La Rue se joue dans la salle de répétition du Théâtre du Soleil, pour permettre à la troupe de ne pas interrompre la préparation de la prochaine grande création.
Cet espace, certes plus modeste, convient très bien comme cadre à cette adaptation du texte que sa traductrice, Rachel Ertel, grande spécialiste de la littérature yiddish, qualifiait elle-même de roman "inclassable, déroutant".
Marcel Bozonnet réussit parfaitement ce pari insensé de rendre palpable l’âme yiddish sans tomber dans l’explicatif. Tout est suggéré et s’accorde avec notre monde contemporain, que le choix musical installe dès le début, avec une musique palpitante, exécutée en direct, par Gwennaëlle Roulleau.
Plus tard, l’allée qui borde le bâtiment constituera un prolongement de la scène, si bien que tout en étant au théâtre on perd nos repères habituels de spectateur. D’ailleurs nous voici dans une usine textile polonaise, dans des tranchées creusées dans la neige, en bordure d’une arène de cirque, et puis dans un musée en croyant reconnaître dans une poupée rouge qui vole l'évocation d'un tableau de Chagall.
Ils ne sont que trois comédiens, et un musicien, mais ils sont multiples, et c'est le miracle des marionnettes qui prennent vie en insufflant de al poésie dans le drame. Elles sont si réalistes que je me suis laissée prendre par la plus grande, assise, me fixant de son regard, qui inspire la pitié.
C'est que le personnage du soldat (interprété avec beaucoup de sensibilité par Stanislas Roquette) est terriblement humain. Et que Josefa (Lucie Lastella) effectue un numéro de cirque aussi surprenant que réussi.
Marcel Bozonnet a sans doute effectué un travail d'adaptation (avec Jean-Pierre Jourdain) orienté de manière à servir une mise en scène très personnelle en nous livrant sa propre lecture … en dirigeant notre regard afin que nous ne soyons pas "déroutés".
Il nous propose un spectacle qui se déroule essentiellement en noir et rouge, deux couleurs symboliques de la guerre et du sang, de la mort et de la vie, sublimé par les éclairages toujours très justes de Philippe Catalano, en parfait accord avec les projections vidéo de Quentin Balpe.
Les images projetées s’estompent, s’accordant avec l’effacement du soldat parmi les effectifs de l’armée. Il est réformé et condamné à la rue. Cet espace sera à la fois un dedans et un dehors, une réalité et un rêve auquel on veut croire, même après que les marionnettes auront quitté le plateau, entrainées par le vieux marionnettiste juif (Jean Sclavis).
La Rue
D’après le roman d’Isroël Rabon traduit du yiddish par Rachel Ertel
Adaptation Jean-Pierre Jourdain et Marcel Bozonnet
Mise en scène Marcel Bozonnet en collaboration avec Pauline Devinat
Avec Stanislas Roquette, Lucie Lastella et Jean Sclavis
Marionnettes Emilie Valantin
Scénographie Adeline Caron et Costumes Renato Bianchi
Du 15 au 25 septembre, puis du 5 au 10 octobre 2021
Du mardi au samedi à 20h30, sauf le dimanche 10 octobre représentation unique à 16h
Au Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes - 75012 Paris
D’après le roman d’Isroël Rabon traduit du yiddish par Rachel Ertel
Adaptation Jean-Pierre Jourdain et Marcel Bozonnet
Mise en scène Marcel Bozonnet en collaboration avec Pauline Devinat
Avec Stanislas Roquette, Lucie Lastella et Jean Sclavis
Marionnettes Emilie Valantin
Scénographie Adeline Caron et Costumes Renato Bianchi
Du 15 au 25 septembre, puis du 5 au 10 octobre 2021
Du mardi au samedi à 20h30, sauf le dimanche 10 octobre représentation unique à 16h
Au Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes - 75012 Paris
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