Le parfum de l'hellébore appartient aux livres que l'on est heureux d'avoir débusqué. Son parcours est plutôt emblématique des nouvelles pratiques d'édition : il est passé par les ondes numériques où fort de son succès il a pu se projeter sur les rayons des libraires.
J'ignore si cet envol s'est accompagné de modifications. En tout cas, même si j'ai apprécié la fraicheur de l'écriture, il me semble qu'il aurait gagné à être retravaillé. Dans la forme surtout, et dans le déroulé de l'histoire qui s'articule en deux parties qui ne sont pas assez distinctes de mon point de vue.
On m'objectera que la critique est facile. Il n'empêche que la lecture souffre d'une progression dramatique qui se cherche et que le surgissement du personnage de Sophie est un peu artificiel, même si son parcours de vie est très touchant. Elle exprime avec des mots très justes le mal-être d'un enfant (quel que soit son âge) quand il réalise qu'il n'existe pas -ou plus- pour la personne qui lui a donné la vie. (p. 233)
On m'objectera que la critique est facile. Il n'empêche que la lecture souffre d'une progression dramatique qui se cherche et que le surgissement du personnage de Sophie est un peu artificiel, même si son parcours de vie est très touchant. Elle exprime avec des mots très justes le mal-être d'un enfant (quel que soit son âge) quand il réalise qu'il n'existe pas -ou plus- pour la personne qui lui a donné la vie. (p. 233)
Ce livre, qui est malgré tout remarquable pour un premier roman, mérite amplement son destin. On aimerait savoir pourquoi Cathy Bonidan a choisi de traiter l'anorexie mentale et l'autisme au travers de deux personnages ayant vécu il y a soixante ans. Peut-être pour mettre ces sujets encore si douloureux à distance et pouvoir les traiter avec une relative espérance.
Quand on est confronté à ces maladies (et en tant qu'institutrice elle l'est forcément) on se sent si démuni qu'on ne peut que rager du peu de progrès que la médecine fait. Il reste tellement à entreprendre pour améliorer la vie de ceux qui en sont atteints !
Derrière les grilles du centre psychiatrique Falret, s'épanouissent les hellébores, ces fleurs dont on pensait qu'elles soignaient la folie. Est-ce le secret de Serge, le jardinier taciturne qui veille sur les lieux, pour calmer les crises de Gilles ? Toujours est-il que le petit garçon, autiste de onze ans, s'ouvre au monde en sa présence.
Deux jeunes filles observent leur étrange et tendre manège, loin des grandes leçons des médecins du centre. Anne a dix-huit ans, c'est la nièce du directeur. Fuyant un passé compromettant, elle a coupé tout lien avec ses proches, si ce n'est sa meilleure amie, avec qui elle correspond en cachette.
Elle se lie d'amitié avec Béatrice, malicieuse jeune fille de treize ans, qui toise son anorexie d'un œil moqueur, pensant garder le contrôle des choses. Mais rien ne va se passer comme prévu.
La thérapie par les plantes, ce n'est pas nouveau. La méthode est connue sous le nom (peu élégant) d'hortithérapie. Elle a été fondée dès la fin du XVIII° siècle par le psychiatre américain Benjamin Rush, mais elle est encore très peu développée en France.
Jardiner présente de nombreuses vertus : les patients se trouvent en plein air, sont rendus actifs, apprennent de la nature à être patients, et aussi à jouir des résultats de leurs plantations. Les émotions qu'ils ressentent sont positives notamment dans l'accompagnement de l'autisme, de la maladie d'Alzheimer et de nombreuses dépressions.
Quand on connait un peu la botanique on sait que l'hellébore n'exhale aucun parfum. Mais ce qu'on sait aussi c'est la délicatesse de ces fleurs, également appelées roses de Noël car elles s'épanouissent au coeur de l'hiver et il n'est pas rare de voir leurs tiges percer un tapis de neige. Ma grand-mère en faisait pousser quelques pieds. Jamais nous ne coupions ces fleurs de manière à profiter de leurs corolles jusqu'au printemps. Et quand il m'arrive encore d'avoir ces renoncules à la maison, je les laisse en pot.
On pensait dans l'Antiquité que la plante pouvait guérir de la folie, ou du moins de ce qu'on désignait sous le terme de mélancolie. C'est donc une belle idée que de l'avoir choisi comme titre du roman. Par contre, même si la photo de la couverture est magnifique on se demande pourquoi avoir placé des variétés anciennes de carotte dans les mains de l'enfant ...
Il faudra garder le nom de Cathy Bonidan en mémoire et surveiller la parution de ses prochains romans. Il y a dans celui-ci des pépites très prometteuses et un ton positivement féministe. Elle pointe le lien qui pourrait exister entre l'activité intellectuelle (p. 69) et l'impossibilité de prendre du poids. Elle a raison de souligner (p. 282) qu'il est parfois difficile d'avoir le recul nécessaire pour décrypter le journal de quelqu'un comme s'il ne s'agissait pas de sa propre existence.
Elle a aussi le mérite de citer Leo Kanner (p. 33) considéré avec Hans Asperger, comme un des pères de l'autisme infantile. Et de nous donner quelques citations fort bien choisies. Comme celle-ci de Bruno Bettelheim, page 69, qui éclaire les freins de ces enfants à rentrer dans les apprentissages de manière classique : L'enfant pense que, s'il étudie la nature, il ne comprendra que la nature, tandis que, s'il apprend à lire, il craint d'apprendre à comprendre n'importe quoi, même ce dont il pense qu'il ne doit pas savoir le premier mot.
Celle-ci encore d'Emilio Rodrigué : Je pense que l'angoisse de l'enfant autistique est semblable à celle qui est engendrée par la mort imminente. (p. 97)
Le parfum de l'hellébore de Cathy Bonidan, éditions de la Martinière, en librairie depuis le 12 janvier 2017
Elle a aussi le mérite de citer Leo Kanner (p. 33) considéré avec Hans Asperger, comme un des pères de l'autisme infantile. Et de nous donner quelques citations fort bien choisies. Comme celle-ci de Bruno Bettelheim, page 69, qui éclaire les freins de ces enfants à rentrer dans les apprentissages de manière classique : L'enfant pense que, s'il étudie la nature, il ne comprendra que la nature, tandis que, s'il apprend à lire, il craint d'apprendre à comprendre n'importe quoi, même ce dont il pense qu'il ne doit pas savoir le premier mot.
Celle-ci encore d'Emilio Rodrigué : Je pense que l'angoisse de l'enfant autistique est semblable à celle qui est engendrée par la mort imminente. (p. 97)
Le parfum de l'hellébore de Cathy Bonidan, éditions de la Martinière, en librairie depuis le 12 janvier 2017
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