Ouverture du festival Paysages de cinéastes ce soir, dans le parc de la maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry (92). J'aime ce moment auquel je suis fidèle chaque année parce c'est toujours magique de découvrir un film en avant-première et en plein air, surtout dans un tel écrin de verdure.
La soirée a commencé en fanfare avec un concert de musique tsigane du Ziveli Orkestar ... choix doublement logique puisque cette 13ème édition était placée sous le signe de la musique et que le réalisateur Tony Gatlif apprécie particulièrement cet orchestre.
Il avait d'ailleurs déjà invité ces musiciens à Cannes où son film a été présenté hors compétition.
Nous devions en effet assister à la projection de Geronimo un peu plus tard dans la soirée avec un peu plus d'un mois d'avance sur sa sortie nationale. Plusieurs membres du jury étaient présents. Comme Anne le Ny, ci-dessous, qui vient de signer le films si sensible Nous avons failli être amies.
Citant Baudelaire, le président du Conseil Général, Patrick Devedjian, a souligné que si la photographie montre tout mais cache l'essentiel on pouvait dire exactement l'inverse de la musique. Celle-ci tient une place de premier ordre dans le film de Tony Gatlif et on constatera combien la comparaison est juste.
Le Ziveli Orkestar a mis une ambiance très joyeuse, donnant envie de danser à beaucoup de personnes. Les cuivres ont résonné avec ampleur : trompettes, saxophone, tuba, helicon ... s'entendant avec le violon et la batterie, elle-même renforcée par des frappés de mains que le public a scandé avec ardeur. Les 9 musiciens comme la chanteuse ont été très appréciés.
Tony Gatlif semblait lui aussi au comble de la joie, photographiant autour de lui je ne sais quelle facétie. Il n'est pas allé jusqu'aux débordements qui ont marqué Cannes où il a cassé une centaine d'assiettes. Il parait que c'est la tradition pour porter chance...
Il estima que l'accueil que Chatenay lui réservait était princier. Ceux qui le connaissent auront apprécié les allusions au titre du film qu'il réalisa en 1982, et surtout au nom de sa maison de production, Prince Films. Il est venu accompagné de Nailia Harzoune et d'un comédien.
Né d'un père kabyle et d'une mère gitane, le réalisateur a voulu témoigner que ce n'est pas parce qu'on possède un portable et tous les objets technologiques que l'on est moderne. Le mariage arrangé demeure une réalité dans l'univers gitan. Il a lui-même failli en être victime comme le fut son frère.
Il a réalisé Geronimo en s'inspirant de Roméo et Juliette, comme de West Side Story, et le film peut être ressenti comme un hymne à la musique et à la femme. La musique a pour fonction essentielle de tempérer la violence.
Il a voulu la montrer pour mieux la dénoncer et il emploie la musique comme une sorte de métaphore sonore de cette violence, et la chorégraphie comme sa représentation visuelle. Il aime autant la musique turque que la musique espagnole, en particulier le flamenco, et les deux sont présentes, avec le même tempo.
Avoir confié le rôle à une femme plutôt qu'à un homme renforce le personnage. Geronimo (extraordinaire Céline Sallette) est éducatrice de rue, parfois médiatrice, parfois shérif des temps modernes, capable d'envoyer un coup de boule pour calmer un importun comme de s'interposer dans une rixe qui dégénère, sans craindre de prendre des coups.
Une énergie très forte se dégage dès le premier plan. Nil (Nailia Harzoune) attrape sa robe de mariée à pleines mains et s'enfuit en courant, suivie par la caméra en un travelling de près de 10 minutes jusqu'à ce qu'elle rejoigne Lucky (David Murgia) qui l'enlève sur sa moto rugissante. On continue à suivre leur chevauchée fantastique et folle, dentelle au vent, dans les rues désertes d’une banlieue anonyme du sud de la France.
La musique accompagne cette chevauchée, renforcée des cris rauques de la jeune fille. Ces deux là vivent une passion dévorante et rien ni personne ne pourra les séparer. Géronimo a compris que l'honneur du clan est terni et qu'il n'est pas certain que l'affaire puisse se régler à l'amiable avec de l'argent. Cette fois il faudra davantage qu'un regard et quelques paroles bien senties pour désamorcer le conflit.
Tout le film se déroule dans un univers anonyme, mais symbolique comme peuvent l'être d’anciennes usines de métallurgie à l’abandon. l'espace y est propice aux affrontements, qu'ils aient lieu sous forme de "battles" associant la danse, hip-hop ou flamenco, ou à corps à corps.
La plupart des scènes sont tournées caméra à l'épaule, quitte à faire flotter un peu l'image. Les couleurs sont saturées, éblouissantes comme le soleil qui surchauffe les esprits. Les comédiens sont pour la plupart des acteurs non professionnels, et comme leur texte ne leur était donné qu'au dernier moment le jeu s'en trouvait davantage authentique et spontané. Si bien qu'on a parfois le sentiment d'assister à un documentaire.
C'est puissant, choral et troublant. Geronimo sortira en salles le 15 octobre.
On pourra avoir envie de prolonger avec le livre de nouvelles qu'un autre réalisateur, Emir Kusturica, publie chez Jean Claude Lattès, Etranger dans le mariage, et dont la sortie en librairie est programmée pour le 24 septembre prochain.
On retrouve ici son univers si typique, mélange de fantaisie et de noirceur, de burlesque et de tragique, composant ce qu’il appelle un "réalisme magique", profondément marqué par les événements de son pays.
La soirée a commencé en fanfare avec un concert de musique tsigane du Ziveli Orkestar ... choix doublement logique puisque cette 13ème édition était placée sous le signe de la musique et que le réalisateur Tony Gatlif apprécie particulièrement cet orchestre.
Il avait d'ailleurs déjà invité ces musiciens à Cannes où son film a été présenté hors compétition.
Nous devions en effet assister à la projection de Geronimo un peu plus tard dans la soirée avec un peu plus d'un mois d'avance sur sa sortie nationale. Plusieurs membres du jury étaient présents. Comme Anne le Ny, ci-dessous, qui vient de signer le films si sensible Nous avons failli être amies.
Citant Baudelaire, le président du Conseil Général, Patrick Devedjian, a souligné que si la photographie montre tout mais cache l'essentiel on pouvait dire exactement l'inverse de la musique. Celle-ci tient une place de premier ordre dans le film de Tony Gatlif et on constatera combien la comparaison est juste.
Tony Gatlif semblait lui aussi au comble de la joie, photographiant autour de lui je ne sais quelle facétie. Il n'est pas allé jusqu'aux débordements qui ont marqué Cannes où il a cassé une centaine d'assiettes. Il parait que c'est la tradition pour porter chance...
Il estima que l'accueil que Chatenay lui réservait était princier. Ceux qui le connaissent auront apprécié les allusions au titre du film qu'il réalisa en 1982, et surtout au nom de sa maison de production, Prince Films. Il est venu accompagné de Nailia Harzoune et d'un comédien.
Né d'un père kabyle et d'une mère gitane, le réalisateur a voulu témoigner que ce n'est pas parce qu'on possède un portable et tous les objets technologiques que l'on est moderne. Le mariage arrangé demeure une réalité dans l'univers gitan. Il a lui-même failli en être victime comme le fut son frère.
Il a réalisé Geronimo en s'inspirant de Roméo et Juliette, comme de West Side Story, et le film peut être ressenti comme un hymne à la musique et à la femme. La musique a pour fonction essentielle de tempérer la violence.
Il a voulu la montrer pour mieux la dénoncer et il emploie la musique comme une sorte de métaphore sonore de cette violence, et la chorégraphie comme sa représentation visuelle. Il aime autant la musique turque que la musique espagnole, en particulier le flamenco, et les deux sont présentes, avec le même tempo.
Le film se situe quelque part, dans le Sud de la France. Dans la chaleur du mois d'août, Geronimo, une jeune éducatrice, veille à apaiser les tensions entre les jeunes d'un quartier. Tout bascule quand Nil Terzi, une adolescente d'origine turque, s'échappe de son mariage forcé avec un homme plus âgé qu’elle, qui lui fait peur, mais que son clan, une famille turque, lui a choisi pour retrouver son amoureux, Lucky Molina, un jeune gitan. Leur fuite met le feu aux poudres aux deux clans. L'affrontement éclate en joutes et "battles" musicales. Geronimo va tout tenter pour enrayer la folie qui embrase le quartier.Geronimo est un nom de mec. Il est porté par une fille aux cheveux longs, toujours en jupe et boots, qui se déplace à grandes enjambées quand elle ne roule pas au volant d'une voiture qui s'ébroue comme une américaine des années soixante. S'il n'y avait pas cette haine qui anime les deux clans on pourrait croire que tout le monde joue aux cow-boys et aux indiens.
Avoir confié le rôle à une femme plutôt qu'à un homme renforce le personnage. Geronimo (extraordinaire Céline Sallette) est éducatrice de rue, parfois médiatrice, parfois shérif des temps modernes, capable d'envoyer un coup de boule pour calmer un importun comme de s'interposer dans une rixe qui dégénère, sans craindre de prendre des coups.
Une énergie très forte se dégage dès le premier plan. Nil (Nailia Harzoune) attrape sa robe de mariée à pleines mains et s'enfuit en courant, suivie par la caméra en un travelling de près de 10 minutes jusqu'à ce qu'elle rejoigne Lucky (David Murgia) qui l'enlève sur sa moto rugissante. On continue à suivre leur chevauchée fantastique et folle, dentelle au vent, dans les rues désertes d’une banlieue anonyme du sud de la France.
La musique accompagne cette chevauchée, renforcée des cris rauques de la jeune fille. Ces deux là vivent une passion dévorante et rien ni personne ne pourra les séparer. Géronimo a compris que l'honneur du clan est terni et qu'il n'est pas certain que l'affaire puisse se régler à l'amiable avec de l'argent. Cette fois il faudra davantage qu'un regard et quelques paroles bien senties pour désamorcer le conflit.
Tout le film se déroule dans un univers anonyme, mais symbolique comme peuvent l'être d’anciennes usines de métallurgie à l’abandon. l'espace y est propice aux affrontements, qu'ils aient lieu sous forme de "battles" associant la danse, hip-hop ou flamenco, ou à corps à corps.
La plupart des scènes sont tournées caméra à l'épaule, quitte à faire flotter un peu l'image. Les couleurs sont saturées, éblouissantes comme le soleil qui surchauffe les esprits. Les comédiens sont pour la plupart des acteurs non professionnels, et comme leur texte ne leur était donné qu'au dernier moment le jeu s'en trouvait davantage authentique et spontané. Si bien qu'on a parfois le sentiment d'assister à un documentaire.
C'est puissant, choral et troublant. Geronimo sortira en salles le 15 octobre.
On pourra avoir envie de prolonger avec le livre de nouvelles qu'un autre réalisateur, Emir Kusturica, publie chez Jean Claude Lattès, Etranger dans le mariage, et dont la sortie en librairie est programmée pour le 24 septembre prochain.
On retrouve ici son univers si typique, mélange de fantaisie et de noirceur, de burlesque et de tragique, composant ce qu’il appelle un "réalisme magique", profondément marqué par les événements de son pays.
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