Il commence sur le ton de la comédie. On pourrait trouver Michel Blanc un peu plouc dans son interprétation d'un futur papa de plus de 60 ans qui se demande, une fois passée l'euphorie de la bonne nouvelle, s'il ne serait pas préférable que sa jeune femme se fasse avorter. Sauf que justement il joue et c'est l'oscillation régulière entre son coté exaspérant et une façon d'être touchante que j'ai appréciée. Et que jusqu'au bout on s'interrogera sur ses capacités à être un bon papa.
C'est un des bénéfices du scénario, que de poser la question sur la paternité, à la fois du point de vue des parents, que des enfants et même des frères et sœurs. Qu'est-ce qui fait que deux tempéraments vont -ou pas- se comprendre ? Est-il besoin de se comprendre pour s'aimer ?
Mélanie Laurent joue la fille, instable sur le plan émotionnel, en querelle constante avec son père, jusqu'au jour où ... mais je ne vais pas vous raconter le film, d'autant qu'il bascule brutalement dans la tragédie et que là, c'est encore plus fort que les Petits mouchoirs.
L'actrice explose littéralement dans ce rôle qui a été difficile à interpréter parce qu'il se situe aux antipodes de ce qu'elle est, même si la réalisatrice, qui lui ressemble physiquement comme une sœur, l'a écrit en pensant à elle.
Parce que si le film de Guillaume Canet dépeint une société qui a du mal à faire les bons choix, en amour comme en amitié, celui de Jennifer Devoldere est centré sur la famille. Elle scrute ce qui y est fondateur comme ce qui peut apparemment être destructeur. Quand on pense que ce film n'est que son second long-métrage on ne peut qu'être admiratif.
L'humour est toujours présent. Les seconds rôles sont puissants et parfaitement campés notamment par une Florence Loiret-Caille (la sœur, sur la photo à gauche, à coté de son mari dans le film, interprété par Manu Payet) toujours aussi juste. On l'a vue récemment en infirmière dans la Petite chambre.
Claude Perron interprète avec subtilité la belle-mère future maman loin des caricatures. Géraldine Nakache est la copine et collègue. Elle fait contre-poids avec la folie créatrice du personnage de Mélanie.On retrouve avec plaisir Guillaume Gouix, dans un rôle très différent de celui qu'il jouait dans Poupoupidou. La réalisatrice a écrit des rôles d'homme qui ne sont pas ridicules, tout en étant fantaisistes, ce qui fait que le film ne bascule pas dans le féminisme tout en montrant des rapports familiaux qui ne sont pas très classiques. Il y a un ton qui fait penser aux films de Woody Allen.
On comprend que le Festival de Cannes ait sollicité Mélanie Laurent pour en assurer la présidence cette année et on se dit qu'on n'a pas fini de la voir briller sur les écrans. Surtout que dans la vraie vie elle adopte un comportement écologiste qui fait plaisir (par exemple elle roulera en voiture électrique à cannes). On se dit aussi que le cinéma français se porte bien avec une relève décidément très talentueuse.
A signaler enfin que la réalisatrice Jennifer Devoldere sera présente au cinéma Rex de Chatenay-Malabry (92) vendredi 29 avril à 20 heures 30. Voilà une belle occasion de voir le film et d'en discuter avec elle.
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