Tout est bien. L'intitulé du spectacle, sous-titré Catastrophe et Bouleversement, colle à la situation comme une moule à son rocher.
Faut-il vous prévenir que l’ensemble est déjanté ? Vous l’aurez deviné avant même de prendre place sous le chapiteau puisque la représentation démarre en extérieur par l’invective des acrobates qui tentent de se carapater.
Pourtant, une fois assis, vous allez encore être bousculés dans vos habitudes. On vous demandera de prendre place ici, ou là, histoire d’équilibrer les gradins.
Le décor est un tel bric à brac que vous aurez du mal à distinguer ce qui est de l’ordre de l’accessoire et du principal. C’est que tout va servir, au moins une fois, souvent plusieurs.
Dehors les futs faisaient feu de tout bois.
A l’intérieur, les artistes grimpent sur le moindre ustensile. Les tableaux s’enchainent dans une vision assez poétique qui finit par apparaitre une fois qu’on accepte de se laisser apprivoiser. Un élément de décor en percute un autre et ce sont des chutes en cascade comme des tombés de dominos.
Nikolaus convoque sur la piste les figures archétypales de la Foire du trône, les extravagants, les clowns au cœur tendre, les acrobates filiformes, les danseurs aux escarpins de carton. Notre monde est pétri de catastrophes. Mais l’artiste s’empare de cette matière pour la remodeler avec poésie et nous faire rêver alors qu’il y aurait de quoi s’enfuir en courant.
Il prend les maux au pied de la lettre, les spectateurs en otage, pour le meilleur et pour le rire, reconstitue les grandes eaux versaillaises après un grimper de bassines rythmée par une musique Grand siècle.
Une valse musette accompagnera la séance de jonglage, sa grande spécialité.
Il pourrait détester une société où il y a 1 riche pour 1000 pauvres qui appartiennent au même système. Au lieu de cela il les réunit dans un même spectacle pour rendre heureux tout le monde. La troupe se donne sans compter et provoque l’admiration.
Le spectacle est superbement bien dosé entre humour et émotion, fantaisie et rigueur, alliant danse, musique, chanson, pirouettes et clowneries sans craindre les prises de risques.
Qu’elle surgisse en Marylin ou en Marlène, Noémie Armbruster est épatante avec trois fois rien. Ses copains ne déméritent pas en clowns au pays des pirates.
L’émotion bouscule parfois les mots chez Nikolaus qui philosophe en franglais en s’inquiétant de ce qu’on a compris. Il a raison : tout est question d’équilibre et il le démontre en long, en large, en travers et en hauteur.
Expliquer l’intervention d’une main invisible qui régule le bien et le mal, ce n’est pas si simple. Qu’il soit pleinement rassuré : Yes, ce spectacle make us happy. Et un show comme celui là must go on longtemps et loin devant !
La création a eu lieu au Théâtre de Cusset le 5 octobre dernier. C’est jusqu’au 23 décembre à l’espace Cirque d’Antony. N’attendez pas la fin du monde. Allez-y vite … vous aurez envie d’y retourner.
Tout est bien ! par la Compagnie Pré-O-Ccupé / Nikolaus jusqu'au 23 décembre à l’Espace cirque d’Antony, Théâtre Firmin Gémier/La Piscine. Tél : 01 41 87 20 84.
Précédent spectacle de Nikolaus : Raté-Rattrappé-Raté en janvier 2010
1 commentaire:
super spectacle inoubliable en effet !
un capharnaüm millimétré dans un vacarme assourdissant, déjanté et décalé mais aussi prouesse technique et physique
ça remue les tripes
J'en suis encore tout ébouriffé ; que d'émotions ! et puis il faut dire aussi que ç’est fait sans grands moyens, avec pratiquement que des objets de récup : planches, bancs, escabeau, tubes, tuyaux, cordes, cartons, sacs plastiques, poubelles, bouteilles, eau…
Le titre du spectacle pourrait bien être " beaucoup avec presque rien" : bel exploit par ces temps de crise
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