Si je vous dis que le spectacle parle de l'idole des jeunes ... enfin de ceux qui le furent ... jeunes.
De toute façon inutile de jouer aux devinettes, vous comprendrez dès l'entrée à qui vous avez affaire. Un personnage à demi avachi sur une table de banquet jonchée de restes, dans l'obscurité d'une fin de soirée et nimbé de volutes de Gitane. Si l'homme était brun on aurait pu parier sur Gainsbourg. Il est blond, c'est Hallyday.
Le propos n'est pas de donner dans le genre biopic. Même si les faits cités sont exacts (dates et lieux de concert, prénoms des collaborateurs, anecdotes ...) l'intérêt est ailleurs. Il s'agit d'abord de démontrer, vu de l'intérieur, c'est à dire du point de vue du chanteur, comment on vit un état de célébrité et l'ivresse de la scène. Choisir la représentation théâtrale plutôt que le récit écrit n'est pas anodin.
Le comédien, prodigieux Pierre-François Garel, est lui-même un artiste et donc forcément lui aussi en état de dépendance par rapport à la scène. Si bien qu'on peut assister au spectacle en adoptant l'un ou l'autre de ces deux angles.
C'est affirmé d'emblée par les premières paroles : ce qui qualifie l'idole c'est le regard.
Je ne m'arrêterai jamais, prévient le chanteur au début de la pièce qui a pourtant du mal à se lever. Je fais mon job dit-il à la fin, juste avant d'évoquer les étoiles qui se sont consumées, en terminant par la dernière à avoir tiré sa révérence, Prince.
Etre une rock star est un état qui n'autorise pas de répit. C'est à peine si on profite réellement de la gloire, des voitures de collection, des honneurs ... On voit une silhouette qui ne s'appartient plus, dopée à l'alcool, la cigarette, aux injections avec de très rares moments de lucidité qui le font mentir à sa femme pour la rassurer. Apparait-il pour autant comme une victime ? Plutôt comme une vanité contemporaine, coté public. Comme un être sous dépendance coté chanteur.
Il n'y a pas pas d'extraits musicaux. Ils ne sont pas nécessaires. Un mot suffit pour évoquer les moments mythiques. On partage néanmoins un joli moment avec love me tender.
A la fin, s'élève puissamment un "Kyrie eleison" autrement dit "Seigneur, prends pitié"alors qu'un déluge de pluie qui devient avalanche symbolique de gravats clôture le spectacle, achevant en quelque sorte l'idole qui paie le prix fort.
Pierre-François Garel est magistral et la mise en scène est implacable.
Le spectacle a été joué au Rond Point en 2013 et dans la grande salle du théâtre Paris Villette en mai. Il sera donné l'an prochain au Théâtre jean Arp de Clamart (92) du 18 au 22 avril 2017. Et cet été on pourra le voir à l'Artéphile (Festival d’Avignon) du 7 au 17 juillet 2016 à 22 h 40
La dernière idole
texte et mise en scène Hélène François et Emilie Vandenameele
avec Pierre-François Garel
création sonore Thomas Beau
régie générale et machinerie Ugo Mechri
création lumière Etienne Exbrayat
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