Voilà un roman qui va vous secouer ... de rire d'abord et ça vous fera du bien. Benoît Philippon écrit dans un style qui n'a pas grand chose à envier à Michel Audiard ... ou à des auteurs plus contemporains comme Nadine Monfils.
Sa Mamie Luger est délurée. Elle a une (longue) vie "incroyable" que l'on va découvrir de confidence en confidence tout au long du roman qu'on peut résumer en quelques mots : 93 ans d'enmerdes.
Elle aurait pu continuer à passer à travers les mailles du filet encore longtemps si elle ne s'était pas prise d’affection pour deux cinglés, des Bonnie and Clyde du Cantal (p.27), allant jusqu’à leur donner son bas de laine, vu qu’il ne ferait pas office de passeport pour le Mexique.
Elle aurait pu continuer à passer à travers les mailles du filet encore longtemps si elle ne s'était pas prise d’affection pour deux cinglés, des Bonnie and Clyde du Cantal (p.27), allant jusqu’à leur donner son bas de laine, vu qu’il ne ferait pas office de passeport pour le Mexique.
Berthe a un sens très particulier de l’injustice. Son opinion n'est pas banale, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle est hypersensible et capable de démarrer au quart de tour, chaude bouillante par exemple si (p. 40) on l’accuse d’empiéter sur les prérogatives familiales alors qu’elle vient de sauver une gamine des griffes d’un boche. C'est qu'elle ne mâche pas ses mots pour enjoliver la réalité. Son langage est plus que fleuri, ce qui n'exclut pas la précision.
Et comme elle est convaincu de son "bon" droit, elle n'exprimera pas de regret sur ses actes pour lesquels elle peut même revendiquer une certaine fierté, comme celle d’avoir dérobé un Luger à un nazi, d’où son surnom.
Toujours est-il que ses derniers méfaits (la défense des cinglés, ... faut suivre!) se solde par le cafardage de policiers, ce qui la conduit face à Ventura, un flic brutal, mais honnête (p.53), qui au fil de l’interrogatoire, finit par l’aimer et avoir envie de connaître la suite de l’histoire. Une mémé qui a enquillé 7 meurtres, même avec des excuses quasi légitimes ... cela impose quasiment le respect.
Et comme elle est convaincu de son "bon" droit, elle n'exprimera pas de regret sur ses actes pour lesquels elle peut même revendiquer une certaine fierté, comme celle d’avoir dérobé un Luger à un nazi, d’où son surnom.
Toujours est-il que ses derniers méfaits (la défense des cinglés, ... faut suivre!) se solde par le cafardage de policiers, ce qui la conduit face à Ventura, un flic brutal, mais honnête (p.53), qui au fil de l’interrogatoire, finit par l’aimer et avoir envie de connaître la suite de l’histoire. Une mémé qui a enquillé 7 meurtres, même avec des excuses quasi légitimes ... cela impose quasiment le respect.
Le mariage ne lui a guère réussi mais la vieille a su trouver une solution à chaque problème, grâce à sa conception toute spéciale de la justice ... que le lecteur n'est pas loin de trouver au final plutôt logique.
La pilule est un peu plus difficile à avaler pour l’inspecteur Ventura qui vivra en sa compagnie la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière.
Berthe est prête à tout déballer, mais dans l'ordre qui lui conviendra, et il va falloir accepter ses conditions. Elles ne sont pas insolentes. Elle troquera ses confidences (car il s'agit davantage de cela que d'aveux) avec humour contre un café, un verre d'alcool (c'est qu'elle a encore une bonne descente !), une viennoiserie, un repas ... au self du commissariat. On ne peut pas dire qu'elle soit très exigeante. C'est surtout d'une oreille compatissante qu'elle a besoin pour partager ses déboires et ses bonheurs. Car il y bien longtemps qu'il y a prescription et quelle que soit l'horreur de certaines séquences on se doute qu'elle fera long feu en prison.
Elle a cent deux ans. Faites le compte : elle n'a connu que 9 ans de bonheur. C'est peu mais ce fut intense. Avec Myrtille, et avec le grand amour de sa vie. et avant sans doute aussi avec sa grand-mère Nana qui l'éleva selon des principes féministes. Quand Berthe découvre le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir elle n'y voit que pure logique. Cela fait longtemps qu'elle est déjà convaincue (p. 185).
J'avouerai pas sans t'expliquer (p.183) promet-elle à un inspecteur qui aura bien du mal à reprendre les rênes de la corrida (p.200). Parce qu'elle veut bien se livrer, mais pas être jugée.
L'auteur la fait parler dans un langage populaire ponctué de digressions et d'humour car les scènes de crime se suivent et ne se ressemblent pas :
- Des histoires, j'ai de quoi t'en raconter sur des décennies. Ça dure combien de t'temps ta garde à vue ?
- Ben d'habitude 23 heures mais avec vous je sens qu'on va devoir prolonger. (p. 84)
Ce qui est très fort dans ce roman c'est qu'il n'occulte pas la tendresse. On éprouve de la compassion pour cette femme qui ne parvenait pas à donner la vie, mais qui excellait à donner la mort (p.134) et qui estime que s'il y a un monstre c'est l'autre et sûrement pas elle. De fait si on la suit dans son raisonnement on lui accordera les circonstances atténuantes. Et je peux reconnaitre que parfois son récit m'a tiré quelques larmes. Quelques sourires aussi parce que lorsqu'elle se moque de Ventura en lui faisant remarquer qu'elle ne risque pas de s'évader en allant au Mexique (p.277), ce qui m'a fait franchement rire. Je me trouvais précisément dans ce pays là ...
Né en 1976, Benoît Philippon grandit en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Il devient scénariste puis réalisateur pour le cinéma. Après Cabossé, publié dans la Série Noire, Mamie Luger est son deuxième roman noir, déjanté, drôle, émouvant et finalement plein de bon sens.
Né en 1976, Benoît Philippon grandit en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Il devient scénariste puis réalisateur pour le cinéma. Après Cabossé, publié dans la Série Noire, Mamie Luger est son deuxième roman noir, déjanté, drôle, émouvant et finalement plein de bon sens.
Mamie Luger de Benoît Philippon, édition Les arènes, en librairie depuis le 9 mai 2018
Le livre a obtenu le Prix qui a été annoncé le samedi 25 mai 2019
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