Je "suis" l'écriture de Catherine Locandro depuis quelques années et je remarque qu'elle a creusé un sillon avec détermination. Ses romans sont toujours construits autour d'un personnage de femme dont la personnalité se découvre en adoptant un autre point de vue que celui de l'héroïne. Et je vous recommande autant Histoire d'un amour ou Face au Pacifique.
Pour que rien ne s'efface commence par la fin : une femme de soixante-cinq ans est retrouvée morte dans un studio parisien. La défunte est pourtant loin d’être une inconnue. Mais qui se souvient d’elle ?
Ce récit à rebours dessine les contours d’une vie, comblant les vides et les silences. À travers douze témoignages – une gagnante du loto, un voisin et ami, ou encore un amant à jamais blessé –, Catherine Locandro, en détective, retrace l’itinéraire d’une icône du cinéma déchue. Elle rembobine le fil de l’existence de l’actrice, succession de rencontres, d’évitements et de hasards, jusqu’à sa naissance sur la Côte d’Azur, au Cannet. Le lecteur est convié à suivre un requiem élégant, à la beauté cruelle, qui fixe magnifiquement le portrait de Lila Beaulieu.
Paul, Alphonse, Charles, .... et les autres vont, chacun avec leur sensibilité et en fonction du lien qu'ils ont eu avec elle, tenter de comprendre le mystère de cette femme si belle, dont peut-être l'inaptitude au bonheur mérite d'être analysée. Les indices sont distillés au fil des témoignages à un lecteur qui ne cesse de se poser des questions. Le cinéma est-il le lien qui unit les personnages ? Peut-on être différent à la ville et à l'écran ? Se faire tatouer un prénom à l'intérieur du poignet est-il une preuve d'amour ? Serait-on davantage vivant sur Facebook que dans la vraie vie ? Et surtout, Lila Beaulieu a-t-elle vraiment existé ?
Pour que rien ne s'efface est un livre sur le souvenir. A l'instar du précédent, l'auteure excelle dans les portraits de femme au destin tragique et de la trace que l'on laisse derrière soi. Ses romans ne sont jamais très légers mais celui-ci encore moins que les autres, à la frange du roman noir. On pensera à d'autres célébrités pour lesquelles une piscine ou une grossesse aura été fatale (Marie-France Pisier, Marilyn Monroe, Jean Seberg).
Pour Catherine Locandro il ne fait pas de doute que c'est le rôle des survivants de se souvenir. C'est vrai et c'est juste. Cependant on peut s'émouvoir du parcours de certaines personnalités qui sont davantage aimées après leur disparition et qui traversé des années de solitude effroyable.
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