J'avais vu un Mariage de Figaro dans une mise en scène très moderne (et très réussie d'ailleurs) au Lucernaire par la Compagnie du Vélo volé il y a trois ans. C'était un autre aujourd'hui, et si le texte demeure celui de Beaumarchais, la mise en scène, signée d'Henri Lazarini, est radicalement située aux antipodes.
Nous sommes quelque part à l'Est, dans un Orient très coloré ou alors au Sud, dans une Espagne andalouse aux décors typiques d'azulejos. Les costumes hésitent entre ce qui se portait au XVII°siècle et un modernisme hispanisant.
En fait tout est parfait mais sans surprise, ce qui est regrettable quand on est face à un monument du théâtre français. L'auteur me tend la perche avec la fameuse réplique de la scène III de l'acte V : Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur.
On a peut-être été trop gâté avec des mises en scènes audacieuses comme celle du Vélo volé. On y a pris goût et le classique est perçu comme trop classique. Sauf par les lycéens et leurs enseignants, nombreux dans la salle et qui découvraient cette forme de théâtre.
J'ai entendu beaucoup d'exclamations enthousiastes et c'est bien agréable. Les uns trouvaient le spectacle superbe. D'autres peinaient à décrypter l'intrigue, plaignant Almavira : quelle peine ce pauvre comte s'est donné pour séduire ... sa femme.
Je me trompais donc quand je pensais qu'après l'affaire DSK il serait difficile de monter ce Mariage ... Car le comte est libertin, n'hésitant pas à délaisser sa femme au profit des domestiques. Lorsque son valet Figaro et la camériste de la comtesse, Suzanne, décident de se marier, Almavira est bien décidé à faire valoir son droit de cuissage.
Mais ni Figaro, ni Suzanne, ni la comtesse ne l'entendent de cette oreille. Ils vont tout mettre en œuvre pour déjouer les plans du seigneur, mais devront également composer avec les dessins de Marceline, la vieille gouvernante, soupirante de Figaro et les frasques de Chérubin, le jeune page volage très épris de sa maitresse.
Le temps d'une folle journée, quiproquos, faux semblants et situations burlesques vont se succéder à un rythme effréné, jusqu'au coup de théâtre final, un peu extrême, et qui a fait conclure que cette pièce laissait entrevoir ce que serait le théâtre quelques années plus tard, avec le vaudeville. Mais il fallait bien conclure sur une fin à la fois heureuse et morale.
Allez donc voir ce Mariage, histoire de voir si l'institution mérite qu'on s'y cramponne. Et si vous n'y allez pas pour découvrir le texte allez-y pour les comédiens, en particulier Isabelle Mentré (au centre sur la photo ci-dessus) que j'avais déjà remarquée l'an dernier dans les Serments indiscrets, aux cotés de Frédérique Lazarini (au centre sur le cliché ci-dessous).
Le Mariage de Figaro, au Vingtième Théâtre, 7 rue des Plâtrières, 75020 Paris
Comédie de Beaumarchais, mise en scène de Henri Lazarini, avec Stéphane Rugraff, Frédérique Lazarini, Denis Laustriat, Isabelle Mentré, Nicolas Klajn et l’Atelier Théâtre de La Mare au Diable.
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