Lire Royal Romance de François Weyergans c'est retrouver l'humour dynamique de la Vie d'un bébé (1986). L'enfant a bien grandi, commence à être obsédé par le temps qui passe, ou plutôt par celui qui est passé, voire perdu.
Il va pourtant oublier son âge avec Justine.
On voyage avec lui au Caire, en Bavière comme à Millau. On descend dans les mines de sel de Wieliczka, au sud de la Pologne, à Bex, en Suisse. On apprend les noms des pâtes qui font la réputation de la Toscane, des Pouilles ou des Abruzzes, et quelles variétés de pommes mangent les québécois. On fait escale à Strasbourg, Strosssburi, comme on l'appelle là-bas, pour feuilletter des livres à la librairie Kléber, se régaler avec simplicité au Clou d'un baeckeoffe ou d'un bibeleskäs (une recette que j'ai déjà donnée sur le blog) ou frimer au très chic Crocodile. Il semble transparent, capable de tout dire, quitte à se contredire plus loin (page 178) en avouant qu'il déteste ce restaurant.
Il évoque aussi Venise mais c'est à Montréal qu'il s'attarde, nous trainant sur le parvis de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, dans le complexe Desjardins, ou le parc Lafontaine. On déambule rue Saint-Urbain. On déjeune chez Schwart's.
Il donne envie de lire ou de relire Schiller (page 98), Apollinaire, Alfred de Vigny ... de voir ou revoir Quand passent les cigognes, palme d'or à Cannes en 1957, d'écouter Wagner comme Miss Mc Kennit. Il prive la chanteuse de son prénom, écorche son nom, mais on le pardonne, To drive the cold winter away est si magnifique ... et la voix de Loreena Mc Kennitt dégage quelque chose de l'ordre du sacré. Il faut oser tout de même ramener en lumière un album qui date de 1987.
Il donne envie de lire ou de relire Schiller (page 98), Apollinaire, Alfred de Vigny ... de voir ou revoir Quand passent les cigognes, palme d'or à Cannes en 1957, d'écouter Wagner comme Miss Mc Kennit. Il prive la chanteuse de son prénom, écorche son nom, mais on le pardonne, To drive the cold winter away est si magnifique ... et la voix de Loreena Mc Kennitt dégage quelque chose de l'ordre du sacré. Il faut oser tout de même ramener en lumière un album qui date de 1987.
Il est amoureux fou d'une jeune femme qui adore un cocktail au nom romantique de Royal Romance, d'où le titre du livre. Cet amour semble désabusé dès le départ, il suffit d'écouter Justine : je t'aime avec mon avenir, quel qu'il soit. (...) Laisse-moi avec les preuves que je veux. (...) Elle avait une théorie sur les preuves, qu'elle qualifiait de marxiste puisqu'une phrase de Karl Marx en était l'origine : la preuve du pudding c'est qu'on le mange, une phrase qui m'enchante, on dirait un proverbe québécois. (page 110)
L'auteur n'est pas en reste avec ses personnages. Il avance une théorie et un avis sur tout. Depuis les bouilloires, qu'il érige en cadeau de rupture, en passant par les conserves (si je mangeais mes conserves, je n'en aurais plus), il recueille le moindre cheveu dans sa soupe : est-ce qu'on peut manger un nuage ? (page 37)
L'auteur n'est pas en reste avec ses personnages. Il avance une théorie et un avis sur tout. Depuis les bouilloires, qu'il érige en cadeau de rupture, en passant par les conserves (si je mangeais mes conserves, je n'en aurais plus), il recueille le moindre cheveu dans sa soupe : est-ce qu'on peut manger un nuage ? (page 37)
Il invente aussi le jeu de l'embardée (page 91) où il excelle, en bon orfèvre qu'il est du saut du coq à l'âne. Il surprend toutes les deux pages avec l'anodin ou avec une pensée profonde, capable de relancer le débat entre l'oral et l'écrit, opposant le billet d'amour au SMS. Je connaissais l'expression white card pour signifier la liberté d'entreprendre. j'apprends full credit qui est plus avantageuse encore qu'un all inclusives.
L'homme serait ultra sympathique s'il n'appliquait pas la même boulimie à l'égard des femmes en pratiquant si activement le seductive flirting avoué dès les premières pages (p. 39). Florence chasse en quelque sorte Justine. Il va multiplier les conquêtes mais c'est seul qu'il passe la nuit de Noël à broyer du noir.
L'homme serait ultra sympathique s'il n'appliquait pas la même boulimie à l'égard des femmes en pratiquant si activement le seductive flirting avoué dès les premières pages (p. 39). Florence chasse en quelque sorte Justine. Il va multiplier les conquêtes mais c'est seul qu'il passe la nuit de Noël à broyer du noir.
En bon méthodique, il cherchera à régler le problème. Il consultera un psy (page 160) qui ne lui apprend rien et préfère garder son état dépressif que se priver d'un verre de vin ou de risquer les effets secondaires inhérents aux médicaments comme une panne sexuelle.
Comme il faut bien tout de même tenter quelque chose pour aller mieux le héros va chercher un remède. Et, c'est bien connu, quand on cherche, on trouve. C'est la série 24 heures qui va le sauver. Ah, on ne vantera jamais trop le pouvoir hypnotique des images d'un programme télévisé ! C'est beaucoup plus efficace que les somnifères. Il suffit d'accepter de se laisser aller.
Mais il reste vigilant et cherchera à se positionner sur l'échelle du désespoir de Beck (page 188). Et rêvera une restauration de son moi à l'instar de celle de son ordinateur, à une date qui le reporterait quelques mois en arrière pour vivre l'illusion d'avoir gagné du temps et jugulé la défaillance irrémédiable. Ne souriez pas, j'en connais qui vivent avec une montre qui indique systématiquement l'heure avec 5 minutes d'avance.
Il écrit avec excès, multipliant tout par trois, les femmes, comme les valises.
Il écrit avec excès, multipliant tout par trois, les femmes, comme les valises.
On le croirait presque tant il semble sincère. Il tricote les faits historiques réels avec des éléments biographiques exacts qu'il implante dans la fiction. On repère pourtant un mensonge ici ou là. Caroline Dorée n'est pas une Québécoise chanteuse de jazz. Il n'a pas écrit le Sel, et n'est pas davantage né à Strasbourg comme il voudrait nous le faire croire. Et son père n'est pas dentiste. C'est bien Daniel Flamm qui raconte son histoire. Le roman n'est pas une autobiographie. On aurait presque oublié que c'était un roman.
Royal Romance de François Weyergans chez Julliard
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