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samedi 9 février 2013

Le théâtre Firmin Gémier La Piscine fête son cinquième anniversaire avec Daniel Buren


Ce n'est pas tout à fait juste parce que le théâtre Firmin Gémier a bien plus de 5 ans. Cela fait quelques années qu'il a investi l'ancienne Piscine de Chatenay-Malabry, d'où son nom.

Longtemps les deux bâtiments ont fonctionné en parallèle et puis la découverte d'amiante dans le plafond de Firmin Gémier a sonné la fin du lieu auquel l'équipe et le public était si attaché. Il n'y a plus de théâtre désormais a Antony, du moins en salle permanente.

Rien de plus normal dans ce contexte d'avoir envie de se réjouir tous ensemble et de faire la fête en l'honneur de la structure chatenaisienne autour d'un programme fléché plutôt varié.
Cela a commencé très sérieusement par une causerie matinale à propos de l'impact du numérique qui devait être passionnante mais à laquelle je n'ai pas pu assister. Je m'étais inscrite au déjeuner. Pour 12€ nous pouvions manger un plat "bio" et un dessert, le tout préparé par la Cie Ap'nez.
L'après-midi offrait un festival de découvertes. Des visites bien sûr de l'équipement. Je le connais bien et j'ai laissé ma place. Vous pouvez jeter un oeil sur la structure et ses coulisses en regardant ce que j'avais écrit il y a 5 ans précisément ... à l'inauguration de ce pôle culturel.
J'aurais pu céder à la tentation de ces pâtisseries réalisées par l'Association des Femmes relais d'Antony. Le prix demandé (1€ le gâteau et 0, 50€ la tasse de thé à la menthe) était plus que raisonnable. Si j'avais été plus attentive au programme j'aurais fait l'impasse sur le déjeuner.
L'heure était propice pour apprécier un massage thaï sous les mains expertes d'Aurore, dans l'ambiance très zen du pédiluve ...
... avant de rejoindre quelques minutes plus tard les gradins douillets de la petite salle de concert devenue salon littéraire. Détente assurée en écoutant par exemple la Cantatrice chauve de Ionesco, lue par lui-même, ou un morceau de musique.
Des membres du Club photo d'Antony étaient là pour immortaliser les visiteurs dans un décor d'agence de voyage pour 1€. Des animations étaient proposées aux enfants. Et une leçon de clownerie aux parents en salle de répétition à 15 heures ... enfin pas tout à fait car il s'agissait en réalité d'un spectacle.
Un bref coup d'oeil en coulisses m'a permis de voir l'envers du décor de la performance prévue le soir dans la grande salle sous la houlette de Daniel Buren. La structure entretient une longue histoire avec cet artiste passionné de cirque et qui a déjà participé à un spectacle d'un festival Solstice.
Vu de face c'est un panneau de bandes noires et blanches, de strictement 8,7 cm de largeur, mesure que je connais depuis la visite du Silo de Marines où se trouvent deux de ses oeuvres assez impressionnantes.
Assis au premier rang Daniel Buren, micro à la main, dicte les consignes à des apprentis-artistes : Alice, en haut , rouge.".
Et tandis que la jeune fille saisit un rectangle de papier rayé rouge et blanc et entreprend de le coller à l'emplacement exigé voilà maintenant Soraya qui reçoit l'ordre de placer un bleu clair en haut, puis Inès un milieu jaune.
May devra coller un milieu vert, Juliette un haut violet alors que Alice poursuit le travail tant qu'elle ne recevra pas une instruction contraire.
Les ordres suivent : Inès, en bas rose. Juliette en haut bleu foncé. May, bas bleu foncé. Alice ! (la jeune fille suspend son geste et repose la feuille rouge et blanche) : milieu jaune. La voyant coller le rectangle jaune au milieu, mais toujours sur la gauche, on comprend que chacune a en quelque sorte la responsabilité d'une bande verticale large de deux rectangles et que les instructions doivent s'entendre dans une zone unique.
L'oeuvre se poursuit selon une chorégraphie imposée par Daniel Buren dans laquelle les emplacements des escabeaux ont eux aussi une signification. Toutes ne vont pas à la même vitesse. May en a collé 10 alors que Soraya n'en a positionné que 6. Chacune poursuit ... soudain la voix retentit : Alice, stop. May stop. Les jeunes filles s'éclipsent en coulisses.
Daniel Buren continue à ordonner, comme s'il se livrait à un rééquilibrage constant des couleurs. Il rappelle Alice lui demandant du vert, en haut à gauche. dans les premiers rangs on sent l'odeur légère de la colle. Les pieds glissent, parfois patinent. dans la salle on toussote parfois, toujours discrètement.
Sans fatigue ni lassitude apparente chacune continue à se saisir d'un rectangle, encoller, poser, coller, surcoller. La réserve de rectangles, dissimulées de la vue du public devant l'oeuvre semble inépuisable. On pense aux Balais de l'Apprenti sorcier déversant leurs seaux d'eau sur la musique de Fantasia ...
On cherche à comprendre ... ou pas ... Tiens, le rouge sera bientôt totalement sacrifié. Un rectangle vert se détache, bizarrement positionné. 
On ne voit plus de rouge, ni de jaune, presque plus de orange, et bientôt le violet n'existera pas davantage. Ne subsistent que deux tons de bleus et du vert.
Juliette ! En haut à droite, déchirure ! L'ordre provoque des applaudissements alors que la jeune fille tire l'échelle, monte et commence à faire doucement apparaitre des couleurs précédentes. le sourire de l'artiste es frappant.
Les instructions concernent désormais les zones à découvrir et le hasard guide aussi les doigts qui déchirent une épaisseur plus ou moins importante.
Au final c'est très beau, magique.
Saluts. Applaudissements. On n'a pas vu l'heure passer.
Quelques-uns s'approchent pour une photo en gros plan, une question aux artistes. D'autres se précipitent pour aller danser. DJ Couf Couf est déjà aux platines en Salle des machines.
Dommage que l'oeuvre soit éphémère ... On la verrait bien quelque part, en harmonie avec les éclairages si particuliers de la coupole et si beaux.

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