Triple chance pour nous : Edmond se joue toujours au Théâtre du Palais-Royal jusqu'au 31 mars 2019.
C'est aussi un film qui sortira sur les écrans le 9 janvier et c'est un film très réussi.
C'est enfin une bande dessinée, parue chez Rue de Sèvres, qui plaira à tous et qui fera patienter ceux qui vivent loin du Palais-Royal ou d'un cinéma.
Les trois ne sont pas incompatibles, loin de là.
Revenons à la genèse de Cyrano, de la pièce écrite et montée par Alexis Michalik et de sa transposition cinématographique et en BD. Vous allez voir, c'est assez simple.
Cyrano de Bergerac est une pièce très longue, faisant intervenir beaucoup de personnages et plusieurs décors. Et pourtant c’est de très loin la pièce la plus jouée au monde. Ce plus grand succès du théâtre français a été joué 20 000 fois, et ce n'est pas fini !
Alexis Michalik s’est intéressé à ce succès sous l’angle de la création. Il souhaité il y a déjà 15 ans de faire un film qui expliquerait comment Edmond Rostand a eu toutes les (bonnes) idées de scénario de cet immense succès, pour en quelque sorte révéler l'envers du décor de ce succès international.
Seulement voilà, personne ne voulait financer le projet. Alors il l’a imaginé, plus modestement sur une scène de théâtre et ce fut le Théâtre du Palais Royal qui accepta de l’accueillir. Je ne connais pas le nombre exact de spectateurs qui se sont déplacés mais sachant que la salle compte 750 places et que la pièce y a été jouée plus de 500 fois, je vous laisse faire le calcul.
Vous comprendrez que ce succès populaire, auréolé du succès de ses deux précédentes pièces, "Le Porteur d’histoire" et "Le Cercle des illusionnistes", renforcé aussi par les 5 Molières qui ont été décernés à Edmond, a "un peu" aidé les investisseurs à accepter de courir le risque de la transposition cinématographique. Le film s’appelle lui aussi Edmond. Alexis Michalik a changé la distribution originelle, avec notamment Thomas Solivérès dans le rôle-titre. Il sera sur les écrans le 9 janvier.
J'ai eu la chance de le voir en avant-première. Ce qu’il a de formidable c’est que ce n’est pas une adaptation supplémentaire de Cyrano de Bergerac, ni Ce n’est pas l’adaptation de la pièce écrite par Alexis Michalik, mais la révélation des coulisses de la création de la pièce en décembre 1897, alors qu’Edmond Rostand, qui n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup de dettes, se trouve en quelque sorte "condammné" à écrire un succès, précisément pour les fêtes de fin d’année, donc en un temps record de trois semaines. Comment ce poète, qui jusque là n’a écrit que des fours (aujourd’hui on dirait des bides), pourra-t-il y arriver ?
C’est son amie Sarah Bernhardt, immense actrice de l’époque (interprétée magnifiquement par Clémentine Célarié) qui a présenté le jeune écrivain à un comédien de renom qui s’appelle Constant Coquelin (non moins formidable Olivier Gourmet) qui attend une comédie, comme Feydeau, seul voie pour, pense-t-on, attirer les spectateurs dans les salles.
Le scénario imaginé par Alexis Michalik est très proche de la réalité. La reconstitution historique, aussi bien des rues de Paris, que des cafés de l’époque, du théâtre et des costumes est tout à fait remarquable parce que si on peut suggérer au théâtre, au cinéma il faut faire plus.
C’est un homme écrasé par le destin qui figure sur l’affiche. Très souvent la caméra filme Edmond en plongée, provoquant le même effet. Car l'écriture de cette pièce est un vrai défi. D'autant que l'on sent poindre la future concurrence des images animées. Une scène montre Edmond à une projection, préfigurant le cinéma qui lui fait craindre que dans dix ans le théâtre n’existera plus. Sur ce point il se trompait. Il n'empêche qu'il lui faut ce succès théâtral pour éponger ses dettes. Sa femme Rosemonde lui suggère d’écrire un chef d’œuvre, ... comme si c'était aussi simple que ça.
Edmond Rostand devra faire fi des caprices des actrices (Mathilde Seigner joue Roxane), des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme (jouée finement par Alice de Lencquesaing), des histoires de cœur de son meilleur ami, un jeune premier ambitieux (Tom Leeb) et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage.
On notera combien la pièce n'est pas facile à écrire. Il trouvera l’inspiration auprès du patron du Café Honnoré, un nègre qui "sait parler", interprété par Jean-Michel Martial, et de Jeanne d’Arcy, une jeune habilleuse (Lucie Boujenah, dont c'est le premier grand rôle au cinéma) qui deviendra sa muse (platonique) avant de devenir Mme Méliès.
C’est Thomas Solivérès (qui a déjà une belle filmographie depuis Les Intouchables, en passant par Les aventures de Spirou et Fantasio) qui donne vie à Edmond Rostand. Alexis Michalik se glisse dans la peau d’un auteur, mais pas celui qu’on croit puisque c’est Georges Feydeau, et je vous invite à ne pas manquer le regard en coin qu'il fait au moment des saluts de la pièce écrite par son rival. Dominique Pinon est un régisseur plus vrai que nature, au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Il faudrait tous les citer parce qu’ils sont tous excellents. On ne perd pas un mot des dialogues qui constituent un bel hommage à la langue française qui s’illustre dans la pièce dans la relation épistolaire. On retrouve avec délice la tirade du nez comme plus tard la scène du balcon. On voit de jolies filles lancer la jambe sur la musique d’Offenbach. On sirote une absinthe ... ou on boit comme Edmond une verveine. On rit du comique de répétition ans un hôtel d’étape à Issoudun. Et on reconnait le cloitre de Moissac pour la scène finale qui nous transporte au-delà de la scène du théâtre.
On remarque qu'Edmond prendre de la carrure en tant qu’auteur au fil des scènes et on appréciera de voir le théâtre dans le théâtre (le personnage interprété par Mathilde Seigner en parle très bien).
Personne ne croyait au succès de Cyrano en 1897 jusqu’au soir de la première, marquée par 40 rappels ! Trois jours plus tard l'auteur fut décoré de la légion d’honneur.
On apprécie les images d'archives du générique de fin, rappelant quelques-uns des meilleurs Cyrano, comme José Ferrer en 1950, Daniel Sorano en 60, Jean Piat en 64, Jean Marais en 70, Jean Claude Drouot, Michel Wuillermoz... jusqu'à la photo d'Edmond Rostand lui-même.
Tout le monde désormais croit au succès de l’un comme de l’autre. Alexis Michalik, déjà reconnu comme acteur, auteur et metteur en scène, sera sans nul doute applaudi aussi en tant que réalisateur avec ce premier film qui est en passe de confirmer le succès théâtral.
Ce film, Edmond, est un chef d’oeuvre à ne pas manquer.
La Bande dessinée est très réussie elle aussi, très fidèle à la pièce comme au film, dessinée par Léonard Chemineau, parue en octobre 2018 aux éditions Rue de Sèvres. Plusieurs très beaux albums sont parus depuis la rentrée chez cet éditeur et constituent de belles idées pour occuper l'espace sous les sapins ... Comme Bonjour Tristesse par exemple ou les derniers opus du Château des étoiles.
C'est aussi un film qui sortira sur les écrans le 9 janvier et c'est un film très réussi.
C'est enfin une bande dessinée, parue chez Rue de Sèvres, qui plaira à tous et qui fera patienter ceux qui vivent loin du Palais-Royal ou d'un cinéma.
Les trois ne sont pas incompatibles, loin de là.
Revenons à la genèse de Cyrano, de la pièce écrite et montée par Alexis Michalik et de sa transposition cinématographique et en BD. Vous allez voir, c'est assez simple.
Cyrano de Bergerac est une pièce très longue, faisant intervenir beaucoup de personnages et plusieurs décors. Et pourtant c’est de très loin la pièce la plus jouée au monde. Ce plus grand succès du théâtre français a été joué 20 000 fois, et ce n'est pas fini !
Alexis Michalik s’est intéressé à ce succès sous l’angle de la création. Il souhaité il y a déjà 15 ans de faire un film qui expliquerait comment Edmond Rostand a eu toutes les (bonnes) idées de scénario de cet immense succès, pour en quelque sorte révéler l'envers du décor de ce succès international.
Seulement voilà, personne ne voulait financer le projet. Alors il l’a imaginé, plus modestement sur une scène de théâtre et ce fut le Théâtre du Palais Royal qui accepta de l’accueillir. Je ne connais pas le nombre exact de spectateurs qui se sont déplacés mais sachant que la salle compte 750 places et que la pièce y a été jouée plus de 500 fois, je vous laisse faire le calcul.
Vous comprendrez que ce succès populaire, auréolé du succès de ses deux précédentes pièces, "Le Porteur d’histoire" et "Le Cercle des illusionnistes", renforcé aussi par les 5 Molières qui ont été décernés à Edmond, a "un peu" aidé les investisseurs à accepter de courir le risque de la transposition cinématographique. Le film s’appelle lui aussi Edmond. Alexis Michalik a changé la distribution originelle, avec notamment Thomas Solivérès dans le rôle-titre. Il sera sur les écrans le 9 janvier.
J'ai eu la chance de le voir en avant-première. Ce qu’il a de formidable c’est que ce n’est pas une adaptation supplémentaire de Cyrano de Bergerac, ni Ce n’est pas l’adaptation de la pièce écrite par Alexis Michalik, mais la révélation des coulisses de la création de la pièce en décembre 1897, alors qu’Edmond Rostand, qui n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup de dettes, se trouve en quelque sorte "condammné" à écrire un succès, précisément pour les fêtes de fin d’année, donc en un temps record de trois semaines. Comment ce poète, qui jusque là n’a écrit que des fours (aujourd’hui on dirait des bides), pourra-t-il y arriver ?
C’est son amie Sarah Bernhardt, immense actrice de l’époque (interprétée magnifiquement par Clémentine Célarié) qui a présenté le jeune écrivain à un comédien de renom qui s’appelle Constant Coquelin (non moins formidable Olivier Gourmet) qui attend une comédie, comme Feydeau, seul voie pour, pense-t-on, attirer les spectateurs dans les salles.
Le scénario imaginé par Alexis Michalik est très proche de la réalité. La reconstitution historique, aussi bien des rues de Paris, que des cafés de l’époque, du théâtre et des costumes est tout à fait remarquable parce que si on peut suggérer au théâtre, au cinéma il faut faire plus.
C’est un homme écrasé par le destin qui figure sur l’affiche. Très souvent la caméra filme Edmond en plongée, provoquant le même effet. Car l'écriture de cette pièce est un vrai défi. D'autant que l'on sent poindre la future concurrence des images animées. Une scène montre Edmond à une projection, préfigurant le cinéma qui lui fait craindre que dans dix ans le théâtre n’existera plus. Sur ce point il se trompait. Il n'empêche qu'il lui faut ce succès théâtral pour éponger ses dettes. Sa femme Rosemonde lui suggère d’écrire un chef d’œuvre, ... comme si c'était aussi simple que ça.
Edmond Rostand devra faire fi des caprices des actrices (Mathilde Seigner joue Roxane), des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme (jouée finement par Alice de Lencquesaing), des histoires de cœur de son meilleur ami, un jeune premier ambitieux (Tom Leeb) et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage.
On notera combien la pièce n'est pas facile à écrire. Il trouvera l’inspiration auprès du patron du Café Honnoré, un nègre qui "sait parler", interprété par Jean-Michel Martial, et de Jeanne d’Arcy, une jeune habilleuse (Lucie Boujenah, dont c'est le premier grand rôle au cinéma) qui deviendra sa muse (platonique) avant de devenir Mme Méliès.
C’est Thomas Solivérès (qui a déjà une belle filmographie depuis Les Intouchables, en passant par Les aventures de Spirou et Fantasio) qui donne vie à Edmond Rostand. Alexis Michalik se glisse dans la peau d’un auteur, mais pas celui qu’on croit puisque c’est Georges Feydeau, et je vous invite à ne pas manquer le regard en coin qu'il fait au moment des saluts de la pièce écrite par son rival. Dominique Pinon est un régisseur plus vrai que nature, au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Il faudrait tous les citer parce qu’ils sont tous excellents. On ne perd pas un mot des dialogues qui constituent un bel hommage à la langue française qui s’illustre dans la pièce dans la relation épistolaire. On retrouve avec délice la tirade du nez comme plus tard la scène du balcon. On voit de jolies filles lancer la jambe sur la musique d’Offenbach. On sirote une absinthe ... ou on boit comme Edmond une verveine. On rit du comique de répétition ans un hôtel d’étape à Issoudun. Et on reconnait le cloitre de Moissac pour la scène finale qui nous transporte au-delà de la scène du théâtre.
Personne ne croyait au succès de Cyrano en 1897 jusqu’au soir de la première, marquée par 40 rappels ! Trois jours plus tard l'auteur fut décoré de la légion d’honneur.
On apprécie les images d'archives du générique de fin, rappelant quelques-uns des meilleurs Cyrano, comme José Ferrer en 1950, Daniel Sorano en 60, Jean Piat en 64, Jean Marais en 70, Jean Claude Drouot, Michel Wuillermoz... jusqu'à la photo d'Edmond Rostand lui-même.
Tout le monde désormais croit au succès de l’un comme de l’autre. Alexis Michalik, déjà reconnu comme acteur, auteur et metteur en scène, sera sans nul doute applaudi aussi en tant que réalisateur avec ce premier film qui est en passe de confirmer le succès théâtral.
La Bande dessinée est très réussie elle aussi, très fidèle à la pièce comme au film, dessinée par Léonard Chemineau, parue en octobre 2018 aux éditions Rue de Sèvres. Plusieurs très beaux albums sont parus depuis la rentrée chez cet éditeur et constituent de belles idées pour occuper l'espace sous les sapins ... Comme Bonjour Tristesse par exemple ou les derniers opus du Château des étoiles.
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