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lundi 31 mars 2025

La vie qui reste de Roberta Recchia

Notre époque est-elle à ce point désespérante pour générer autant de romans sur la résilience ? Est-ce une sorte de conséquence de l’isolement consécutif au Covid, pendant lequel de nouveaux auteurs ont commencé à écrire leur premier roman ?

J’ignore tout des motivations de Roberta Recchia et je ne sais pas comment fonctionne la relation éditoriale en Italie mais il me semble que La vie qui reste aurait gagné en puissance à être contenue en l’espace de 300 pages au lieu des 400 qui s’écoulent … pour moi avec de multiples redites. C’est pourtant soit-disant le roman phénomène de la rentrée 2024. A se demander si les critiques littéraires lisent "totalement" les ouvrages avant de donner leur opinion.
Rome, années 50. Marisa et Stelvio Ansaldo tombent éperdument amoureux dans l'atelier d'Etorre, le père de Marisa. Ils forment un couple iconique, tout droit sorti d'un film de Visconti. 
Quelques années plus tard, Betta, 16 ans, leur fille adorée, belle et libre, est retrouvée morte sur une plage près de Rome. 
Le couple se délite, l'affection mutuelle et la complicité disparaissent, seul reste le chagrin. 
Mais personne ne sait que Miriam, la cousine de Betta était présente le soir du drame. Le secret de cette nuit lui devient insurmontable jusqu'à ce que, au bord du gouffre, elle rencontre Leo. Il va l'aider à remonter le fil, à retrouver les coupables de cette épouvantable agression. Alors seulement la résilience se fait.
Personnellement j’ai dû m’accrocher. Et pourtant, j’aimais beaucoup ce principe, fort bien décrit par le journaliste du Corriere della Sera d’offrir trois romans en un en faisant se succéder "une romance, qui s'enchaîne en polar et s'ouvre au final sur une merveilleuse morale contemporaine", justifiant le terme de "prouesse d’écriture". Sauf que je n’ai perçu que l’ébauche d’une romance, que le qualificatif de polar est amplement exagéré. Ce n’est pas parce qu’il y a crime et deux-trois policiers peu efficaces que le roman mérite d'être classé dans cette catégorie.

Ce n'est sans doute pas un hasard si le père s'appelle Ettore. On entend l'histoire se dérouler comme portée par une voix off à l'accent italien, un peu rocailleux d'une actrice d'Antonioni. Pourtant le qualificatif de "magnétique" n’est pas davantage juste. Franchement, je dois confesser que je suis souvent repartie en arrière, oubliant ce qui s'était passé dans les pages précédentes.

Souvent je n'ai pas discerné si une opinion émise était imputable au personnage dont il était question ou exprimait le point de vue de l'autrice elle-même.

Le dernier jour de la vie d'avant était terminé (p. 79) donne presque son titre à l'ouvrage. Mais à ce stade de sa lecture, le personnage ne peut absolument pas le savoir, ce qui laisse à penser que c'est Roberta Recchia qui s'exprime. A moins qu'on puisse l'interpréter comme une sorte d'intuition de la mère de Bella du malheur à venir.

On pourra estimer qu'on a là un beau roman sur la manière dont un couple parviendra après la perte de leur enfant à retrouver le lien qui l'unissait. Mais j'avais bien davantage apprécié, sur le même thème, Plus grands que le monde, le livre éblouissant de Meredith Hall.

La vie qui reste de Roberta Recchia traduit de l'italien par Elsa Damien, publié chez Ystya & cie, en librairie depuis le 22 août 2024

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