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mardi 19 juin 2018

Trahisons d'Harold Pinter

Comme les années 70-80 ont la cote en ce moment au théâtre ! Cette fois c'est Trahisons d'Harold Pinter que reprend le Lucernaire et que vous pourrez voir au prochain festival d'Avignon si vous l'avez manqué à Paris.

Les  attaques au violon de la sonate de Vivaldi (Trio Sonata "La Follia" in D Minor RV63) donnent le tempo de cette pièce très caustique où les trahisons se révèlent dans une mise en abîme terrible.

L'action se passe en Angleterre, et il émane du texte cet humour si particulier qui caractérise nos voisins britanniques, mais que l'on aurait tout aussi bien pu attribuer à un cinéaste comme Woody Allen. De fait on rit beaucoup.

Outre les trois comédiens principauxon remarque la présence de Vincent Arfa qui mérite une mention particulière puisque son rôle consiste à faire le lien entre les scènes qui nous arrivent antechronologiquement. Il sait être très drôle et apporter une légèreté qui contraste avec le sérieux des comédiens.

Robert (François Feroleto) est le mari, très séduisant quadragénaire, il est éditeur. Il est marié à Emma (Gaelle Billaut-Danno), une jolie femme plutôt brillante qui s’est laissée séduire par Jerry (Yannick Laurent, ou Lionel Pascal) le meilleur ami de Robert, également son partenaire de squash.

Emma et jerry ont rompu il y a deux ans mais ils se retrouvent de nouveau face à face pour remonter le cours de l'intrigue amoureuse entre les trois amis. Dans cette histoire à rebours, Pinter tisse les énigmatiques liens amoureux et amicaux du trio où chacun a construit sa propre vérité : des séparations aux rencontres, des aveux aux mensonges, des secrets aux trahisons.

Chacun s'est glissé dans la peau de son personnage dont il épouse chaque facette et joue à sa manière au jeu sordide de "je sais qu'il sait que je sais ..." et n'en sortira indemne. La pièce conjugue ainsi le désespoir et l'ironie. On comprend qu'Harold Pinter ait reçu le Nobel de littérature et on regrette que cette récompense ait mis un coup d'arrêt à sa carrière d'auteur. C'est un maitre et s'il reprend les codes du vaudeville (le trio amoureux, le mari, la femme, l'amant) c'est pour les travailler avec son style propre, profond et drôle, marquée par l’influence du théâtre de l’absurde et de Beckett
Christophe Gand réussit par sa mise en scène à rendre autant les dialogues que les silences si bien qu'on se demande si la communication est réelle entre les protagonistes. Ils semblent dire vrai et pourtant chaque confidence est sujette à caution. Tout est habilement pesé, aussi bien la scénographie de Goury, habilement suggestive, que les costumes (Jean-Daniel Vuillermoz a du se régaler à habiller Gaëlle).
Trahisons d'Harold Pinter
Traduction d'Éric Kahane
Mis en scène par Christophe Gand
Avec Gäelle Billaut-Danno, François Feroleto et Yannick Laurent (ou Lionel Pascal) et Vincent Arfa
Scénographie Goury, Décor Caire Vaysse
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Reprise du 24 Janvier au 18 Mars 2018
Du Mardi au Samedi à 19 h 00
Et le dimanche en matinée à 16h 00
Et du 6 au 29 juillet 2018
Théâtre Buffon, 1! rue Buffon, 84000 Bignon à 19 h 55

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