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samedi 15 décembre 2018

Ce que disent les auteurs de premier roman

Hier soir avait lieu une rencontre entre fidèles lecteurs, membres du groupe des 68 premières fois et une vingtaines d'auteurs de premier roman.

Ce sont des expériences de lecture très fortes qui sont proposées par un groupe de passionnées (je crois que le comité de sélection est exclusivement féminin) car sélectionner une quinzaine d'ouvrages à chaque session (soit trente pour l'année) parmi la presque centaine qui est parue chaque semestre est toujours difficile.

On ne peut pas dire que ce sont les "meilleurs",  ce n'est pas l'objet. Il s'agit plus, de mon point de vue, de faire découvrir des pépites vers lesquelles nous ne nous serions peut-être pas tournés spontanément.

Les chroniques de ces livres ont publiées sur le blog sous le tag "premier roman", avec quelques "intrus" puisqu'il a été décidé de poursuivre avec quelques seconds romans, lesquels ont peut-être plus de mal que les autres encore à faire leur chemin. Songez qu'il sort environ 200 nouveaux livres par jour et que le nombre moyen des ventes est de 300 (France entière). C'est dire l'ampleur des déceptions pour beaucoup d'auteurs dont plus de la moitié ne gagnent pas le SMIC.
Les présents en début de soirée  (quelques-uns sont arrivés plus tard) ont été soumis à la question par Charlotte Milandri, pour notre grand bonheur. Voici un florilège de leurs réponses :

L'Iliade et l'Odyssée d'Homère est le premier souvenir littéraire d'Hector Mathis. Cet auteur dit avoir peu de doute en écrivant, se laissant emporter par le récit. Par contre, une fois arrivé à l'étape de la publication il était effrayé à l'idée de peut-être regretter d’avoir écrit son livre, K.O.

Jérome Chantreau, Les enfants de ma mère, Les escales, déteste qu’on parle de la "langue" d’un auteur alors qu’il aimerait qu’on s’arrête sur son style. Il a vécu son premier émoi littéraire avec San-Antonio qui lui prouva avec En avant la moujik que lire et se marrer ne sont pas incompatibles.

Lisa Balavoine, Eparse, Lattès, a lu et relu Jane Eyre de Charlotte Brontë, qu’elle a découvert dans la bibliothèque de ses grand-parents où s’alignaient des romans de Simenon on ou d'Agatha Christie. Lisa aime l’idée de cette vie très dure, menée par cette fille qui apparaît si triste sur la couverture, mais qui trouve la lumière au bout de son chemin. Elle attribue son premier fou rire littéraire sans conteste à Fabrice Caro pour Le discours.

Catherine Faye, L’attrape souci, Mazarine, attribue son premier coup de foudre littéraire à Mon bel oranger, un roman de José Mauro de Vasconcelos publié en 1968, partiellement autobiographique, souvent relu, toujours bouleversant et très présent dans ses pensées.
Quant à son meilleur compagnon d'écriture... c’est son histoire.

Guillaume Para, Ta vie ou la mienne, Anne Carrière a pour auteur de référence Ernest Hemingway. Il a tout lu de celui qu’il appelle tonton et qui correspond à l’image archétypale de l’écrivain, aventurier, mais d’une grande profondeur. Le soleil se lève aussi est le souvenir d’une énorme claque littéraire.
Le premier lecteur de son manuscrit est une lectrice, sa femme. Par contre il se méfie de ses proches et ne fait plus lire un manuscrit à ses parents qui interprètent beaucoup trop. C’est à cause de leurs critiques que son premier texte n’a pas été publié.

Gabrielle Tuloup, La nuit introuvable, Philippe Rey, est enseignante. Elle aime le mot "partir" parce qu'elle aimerait tant que ses élèves reviennent ... après être allé quelque part. Elle se souviendra toujours de la première critique publiée sur son livre, écrite par Nicole.

Laurent Seyer, Les poteaux étaient carrés, Finitude,vit à Londres. Il aime prendre pour modèles des gens qu’il rencontre mais dont il change plusieurs paramètres. Il n’a rien vécu de comparable aux héros de son livre qu'il a porté pendant des années. Il est d'autant plus surpris qu’on lui parle des personnages comme s’ils étaient vrais. Son héros de fiction préféré est naturellement le prochain qu’il aura inventé.
Son meilleur compagnon d’écriture c’est Apple avec un MacBook air, des écouteurs pour se couper du monde et un IPhone.

Camille Brunel, La guérilla des animaux, Alma, a déjà entendu ce qu’il rêvait qu’on lui dise à propos de son roman. Y compris quand des lecteurs lui reprochaient qu’il les avait fait sortir de leur zone de confort et qu’il les avait secoués. Pour le prochain dans lequel il fera vivre des animaux,  il adorerait qu’on le commente par exemple en lui disant c’est exactement ainsi que fonctionnent les éléphants.
C'est sans surprise qu'on entend qu'il aurait aimé avoir écrit Anima, de Wajdi Mouawad.

Vincent Villeminot, Fais de moi la colère, Les escales, écrit beaucoup, tout le temps. Il dit laisser les phrases s’user, se polir, jusqu’à ce qu’elles sonnent justes, même si cela doit prendre des mois. Il aime bien être déçu. Il a observé qu’il y a, chez chaque auteur, un livre "raté" parce que pour une fois l'écrivain aura été, dit-il, fainéant. Le meilleur exemple est Le ravissement de Britney Spears, écrit par Jean Rolin en 2011. Il ajoute que pour être belle une écriture doit être rigoureuse et tenue.

Nathalie Yot, Le Nord du Monde, La Contre Allée, a versé ses premières larmes littéraires avec Marguerite Duras mais elle confie qu’elle rit davantage qu’elle ne pleure. Venant de la poésie son tic d’écriture est sans doute celui de la répétition.

Catherine Bardon, Les déracinés, Les escales, n’a pas fermé l’œil après la lecture des Rivières pourpres. Elle a en revanche été déçue par le film.
Elle s’interroge sur le droit laisse à un auteur de laisser la fin en suspens. Comme là fait Pauline Delabroy-Allard, avec Ça raconte Sarah, éditions de Minuit qui a provoqué une grosse frustration.

La fin idéale pour Caroline Boudet, Juste un peu de temps, Stock, c’est lorsque les personnages lui manquent après avoir terminé le roman.
Elle se souvient de la première réponse d’un éditeur à propos de son manuscrit : ouais, c’est pas mal, mais pas vraiment un roman, faut le retravailler.

Sophie de Baere, La dérobée, Anne Carrière, a connu sa première envie d’écriture à 7-8 ans. Elle écrivit alors un texte qui fut joué en pièce de théâtre à l’école.
Elle accorde la palme du plus beau titre à Odile d’Oultremont avec Les déraisons.

Amélie Cordonnier, Trancher, Flammarion ,détestent les mots en asse, même si elle en a mis beaucoup dans son roman. C’est une lectrice qui adore pleurer en lisant, pour la vertu cathartique des larmes. Elle se souvient avoir pleuré tout au long Le Petit Lord Fauntleroy dans sa chambre d’enfant, pelotonnée sous un édredon jaune.

Jean Baptiste Naudet, La blessure, L’iconoclaste, aurait aimé bâtir un roman à partir de la phrase un jour je me suis couché de bonne heure. Quant au classique impossible, c’est bien évidemment Proust auquel il pense.

Le mot préféré de Blandine Fauré, Faune et flore du dedans, Arléa, est iridescence. Interrogée sur la première réponse d’un éditeur elle pense à l'accord du sien, inattendu, juste une semaine après l’envoi de son manuscrit.

Bertille Dutheil, Le Fou de Hind, Belfond estime que le mot "transport "définit parfaitement l’écriture. Si elle pouvait passer une journée avec un écrivain elle choisirait António Lobo Antunes, écrivain et psychiatre portugais, pour savoir comment fonctionne son cerveau.

Olivier Liron, Einstein, le sexe et moi, Alma, et Peire Aussane, Deux stations avant concorde, Michalon, arrivés plus tard ont été dispensé de l'exercice en public mais nous les avons interrogés en privé sur leurs motivations et leurs goûts ensuite.

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