Il va sortir en salle dans quelques jours et je peux désormais en parler. D'abord je dois reconnaitre que c'est un excellent film. Tout y est admirablement maitrisé, le sujet, le scénario, l'interprétation et personne ne s'étonnera qu'il ait été primé déjà plusieurs fois, notamment à la Berlinade où il était en compétition officielle.
Je ne révèlerai rien des délibérations chatenaisiennes mais je peux donner mon avis. D'autant que depuis j'ai vu d'autres films comparables, notamment Tout s'est bien passé à propos duquel j'écrivais il y a quelques jours qu'il est tout le contraire.
Outre ce contexte où les films autour de la fin de vie se multiplient j'ai regretté que les réalisatrices ne se renouvellent pas. On retrouve le même sujet que dans leur précédent film, La petite chambre (avec Michel Bouquet).
Lisa (Nina Hoss) est une dramaturge allemande qui a abandonné ses ambitions artistiques pour suivre son mari en Suisse et se consacrer à sa famille. Lorsque son frère jumeau Sven (Lars Eidinger), acteur vedette du théâtre Schaubuhne de Berlin, tombe malade, Lisa remue ciel et terre pour le faire remonter sur scène. Cette intense relation fraternelle renvoie Lisa à ses aspirations profondes et ravive en elle son désir de créer, de se sentir vivante.
Le scénario est assez prévisible. Après le don de moelle que la soeur jumelle fait à son frère celui-ci va mieux. Elle entretient son désir de remonter sur scène. Thomas Ostermeier, qui joue son propre rôle puisqu'il est directeur du célèbre théâtre berlinois (et qui a souvent dirigé les deux comédiens) tente de la convaincre que ce n'est pas une bonne idée. Marthe Keller est fantasque à souhait dans son rôle de mère-sorcière voulant à toute fin gaver ses enfants de Sacher Torte, la fameuse spécialité rhénane, mais ratée systématiquement.
Il n'empêche que les images sont sublimes, même si l'ensemble est très "noir et blanc" que ce soit à Berlin comme en Suisse où l'air pur de Leysin ne suffira sans doute pas pour guérir ni de la leucémie, ni d'un état dépressif qui lentement se diffuse entre les protagonistes. Le parallèle qu'on peut voir entre le conte traditionnel Hansel et Gretel, que Lisa récrit pour son frère et leur propre situation est intéressant (alors que l'ensemble des critiques se focalise sur le drame shakespearien puisque Sven était l'interprète fétiche d'Hamlet).
La forme poétique est belle, que ce soit par les dialogues, la réalisation, la musique de Brahms ou de Schuman, le recours au sable et aux arbres pour symboliser le temps qui passe et le cycle de la vie. Mais la beauté ne fait pas tout.
Petite soeur, un film de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
Avec Nina Hoss, Lars Eidinger, Marthe Keller …, en salle e 6 octobre prochain
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