Si le nom de Pontoise est connu dans le monde entier, c’est à Camille Pissarro que la ville le doit. À l’instar de Charles François Daubigny à Auvers-sur-Oise, Camille Pissarro aime s’entourer d’amis pour travailler. Il en fera même l’essence de son évolution, poursuivant toute sa vie des collaborations avec ses amis puis avec ses cinq fils.
Inauguré le 22 novembre 1980 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de l’artiste, le musée Camille-Pissarro fut conçu pour rendre hommage à la présence du maître de l’impressionnisme à Pontoise pendant les années décisives du mouvement (1866-1884). Il est installé dans une maison bourgeoise située sur le promontoire du château médiéval aujourd’hui détruit.
Aujourd’hui, le musée possède plusieurs centaines de peintures, pastels, aquarelles et plusieurs milliers d’estampes de Camille Pissarro et de ses fils (Lucien Pissarro, Georges Manzana-Pissarro, Ludovic Rodo, Félix dit Jean Roch et Paulémile), ou encore d’artistes ayant travaillé dans la région dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette collection est par ailleurs complétée par des peintures d’artistes paysagistes qui ont travaillé dans la vallée de l’Oise, tels que Charles François Daubigny, Luis Jimenez, Norbert Goeneutte ou encore Octave Linet.
Camille Pissarro (1830-1903) séjourna dès 1866 à Pontoise et s’y installa de 1872 à 1883. Durant ces années décisives de l’impressionnisme, il y réalisa plus de trois cent cinquante toiles et un grand nombre de dessins et de gravures. L’Oise, les champs et les jardins maraîchers des alentours, les marchés animés de cette petite capitale provinciale vont lui offrir la diversité nécessaire à ses aspirations picturales.
Dès 1872, imaginant un futur groupe d’artistes indépendants, il invite ses amis rencontrés au début des années 1860, Edouard Béliard (1832-1912), Paul Cézanne (1839-1906), Armand Guillaumin (1841-1927), puis entre 1874 et 1878 Ludovic Piette (1826-1878), peintres qui partagent sa philosophie anarchiste et au tournant des années 1870-1880, Paul Gauguin (1848-1903). Ensemble, ils privilégient les motifs modestes du quotidien se distinguant ainsi des thématiques plus bourgeoises des autres impressionnistes. Dans cette vallée, pendant une dizaine d’années Pissarro et Cézanne confronteront côte à côte leurs recherches les plus radicales. Puis, entre 1879 et 1883, ce sera au tour de Gauguin de venir trouver en Pissarro un maître et initiateur.
Ayant fait ses premières armes loin de Paris, il est né et a commencé à peindre en autodidacte aux Antilles danoises et au Venezuela, et d’une philosophie profondément anarchiste, Pissarro imagine à Pontoise la création d’une association de peintres indépendants destinée à l’organisation d’expositions en marge des salons officiels. Entre 1874 et 1886, il sera ainsi à l’origine des huit expositions du groupe des impressionnistes.
Édouard Béliard s’installe sur l’autre rive à Saint-Ouen-l’Aumône où il demeure jusqu’en 1875. C’est à ce peintre franc-maçon aux idées anarchistes que Pissarro doit sa rencontre avec Maria Deraismes, célèbre journaliste créatrice de la première loge féminine, dont il représente dans une œuvre célèbre, le jardin de sa propriété des Mathurins dans le quartier de l’Hermitage. Avec Paul Cézanne, Pissarro va travailler lors de longs séjours de ce dernier entre 1872 et 1881, à des recherches picturales qui auront des conséquences déterminantes sur l’évolution de l’art français. Quant à Gauguin, il se réclame son élève durant les premières années de sa conversion à la peinture, ce dernier adoptant toutes les caractéristiques de son esthétique avant de s’en éloigner lorsque Pissarro imposera en 1886 les néo-impressionnistes, Georges Seurat (1859-1891) et Paul Signac (1863-1935) au sein des expositions du groupe.
L’exposition présentée au musée Camille-Pissarro en 2022 s’appuie principalement sur les collections du musée constituées depuis quarante ans. Elle présente aux côtés des peintures, dessins et estampes des Pissarro père et fils, la richesse du paysage indépendant dans la vallée de l’Oise, qu’il soit impressionniste ou postimpressionniste.
Singulièrement, Pontoise a également vu deux autres Pontoisiens prendre par à ces révolutions picturales, Louis Hayet (1864-1940) avec le néo-impressionnisme, et Gustave Loiseau (1865-1935) avec le postimpressionnisme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire