Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 22 juin 2016

Dormir cent ans, Texte et mise en scène Pauline Bureau

Il y a des livres dits de littérature jeunesse qui sont tout à fait susceptibles d'apporter un plaisir de lecture à des adultes.

Il y a aussi des spectacles qui sont dans cette veine. Dormir cent ans est tout simplement superbe, intelligent, d'une maitrise que je n'ai pas peur de qualifier d'exceptionnelle.

C'est un spectacle que je verrais volontiers plusieurs fois et qu'il serait dommage de restreindre à un public d'enfants.

Pauline Bureau, dont j'avais vu à la Tempête il y a deux ans la Meilleure part des hommes signe là un travail extrêmement abouti.
Aurore à 12 ans. Elle sent que quelque chose change en elle. Jour après jour, elle se prend en photo pour saisir ce qui se transforme. Théo à 13 ans. Tous les après-midi, il sort de l’école, rentre à la maison et attend seul que son père arrive. Mais, il n’est pas vraiment seul. Il est avec le roi grenouille, le héros de sa BD préférée qu’il est le seul à voir. Aurore se demande ce que cela fait d’embrasser avec la langue. Théo aimerait bien savoir s’il est beau. Elle joue du piano. Il parcourt la ville en skate. Certaines nuits, ils rêvent. Et dans leurs rêves, ils se rencontrent.
Vous croyez savoir l'essentiel mais il vous manque la dimension magique. Une petite fille perdue en forêt compte ses pas, s'installe au piano et chante sa peur du silence. Plus tard elle rencontrera un tigre avec qui elle va apprendre à se battre, à rugir, bref à faire tout ce que les tigres apprennent à leur fille.

Un garçon exprime lui aussi ses doutes : être tout seul quand les autres sont ensemble, ça me fait honte. Il semble passif mais cet état n'empêche pas que des choses arrivent malgré tout. Et c'est sous un saule qu'il va grandir.

Vous verrez un réfrigérateur dont la porte symbolise le passage dans un monde imaginaire, fait de rêve et de cauchemar, dans lequel les personnages évolueront avant de faire le chemin inverse pour revenir dans la réalité ... mais transformés.
Pauline Bureau traduit avec beaucoup de justesse le mal de vivre des ados et comment une histoire d'amour peut commencer entre deux êtres qui se rencontrent sans être un remake à l'identique de la Belle au bois dormant (qui est son histoire préférée).

Toutes les musiques et les chansons sont des créations originales de Vincent Hulot, sauf Because the night que Patti Smith chantait en 1978, qui s'accorde parfaitement avec le coté rock qui imprègne le spectacle.
Trois videoprojecteurs sont employés pour sculpter l'espace et le résultat est enchanteur.

Pour réaliser les scènes avec le tigre Yves Kuperberg s'est inspiré d'un jouet de son fils. Il a dessiné les images qui sont projetées en guise de décor. Il en résulte un monde qui se trouve à la croisée entre une bande dessinée, un album et un espace en trois dimensions. L'espace est extrêmement délimité et pourtant il autorise toutes les projections personnelles auxquelles le spectateur peut se livrer en fonction de ses connaissances. On pourra par exemple penser à l'album d'Anthony Browne, Dans la forêt profonde. D'autres songeront à Alice au pays des merveilles. Et ce ne sont pas les livres où il est question de grenouilles qui manquent.

Dormir cent ans est un spectacle radicalement différent de ce qu'on a vu jusqu'à présent. Il y aura un avant  Il y aura un après. Une chose est certaine : il ne laissera personne indifférent.

Dormir cent ans
Texte et mise en scène Pauline Bureau
Dramaturgie Benoîte Bureau
Texte publié aux éditions Actes Sud-Papiers
Avec Yann Burlot, Nicolas Chupin, Marie Nicolle, Géraldine Martineau en alternance avec Camille Garcia
Création et régie lumière Bruno Brinas
Régie vidéo Christophe Touche
Scénographie et réalisations visuelles Yves Kuperberg
Composition effets visuels Alex Forge
Du 14 juin au 12 juillet 2017 (horaires variables)
Au Théâtre Paris Villettte
211, av. Jean-Jaurès -  75019 Paris
A partir de 8 ans

La photo qui n'est pas logotypées  A bride abattue est de Pierre Grosbois

Tournée 2016-2017
28 et 29 sept. le Granit, scène nationale de Belfort
6 et 7 oct. le Préau CDR de Vire
18 au 20 oct. Espace 600 de Grenoble en partenariat avec la MC2, scène nationale de Grenoble
3 au 6 nov. AmstramGram théâtre de Genève - Suisse
10 et 11 nov.  théâtre Romain Rolland, scène conventionnée de Villejuif et du Val-de-Bièvre
13 et 14 nov. théâtre Paul Éluard de Choisy-le-Roi
17 et 18 nov. théâtre de Charleville-Mézière
21 au 23 nov. le Grand R scène nationale de la Roche-sur-Yon
1er et 2 déc. théâtre de Privas
7 au 10 déc. le théâtre scène nationale de Sénart
6 et 17 déc. théâtre la Piscine de Châtenay-Malabry
3 et 4 mai théâtre du Parc Andrézieux-Bouthéon
9 et 10 mai 2017 - l'Arsenal Théâtre Val de Reuil
23 et 24 mai 2017 - Théâtre la Liberté, Scène nationale de Toulon
30 et 31 mai - Le Moulin du Roc, scène nationale de Niort
6 et 7 juin 2017 - Le Parvis scène nationale Tarbes Pyrénées.

Le spectacle est nominé aux Molières 2017 dans la catégorie Jeune Public
Il repartira en tournée la saison prochaine d'octobre 2017 à juin 2018.

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés (au cours des 7 derniers jours)