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samedi 18 février 2017

Gardez le sourire au Petit Casino

Trinidad interprète Gardez le sourire au Petit Casino, lequel a vu se produire de célèbre pointures comme Sylvie Joly, Michel Blanc ou Paul Preboist dont les affiches dédicacées ornent les murs de pierre de la salle.

Michel Ferrand l'a ouvert en 1969 dans une ancienne boutique de plomberie sur un principe qui a donné son nom à l'endroit : les spectateurs jouaient aux dés leur prix d'entrée. Maintenant le tarif est unique mais il appartient toujours à la famille et c'est Hélène Renault, sa fille, qui est aux commandes.

L'endroit fonctionne toujours dans la tradition du café théâtre ou l'on peut enchaîner dîner et spectacles, le mot est au pluriel parce que ce sont deux artistes qui se succèdent sur la scène à partir de 21 heures. D'abord Trinidad, puis Dany Mauro à 22 h 30.

Le repas obéit à la formule à volonté, avec buffet de hors d'œuvres, de charcuteries et de fromages, sans oublier les desserts. Les futurs spectateurs ont un bon coup de fourchette à en juger par les allers et venues entre les vitrines réfrigérées et leur table recouverte d'un carré de tissu à carreaux rouges.

Je ne peux pas me prononcer puisque je n'étais là que pour le spectacle mais à 20 € (hors apéritif et café) c'est sans doute une aubaine même avec le supplément des samedis, fêtes et veilles de fêtes (7€).
La maîtresse des lieux est une forte femme plutôt sympathique qui sait mettre le public à l'aise, acceptant qu'on tourne sa chaise pour mieux profiter du spectacle, qui rassure que l'on pourra ( si on a pris la formule dîner) revenir remplir son assiette de desserts à l'entracte.
Mais elle annonce la couleur : si votre téléphone portable résonne ce sera champagne pour tout le monde.

Elle annonce la performance de Trinidad, en rappelant qu'elle intervient sur Sud Radio avec Brigitte Lahaie, ce qui selon elle, témoigne d'un sacré tempérament.

Il faut dire que l'humoriste s'y entend pour mettre de l'ambiance. En enchaînant les mimiques, les plaisanteries, les confidences et surtout en s'assurant de la complicité des spectateurs (surtout masculins) les plus proches de la scène.
Elle y campe une galerie de personnages, comme elle, hauts en couleurs, et c'est l’occasion de poser sur notre société son regard humoristique affûté sous la forme de sketches ou de morceaux musicaux parodiques explosifs. Elle déroule le spectacle en l'émaillant de citations de son voisin de palier maître Dong, qui sont des jeux de mots composant des pseudo dictons.

La comédienne revendique son dynamisme : je suis la femme la plus optimiste de France, au taquet. Néanmoins elle laisse percer ses inquiétudes. Comment ferons-nous sans le gouvernement pour survivre dans cette ère virtuelle qui succède à l'été industrielle ? Elle point nos faiblesses en appuyant là où il faut : comment justifier qu'on ait peur du gluten, ou du paraben mais pas de Le Pen ? Plus tard elle rendra courageusement hommage (parce qu'il a beaucoup été critiqué quand il était au pouvoir) à Giscard qui a fait obtenir pas mal de trucs pour les nanas. Sur ce sujet elle connaît bien les faits puisqu'elle a créé écrit et joué à deux reprises au Studio Hébertot Et pendant ce temps Simone veille qui brosse un demi-siècle de féminisme ... enfin de combats féministes et qui est actuellement en tournée.
Elle joue la comédie, raille, chante aussi, avec une voix qui évoque Zaz sur des standards très connus que le public a envie de fredonner avec elle. Trinidad change de personnage aussi vite que de tenue. Elle s'approprie les thèmes du moment. Par exemple les soldes qu'elle va nous chanter sur l'air du Pénitencier avec juste ce qu'il faut de réverbe pour donner un accent dramatique.
Elle raconte son parcours de vie, plutôt atypique, née à l'hôtel Dieu, d'une mère originaire de Cordoue. Elle a grandi rue des Rosiers. Aucune religion n'a grâce à ses yeux parce qu'il n'y en a pas une qui soit favorable aux femmes. On la comprend !

Elle chante aussi sur l'air de Comme un garçon de Sylvie Vartan, danse le flamenco, nous confie ses regrets de n'avoir pas eu la carrière de Clodette dont elle rêvait et s'engage avec une pirouette dans ce qu'elle appelle mon la la Land à moi.
Trinidad est facétieuse et quand elle nous tire des larmes, c'est de rire mais son show est plus profond qu'il n'en a l'air.
Comme elle a raison de nous prévenir de ne pas confondre être égaux et être identiques !
C'est Dany Mauro qui se produit en seconde partie à 22 h 30, après l'entracte et ... la seconde assiette de desserts.
Gardez le sourire au Petit Casino
17, rue Chapon, 75003 Paris - 01 42 78 36 50
Ouvert 7 jours sur 7
Le spectacle de Trinidad dure 1h et débute à 21h précises
Formule complète à 42 ou 49 € selon les dates

DR pour la photo qui n'est pas logotypée A bride abattue et dont le nom du photographe ne m'a pas été communiqué.

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