
Adapté par Christelle Willemez du roman de Christiane Singer Une Passion, cette pièce est l'histoire vraie d'Héloïse et Abélard qui furent deux amants mythiques.
L'abbesse Héloïse se retourne une dernière fois sur son destin, ultime étape de la passion : la pacification.
Pour partager avec nous cette confession dans un texte mêlant sensualité, spiritualité et émotion Clara Ballatore a imaginé un duo que l'actrice entretient avec un musicien, soit une contrebasse, soit un violoncelle (alors avec Michel Thouseau, qui est le partenaire de la comédienne depuis vingt ans), ce qui plonge le spectateur dans la perplexité au moment de réserver sa place. Mais une chose est sûre, il lui faudra arriver à l'heure précisément car aucun retardataire ne sera accepté.
Dans le Paris du XIIe siècle s'embrasent deux amants —, deux intellectuels, deux chrétiens: le philosophe Pierre Abélard et son élève de dix-huit ans. Enfants d'un siècle fervent traversé par les Croisades et la légende de Tristan et Iseult, ils connaîtront l'extase amoureuse, mais aussi la vengeance de l'oncle et tuteur d'Héloïse, Fulbert, qui fera émasculer Abélard. Entrés dans les ordres, ils seront séparés... jusqu'au tombeau qui les réunira.
Les murs de pierres de l'Essaion composent un écrin naturel qui nous permet de nous projeter au couvent du Paraclet en 1161.
C'est la musique qu'on entend d'abord et qui trace les contours d’une rencontre, d’une épopée, une danse alors que la comédienne s'avance, en longue aube blanche et s'assoeit. Voilà soixante fois déjà qu'elle a vu l’automne. Elle s'apprête à célébrer, dans sa cellule, l'anniversaire de la mort de son immense amour, Pierre Abelard.
Le texte est puissant, autant poétique que troublant et empreint d'une grande sensualité : J’ai compris dans tes bras ce que Dieu veut de nous. L’absolue renonciation et la mort de l’égo.
De multiples métaphores se déploient. La pluie est l'eau des larmes qui ne coulent pas de ses yeux, pas pour le moment. Des coups de tonnerre retentissent parfois évoquant l'orage que le sentiment amoureux provoqua.
La comédienne est bouleversante, tant quand elle raconte la rencontre, que la fuite pour cacher sa grossesse, la colère de l'oncle de la jeune femme, l'évasion vers la Bretagne, le mariage secret (une option dont elle s’indigne comme d’une injure), la retraite au couvent (Tu m’enterres vivante et tu t’en vas).
Ses confidences sont poignantes. Comment ne pas être ému d'apprendre qu'elle n'a plus entendu un oiseau, et que même pas un livre lui ouvrit le coeur. Elle pourrait hurler, mais le jeu reste dans la retenue, comme sans doute l'était la véritable Héloise.
Le violoncelle est bien davantage qu'un accompagnement, allant et venant aux moments-clés, offrant une respiration ou un contrepoint. Parfois plaintif, plus lourd, pesant, mais joyeux à la fin alors que la mort est annoncée. Car elle est synonyme de délivrance et quand bien même l'instrument craquerait, la femme ne ploiera pas.
Parce qu'en acceptant le destin, l’aptitude à souffrir lui fut ôtée : Je n’attends plus rien, je n'ai plus rien à craindre ou à espérer.
Ses propos peuvent sembler exagérés alors qu'ils reflètent une grande sagesse. Elle a raison de nous prévenir que ce ne sont pas les ronces qui nous blessent mais nous qui nous écorchons à leur contact.
Inversement, nous nous enrichissons à entendre le récit de cette passion.
Avec Christelle WillemezEt en alternance : Michel Thouseau – contrebasse ou Birgit Yew von Keller - violoncelle
Du 20 janvier au 1er avril 2025
Les lundis à 19h et mardi à 21h
Les lundis à 19h et mardi à 21h
Version avec Contrebasse : 20, 21,27 ,28 Janvier - 3, 4, 17,18, 24, 25 février - 17,18, 24, 25 mars
Version avec Violoncelle : 10, 11 février - 3, 4, 10, 11, 31 mars - 1er avril
Au théâtre Essaion - 6, rue Pierre au Lard (à l'angle du 24 rue du Renard) - 75004 Paris
Réservations : 01 42 78 46 42
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