sa musique préférée en se brossant les dents et on devine que c’est la voix de sa mère qu’il écoute. Il n'a pas été facile de trouver qui interprétait la bande son du film. J'avais tout d'abord songé à Marianne Faithfull à cause de la dernière chanson, Somewhere in the future qui fait penser a A place for us. Mais les voix ne coïncidaient pas.

La musique du film est une musique folk populaire qui vient du cœur. Les chansons sont de Ricky Koole, une chanteuse et actrice célèbre aux Pays-Bas. C’est elle qui apparaît sur les photos et dans les rêves de Jojo. Et j'ai déniché une bande-annonce du film où l'on entend un des titres qu'elle a enregistré spécialement pour Little Bird, You are the one.

Cliquer ici pour la lire.

On pourrait reprocher au réalisateur d'avoir construit un personnage d'enfant qui se comporte avec une certaine sauvagerie qui rend son amitié avec l'oiseau noir tout à fait réaliste. Il faut le voir lui donner la becquée en criant Ah Ah comme s’il en était la mère.

L'enfant se débrouille à la va-comme-je-te-pousse pour exécuter les tâches ménagères que son père délaisse. Il fait la cuisine, la vaisselle, lave le linge ... avec des gestes un peu brouillon. Il a de qui tenir, le père n'est pas plus soigneux quand il prépare un plat de pâtes. Il est instable, violent et alcoolique. Les contours de son personnage se dessinent peu à peu. On devinera son métier à un gros plan sur une épaulette.

Il y a beaucoup de scènes où la tension est palpable. mais il y en a d'autres très drôles, équilibrant les tensions dramatiques. Peu à peu le dialogue renait entre le père et le fils, atténuant le drame qui a secoué le foyer. Et Jojo fera aussi la découverte du sentiment amoureux auprès d'une très grande jeune fille en maillot de bains, inséparable de ses chewing-gums bleus.

La vie semble de nouveau s'orienter vers la sérénité. Ce petit oiseau, pourtant fragile, donne à l'enfant la force d’affronter la réalité...mais une nouvelle catastrophe survient.   Jojo est terrassé. Le cri muet de l‘enfant sous le vol de choucas est terrifiant.

Le réalisateur parvient à nous raconter avec légèreté une histoire terrible dans laquelle il instille de la poésie. Par un jeu de ralentis, de pauses, d'arrêts sur image, des cadrages serrés, laissant parfois l'essentiel hors champ pour nous le laisser entrevoir.

Il filme l'oiseau et l'enfant comme deux partenaires, s'appuyant sur son expérience personnelle puisqu'il a recueilli lui-même un chouca dans son enfance. Au final ce premier film est bien plus qu’une simple histoire d’amitié entre l’enfant et l'animal.

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