Rimbaud Verlaine - Eclipse totale est une pièce puissante qui mérite le détour. Ecrite par Christopher Hampton alors qu’il n’avait que 22 ans, elle a été jouée dès 1968 dans de nombreux pays et surtout portée à l’écran par Agnieszka Holland avec Leonardo di Caprio, David Thewlis et Romane Bohringer.
Il était temps que la pièce soit enfin traduite en français, estime Isabelle qui rend hommage à Didier Long d’avoir pris ce texte à bras le corps dans une adaptation très émouvante. Le spectacle a été créé le 7 juillet 2016 à La Condition des Soies (Festival d’Avignon). Il est à l'affiche du Poche Montparnasse depuis le 13 janvier.
Paris, septembre 1871, Paul Verlaine accueille chez lui le jeune Arthur Rimbaud, 17 ans, après avoir découvert ses premiers poèmes et la précocité de son génie. Sous les yeux de son épouse Mathilde, une des liaisons les plus passionnées et sulfureuses de l'histoire de la littérature va naître jusqu'à l'embrasement. La confrontation de ces deux génies à fleur de peau, permettra la création de certaines des plus belles œuvres littéraires de référence.
Les éléments scénographiques sont peu nombreux et uniquement utiles à l’action car le plateau est petit au Poche Montparnasse et les acteurs prennent tout l’espace par l’intensité de leur jeu. Didier Long signe l'adaptation et la mise en scène. Il est Paul Verlaine et a choisi deux autres comédiens avec lesquels il a déjà travaillé.
Mathilde (Jeanne Ruff), épouse de Verlaine est une beauté diaphane au ventre arrondi par sa future maternité. Elle attend son mari parti chercher Arthur Rimbaud à la gare. Mais ce dernier n’est jamais là où on l’attend et le voilà qui pénètre seul sans prévenir et en haillons dans cette demeure bourgeoise où tout est calme et propre.
Julien Alluguette incarne à la perfection ce jeune homme flamboyant, irrespectueux dont se dégage une sensualité animale impossible à domestiquer. Si Mathilde se sent vite mal à l’aise envers le nouveau protégé de son mari, ce n’est pas le cas de Verlaine qui est fasciné par la force vitale qui habite Rimbaud.
Une complicité poétique nait très vite alors que les deux poètes rivalisent à la petite table où chacun écrit fébrilement des vers. Mais Verlaine ne comprend pas pourquoi Rimbaud refuse de lui lire ses poèmes : Vous ne pensez pas que les poètes ont à apprendre les uns des autres ?, ce à quoi Rimbaud répond : Les mauvais poètes, sans doute !
Verlaine est désarçonné par l’assurance et la brutale franchise du jeune homme. Mais c’est en même temps ce qui l’attire. Les deux hommes ne tarderont pas à tomber amoureux. Cette passion est cependant déséquilibrée. Rimbaud ne se sent aucune obligation envers quiconque : Quand nous aurons tiré l’un de l’autre le meilleur, nous nous séparerons et nous poursuivrons chacun notre route.
Il est souvent dur et ironique avec Verlaine, le poussant à abandonner sa famille au point qu’on a vraiment l’impression que le bonheur de Verlaine est le cadet de ses soucis. Il lui fait parfois sentir qu’il est vieux et laid. L'exaltation de sa jeunesse va de pair avec une forme d'égoïsme et de cruauté. Le monde lui appartient : Les autres écrivains se regardent dans le miroir ils se contentent de ce qu’ils voient et ils le couchent par écrit. Moi je m’évertuerai à chercher un miroir derrière le miroir pour découvrir sans cesse d’autres perspectives de moi-même.
Verlaine souffre de ce décalage. Didier Long joue magnifiquement un personnage déchiré, se saoulant à l’absinthe pour supporter la vie. Le comédien opère un crescendo dans la misère, entre rire tragique, perte d’équilibre et paroles comateuses provoqués par un état d’ébriété de plus en plus fréquent. Il se laisser alors aller à la violence avec sa femme et son fils qu’il aime pourtant profondément, puis ensuite le regrette amèrement. Le reste du temps, c’est un être hésitant entre son devoir et ses désirs, prisonnier d’une douleur de vivre à l’origine de ses plus beaux vers.
Durant deux ans, les deux hommes vont s’apporter mutuellement mais aussi se détruire jusqu’à ce fameux jour de juillet 1873 où Verlaine tentera de tuer Arthur d’un coup de révolver. Verlaine écope de deux ans de prison et Rimbaud après avoir écrit Une saison en enfer renoncera à tout jamais à l’écriture à l’âge de 20 ans.
La tension est contagieuse. On sort du spectacle habité par la flamme des comédiens et en soif de poésie pour apaiser nos âmes…
Il était temps que la pièce soit enfin traduite en français, estime Isabelle qui rend hommage à Didier Long d’avoir pris ce texte à bras le corps dans une adaptation très émouvante. Le spectacle a été créé le 7 juillet 2016 à La Condition des Soies (Festival d’Avignon). Il est à l'affiche du Poche Montparnasse depuis le 13 janvier.
Paris, septembre 1871, Paul Verlaine accueille chez lui le jeune Arthur Rimbaud, 17 ans, après avoir découvert ses premiers poèmes et la précocité de son génie. Sous les yeux de son épouse Mathilde, une des liaisons les plus passionnées et sulfureuses de l'histoire de la littérature va naître jusqu'à l'embrasement. La confrontation de ces deux génies à fleur de peau, permettra la création de certaines des plus belles œuvres littéraires de référence.
Les éléments scénographiques sont peu nombreux et uniquement utiles à l’action car le plateau est petit au Poche Montparnasse et les acteurs prennent tout l’espace par l’intensité de leur jeu. Didier Long signe l'adaptation et la mise en scène. Il est Paul Verlaine et a choisi deux autres comédiens avec lesquels il a déjà travaillé.
Mathilde (Jeanne Ruff), épouse de Verlaine est une beauté diaphane au ventre arrondi par sa future maternité. Elle attend son mari parti chercher Arthur Rimbaud à la gare. Mais ce dernier n’est jamais là où on l’attend et le voilà qui pénètre seul sans prévenir et en haillons dans cette demeure bourgeoise où tout est calme et propre.
Julien Alluguette incarne à la perfection ce jeune homme flamboyant, irrespectueux dont se dégage une sensualité animale impossible à domestiquer. Si Mathilde se sent vite mal à l’aise envers le nouveau protégé de son mari, ce n’est pas le cas de Verlaine qui est fasciné par la force vitale qui habite Rimbaud.
Une complicité poétique nait très vite alors que les deux poètes rivalisent à la petite table où chacun écrit fébrilement des vers. Mais Verlaine ne comprend pas pourquoi Rimbaud refuse de lui lire ses poèmes : Vous ne pensez pas que les poètes ont à apprendre les uns des autres ?, ce à quoi Rimbaud répond : Les mauvais poètes, sans doute !
Verlaine est désarçonné par l’assurance et la brutale franchise du jeune homme. Mais c’est en même temps ce qui l’attire. Les deux hommes ne tarderont pas à tomber amoureux. Cette passion est cependant déséquilibrée. Rimbaud ne se sent aucune obligation envers quiconque : Quand nous aurons tiré l’un de l’autre le meilleur, nous nous séparerons et nous poursuivrons chacun notre route.
Il est souvent dur et ironique avec Verlaine, le poussant à abandonner sa famille au point qu’on a vraiment l’impression que le bonheur de Verlaine est le cadet de ses soucis. Il lui fait parfois sentir qu’il est vieux et laid. L'exaltation de sa jeunesse va de pair avec une forme d'égoïsme et de cruauté. Le monde lui appartient : Les autres écrivains se regardent dans le miroir ils se contentent de ce qu’ils voient et ils le couchent par écrit. Moi je m’évertuerai à chercher un miroir derrière le miroir pour découvrir sans cesse d’autres perspectives de moi-même.
Verlaine souffre de ce décalage. Didier Long joue magnifiquement un personnage déchiré, se saoulant à l’absinthe pour supporter la vie. Le comédien opère un crescendo dans la misère, entre rire tragique, perte d’équilibre et paroles comateuses provoqués par un état d’ébriété de plus en plus fréquent. Il se laisser alors aller à la violence avec sa femme et son fils qu’il aime pourtant profondément, puis ensuite le regrette amèrement. Le reste du temps, c’est un être hésitant entre son devoir et ses désirs, prisonnier d’une douleur de vivre à l’origine de ses plus beaux vers.
Durant deux ans, les deux hommes vont s’apporter mutuellement mais aussi se détruire jusqu’à ce fameux jour de juillet 1873 où Verlaine tentera de tuer Arthur d’un coup de révolver. Verlaine écope de deux ans de prison et Rimbaud après avoir écrit Une saison en enfer renoncera à tout jamais à l’écriture à l’âge de 20 ans.
La tension est contagieuse. On sort du spectacle habité par la flamme des comédiens et en soif de poésie pour apaiser nos âmes…
Rimbaud/Verlaine, Éclipse totale de Christopher Hampton
Adaptation et mise en scène : Didier Long (qui signe aussi les costumes)
Avec Julien Alluguette (Arthur Rimbaud), Didier Long (Paul Verlaine) et Jeanne Ruff (Mathilde Verlaine)
Musiques : François Peyroni
Décors : Jean-Michel Adam
Lumières : Denis Koransky
Au Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
Du mardi au samedi à 21h
Photo Guillaume Niemetzky
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