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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mardi 4 février 2020

Les coulisses du Parc des Princes

Je ne me doutais pas un instant de ce que j'allais découvrir ce matin en me rendant à un Workshop sur le thème de la Côte d'Azur, Terre de Sport.

En dehors de la course Paris Nice, c'est plutôt une image culturelle que sportive que j'avais de cette destination marquée par le festival de Cannes, le Carnaval de Nice, l'empreinte de Picasso, la fondation Maeght, les ruelles de Saint-Paul-de-Vence, les parties de pétanque d'Yves Montand à la Colombe d'Or ... Je ne vais pas ajouter un souvenir de crèche vivante un soir de réveillon car on va me croire plus que centenaire.

Plus sérieusement et en dehors de la culture j'aurais parié sur les traditions, la parfumerie, et la gastronomie : la bouillabaisse, l'aïoli, la salade niçoise, le pistou, les fruits confits et la socca. Il fut d'ailleurs bien question de ces deux spécialités ce jour-là, preuve que je ne suis pas complètement vintage. La socca elle-même se modernise puisqu'elle  se décline en version chips 100% pois chiche.

La manifestation laissait supposer un virage sportif et il est bel et bien pris par l'ensemble de la région, et cela depuis quelques années. Plusieurs grands rassemblements existent depuis longtemps et sont devenus incontournables : Marathon des Alpes-Maritimes Nice-Cannes, UltraTrail Côte d’Azur Mercantour (UTCAM), régates, rencontres équestres et autres événements entre mer et montagne : swimrun, TriGames, triathlons, semi-marathons et bien sûr ski sans compter l’offre golfique azuréenne et l'IronMan ... que je n'aurais pas dû oublier, ayant chroniqué il y a cinq ans le formidable film de Nils Tavernier, De toutes nos forces.

L’ensemble des Collectivités Territoriales multiplie ses investissements dans l’événementiel sportif et le calendrier 2020 est particulièrement dense : le Conseil Départemental des Alpes-Maritimes crée l’Outdoor Festival 06, le territoire de la Métropole Nice Côte d’Azur et le département des Alpes-Maritimes seront le théâtre de trois étapes du Tour de France et accueilleront également l’Etape du Tour, de nouveaux événements cyclistes pro sont proposés comme le Mercan’Tour avec l’ambition devenir une course classique, le Gravel Trophy mettra à l’honneur l’arrière-pays azuréen.

Ce workshop m'a permis de découvrir de nouveaux sujets à traiter sur le blog ou dans les émissions que je produis et anime sur Needradio, et particulièrement Une journée à ...
Le mot mérite sans doute une explication. Un workshop qualifie la juxtaposition de plusieurs temps d'échanges individuels avec les organismes et/ou personnalités invités et c'est toujours plus riche qu'une classique conférence de presse collective. L'idéal est de faire les deux, ce qui a été le cas ce jour-là. Et je bouillonne d'idées de reportages en restant bien entendu dans ma ligne éditoriale axée autour du patrimoine.

Le sport fait bien entendu partie intégrante de notre histoire et l'après-midi s'est clôturée sur une visite   des coulisses du Parc des Princes. Il y eu une période de ma vie où je m'y rendais souvent. J'ai de vagues souvenir du premier musée des sports dont l'inauguration aura lieu en 1988 et qui accueillera le public pendant une dizaine d'années avant de déménager avenue de France. Ce fut d'ailleurs l'objet d'un des premiers articles du blog, en 2008.

Mes souvenirs du Parc étaient lointains et flous, encore marqués par le décès -sous mes yeux- d'un rugbyman en plein match. J'avais alors le privilège de me trouver en tribune d'honneur mais l'atmosphère s'est brutalement assombrie et j'avais tout oublié de ce cadre. Pour tout dire j'avais une image autant inexacte de ce lieu que de la Cote d'Azur.

La découverte des coulisses du Parc a donc été un moment autant inattendu qu'insolite dont je vais vous faire profiter en précisant qu'il n'y a aucune photo volée car le parcours est strictement encadré et minuté, en toute logique.

Imaginez-vous, soit parce que vous êtes invité en loge un soir de match, soit parce que vous avez pris un billet pour visiter en journée des zones habituellement inaccessibles au public et vivre la PSG Expérience avec audio-guide vous donnant accès : aux tribunes, aux vestiaires, aux bancs des remplaçants, aux loges VIP et à la salle de presse. Vous revivrez les victoires des plus grands champions de France dans l’History Room et expérimenterez (avec supplément) dans l’Arcade VR une quinzaine d'expériences surréalistes comme enfiler les gants du gardien pour arrêter les coups francs de Neymar ou de Mbappé, essayer de battre le record de vitesse de coup franc, voler au-dessus de Paris sur un drôle d'engin ou encore revivre le dernier Classico contre Marseille en 360° par exemple.

Je n'ai rien fait de tout cela. La "simple" visite des lieux -alors déserts et qu'il faut imaginer grouillants un soir de compétition- est déjà réellement impressionnante.
Mais avant tout il faut accéder dans les mâchoires du Parc, qui ressemble à une soucoupe posée en bordure du périphérique, reconnaissable aux arêtes de béton qui sont la signature de l'architecte Roger Taillibert qui en redessina l'enceinte en 1972, en s'inspirant du stade de Rome et en multipliant les courbes, deux ans avant que le Paris Saint-Germain n'en devienne le club résident. Avec une telle antériorité on ne s'étonne pas de l'empreinte que le PSG a sur chaque espace. A commencer par l'entrée d'honneur, porte L. Mais il n'est pas le propriétaire qui demeure la Mairie de Paris.
Il serait erroné de croire que le parc est né dans les années 70. C'était, il y a très longtemps, un espace naturel utilisé comme lieu de promenade et de chasse utilisé dès le XVIII° siècle par le roi et les princes, ce qui lui vaut son nom. Il a connu plusieurs aménagements au XIX° siècle et a été inauguré le 18 juillet 1897 en tant qu'établissement sportif, à ce détail près que c'était un vélodrome, d'une capacité de 3 200 places assises. Il sera le lieu d'arrivée du Tour du France de 1903 à 1967.

Mais il accueille également des matchs de rugby et de football. En 1932, il connait une première rénovation, portant sa capacité à 29 000 places. La construction du boulevard périphérique a failli provoquer sa démolition mais on choisit finalement de le rénover. Depuis 1972, malgré quelques travaux d'extension et un chantier de rénovation en vue de l'Euro 2016, il a subi peu de modifications et peut accueillir très exactement 49 929 spectateurs. Les modifications ont surtout consisté à trouver des espaces d’hospitalité et à améliorer le fonctionnement du stade pour les sportifs, arbitres, organisateurs, opérateurs …

L'exploration de la face habituellement discrète de l'iceberg a commencé par l'Atrium, couvert par un toit transparent ultra-innovant, où sont exposés quelques maillots et trophées mythiques. On y trouve une Conciergerie digne du meilleur palace, accessible à tous et qui permet deux heures avant le match, la réservation de moyens de transport, d'une table dans un restaurant après-match ... et d'aider les supporters à régler le moindre souci comme par exemple se changer après avoir taché un vêtement au cours du cocktail.
Car l'aspect "réception" est aussi important que la performance sportive elle-même. Les spectateurs VIP accèdent à leurs salons par d'élégants escalators et peuvent y consommer boissons et repas comme ils en ont fait la demande auparavant, mais uniquement avant le match, après et pendant la mi-temps car il n'est pas question de laisser vides les fauteuils donnant sur la pelouse. Il existe plusieurs formules de loges, la première composant ce qu'on appelle "Avenue du Parc", bordée de seize espaces (de chacun 15 places) loués à l'année par les plus importants partenaires du club et où un seul joueur a la sienne, l'attaquant du PSG Kylian Mbappé, faute d'avoir jusqu'à présent trouvé une loge disponible à l'étage habituel.
 
On m'a dit que les luminaires étaient d'anciens lampadaires des Champs Elysées. Mais il y a plus étonnant comme cette chaise de cireur de chaussures aussi ancienne que raffinée. Le contraste sera constant tout au long de la visite entre ancien et moderne, classique et design, logo PSG et discrétion.
D'autres loges sont dévolues aux joueurs avec là encore un service traiteur digne d'un palace puisque le maitre d'hôtel est toujours le même, connaissant la moindre des préférences du joueur et de chaque membre de sa famille.

On se perd un peu entre la caractérisation des espaces, privé, très privé, ultra-privé, Club Etoile, carré VIP ... toujours est-il qu'il y a un monde entre les quelque 4400 places haut de gamme, accessibles à tous (en payant bien sûr) et les invitations dont le nombre est restreint à 242 places, réservées aux personnalités. Sans compter la salle de presse (qui est parait-il d'une sobriété qui contraste avec le reste) et le SO/ Bar, un espace lounge pouvant accueillir presque 200 personnes, situé sous le toit du Parc, qui promet une vue plongeante sur le terrain, tout en profitant en continu d'une prestation gastronomique. Il est même probable que la Police, installée dans son Poste de Commandement Opérationnel vitré avec vue plongeante sur le terrain (sur la gauche de la photo) accueille elle aussi ses propres invités. Ce privilège date du temps où la présence policière assurait la sécurité dans les gradins mais la gestion des supporters a beaucoup évolué. Il n'en reste pas moins vrai que leur action est capitale notamment dans la prévention des attentats. Mais revenons au coeur du sujet, le football puisque depuis quelques années la pelouse n'accueille plus que des matchs de ballon rond, plus du tout de rugby ni de concerts. A une exception près avec le concert de Dadju le 7 juin pour célébrer les 50 ans d'existence du PSG, né en 1970 de la fusion entre les deux clubs de Paris et de Saint-Germain (en Laye).

L'opération et la date ont été validées par le jardinier en chef Jonathan Calderwood, un agrochimiste anglais qui règne en maître dès lors que l'on touche à l'aire de jeu. On pourrait même le qualifier de magicien car il a plus d'un secret pour entretenir la verdure, à commencer par l'association, brin par brin, d'une tige naturelle et d'un brin artificiel, évidemment non perceptible à l'oeil nu. La combinaison de gazon et de fibres synthétiques assure la pérennité de la pelouse qui n'a plus besoin d'être changée. Et ce doit être le rêve de tous les joueurs d'évoluer sur un tel tapis.
Les joueurs non retenus pour entamer les rencontres prennent place sur de très confortables sièges au maintien ferme et aux accoudoirs enveloppants. Comble du confort, ces fauteuils de fabrication espagnole sont chauffés. Et la seule différence avec les autres rangs VIP est l'absence d'écrans pour visionner les ralentis.
Nous avons également suivi le trajet que les équipes empruntent pour se rendre depuis leur vestiaire jusqu'au terrain en longeant la "galerie", un nouvel espace de 58 places avec bar et cheminée, bordé d'une vitre sans tain permettant de regarder les joueurs au plus près, au moment ultime des entrées et des sorties. Nous n'avons pas été autorisés à pénétrer dans le vestiaire des joueurs parisiens mais dans celui (très comparable, même s'il est un tout petit peu moins grand) des joueurs visiteurs qui s'étend sur presque 500 m².
Au-dessus de chaque fauteuil se trouve un placard dont les portes coulissent d'une simple pression à 90° pour rentrer dans le mur. Il faut bien sûr imaginer l'endroit avec les joueurs et leurs intendants, qui les connaissent par coeur, ces confidents surnommés tontons et qui ont tout préparé pour assurer leur confort et du coup garantir leurs performances. Aucun nom sur les portes; ils seront ajoutés au bon moment grâce à un système magnétique.
La grande table qui occupe le centre de la pièce permet d'installer tout le matériel. L'ensemble est très sobre, fonctionnel et confortable. En sortant on remarque le paper-board indispensable au brief d'avant-match.
Nous avons aussi visité les salles des cinés, et les douches ... qui sont des endroits que l'on a du mal à imaginer vides ...
La démonstration est faite que le PSG met tout en oeuvre pour rêver plus grand et la Cote d'Azur a choisi un lieu idéal pour véhiculer son image et démontrer combien le sport pouvait être un véritable levier de croissance touristique pour cette destination.

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