J'ai découvert ce long métrage récemment au cinéma dans le cadre d'un cycle sur les secrets de famille. L'actrice a fait un excellent travail qu'il ne faut pas oublier. Je remets sans cesse l'écriture d'une critique en me disant que ce n'est pas tant que çà d'actualité. Du coup je fais passer d'autres urgences sans cesse avant.
Mais voilà maintenant que c'en est devenu une, d'urgence. Parce que je viens d'apprendre que Maiwen va présenter un film au Festival de Cannes. Et je suis ravie pour cette talentueuse actrice, scénariste, réalisatrice et de surcroit productrice ... à 34 ans.
Et puis parce que ce film restera une des dernières apparitions au cinéma de Marie-France Pisier et qu'elle y était exceptionnelle bien sûr en mère égocentrique et manipulatrice.
Pardonnez-moi sur Comme Au Cinema
On commence à entendre des choses troublantes sur les circonstances du décès de l'actrice. Quelle que soit la vérité cela nous renvoie à la fragilité de l'existence et à l'absolue nécessité de ne pas s'éloigner des êtres aimés, quitte à risquer la maladresse.
Maïwen montera les marches de Cannes pour présenter Polisse, son troisième long métrage (elle avait tourné le Bal des actrices en 2009) où elle joue avec Joey Starr, Riccardo Scarmarcio, Karin Viard, et Marina Foïs. On dit qu'elle est restée dans le même type de réalisation, avec des moyens techniques ultra discrets, des petites caméras et un plan de tournage léger.
C'était ce dispositif qui faisait de Pardonnez-moi un film choc, que les spectateurs ingéraient souvent au premier degré, buvant toutes les paroles comme s'il s'agissait d'une autobiographie à l'allure d'une confession. C'était du cinéma, certes inspiré par des faits réels, mais une fiction tout de même.
Pardonnez-moi pourrait être le dernier cri de Marie-France Pisier. L'expertise de son téléphone portable révèlera peut-être un message de cet ordre.
Maïwen signe son film de son seul prénom, parce qu'elle s'en ait fait un nom. Elle y interprète le rôle de Violette, ce qui signifie clairement que Violette est un personnage. C'est Violette qui déclare vouloir faire un documentaire. Maïwen, elle, ne tourne pas un docu mais un vrai film.
Tout réalisateur met un peu de lui dans ses œuvres. Maïwen ne fait pas mystère en interview de son passé d'enfant battu. La resemblance s'arrête là. Elle n'a pas deux sœurs (comme Violette) et sa sœur n'a pas deux papas. Le tournage n'a duré que 17 jours, insuffisant pour mener une grossesse. Les prothèses de silicone sont très réalistes, n'est-ce pas ? (Claude Perron, alias Suzanne, épouse de Michel Blanc, utilise le même artifice dans le film de Jennifer Devoldere, Et soudain, tout le monde me manque).
Et si le public s'y trompe c'est que la réalisatrice a magistralement réussi son coup. Car la fonction du cinéma est de rendre le scénario plus vrai que vrai. Maïwen est une formidable interprète puisqu'on la croit sur paroles, réalisatrice surdouée qui a provoqué les félicitations de Luc Besson avec Pardonnez-moi, excellente directrice d'acteurs. Sa méthode consiste à leur donner suffisamment peu d'indications pour qu'ils soient contraints à improviser (d'où un renforcement du ton confessionnel des dialogues). C'est aussi une productrice engagée qui a eu le cran d'investir ses fonds propres au mépris de toutes les mises en garde de la profession.
La marque de fabrique de Maïwen c'est la mise en abime. Elle juxtapose les flash-backs et les points de vue avec une grande maitrise, faisant varier le cadre, jouant avec la caméra, interpelant l'œil du spectateur qui ne peut rien louper d'essentiel. Le comble est atteint avec l'incise d'archives familiales (bien réelles), vidéos ou photos, provoquant une alternance entre la couleur et le noir et blanc.
Sans jamais tomber dans la sensiblerie, et avec un certain humour dans le choix des extraits (incroyable formule de la petite Maïwen répondant à la question du métier qu'elle souhaite faire plus tard : " je crois que comédienne, c'est ce que je fais déjà, non ? "
Elle pratique aussi la citation avec discernement. Elle emploie les trois petites notes de musique de la chanson d'Yves Montand pour dater la première séquence souvenir. On entrevoit l'affiche du film de Maurice Pialat Merci la vie et on entend la musique de la Boum sur la scène rêvée du mariage.
Certes il y aurait beaucoup à pointer sur la violence des échanges entre les personnages. Quand l'amour paternel entre dans le crane à grands coups de baffe les rapports aux autres sont faussés dès le départ. On peut alors trouver davantage de valeur à recevoir un pain fait main, que son père a mis deux heures à préparer, qu'à marcher sur le chemin de roses que son fiancé a tracé. Peu importe la symbolique de la main et du pain (prendre un pain), peu importe la question qui nous taraude de savoir s'il n'y aurait pas une forme de fierté à avoir été un enfant battu et être resté solide, à l'instar du soldat qui revient vivant de la guerre.
Maïwen témoigne que si on ne peut rien oublier il est néanmoins possible de "recycler" le passé. On peut attendre avec bonheur le film qui sera présenté à Cannes.
Pour lire la critique de Polisse, le film présenté au Festival, et que j'ai trouvé formidable, c'est là.
Maïwen montera les marches de Cannes pour présenter Polisse, son troisième long métrage (elle avait tourné le Bal des actrices en 2009) où elle joue avec Joey Starr, Riccardo Scarmarcio, Karin Viard, et Marina Foïs. On dit qu'elle est restée dans le même type de réalisation, avec des moyens techniques ultra discrets, des petites caméras et un plan de tournage léger.
C'était ce dispositif qui faisait de Pardonnez-moi un film choc, que les spectateurs ingéraient souvent au premier degré, buvant toutes les paroles comme s'il s'agissait d'une autobiographie à l'allure d'une confession. C'était du cinéma, certes inspiré par des faits réels, mais une fiction tout de même.
Pardonnez-moi pourrait être le dernier cri de Marie-France Pisier. L'expertise de son téléphone portable révèlera peut-être un message de cet ordre.
Maïwen signe son film de son seul prénom, parce qu'elle s'en ait fait un nom. Elle y interprète le rôle de Violette, ce qui signifie clairement que Violette est un personnage. C'est Violette qui déclare vouloir faire un documentaire. Maïwen, elle, ne tourne pas un docu mais un vrai film.
Tout réalisateur met un peu de lui dans ses œuvres. Maïwen ne fait pas mystère en interview de son passé d'enfant battu. La resemblance s'arrête là. Elle n'a pas deux sœurs (comme Violette) et sa sœur n'a pas deux papas. Le tournage n'a duré que 17 jours, insuffisant pour mener une grossesse. Les prothèses de silicone sont très réalistes, n'est-ce pas ? (Claude Perron, alias Suzanne, épouse de Michel Blanc, utilise le même artifice dans le film de Jennifer Devoldere, Et soudain, tout le monde me manque).
Et si le public s'y trompe c'est que la réalisatrice a magistralement réussi son coup. Car la fonction du cinéma est de rendre le scénario plus vrai que vrai. Maïwen est une formidable interprète puisqu'on la croit sur paroles, réalisatrice surdouée qui a provoqué les félicitations de Luc Besson avec Pardonnez-moi, excellente directrice d'acteurs. Sa méthode consiste à leur donner suffisamment peu d'indications pour qu'ils soient contraints à improviser (d'où un renforcement du ton confessionnel des dialogues). C'est aussi une productrice engagée qui a eu le cran d'investir ses fonds propres au mépris de toutes les mises en garde de la profession.
La marque de fabrique de Maïwen c'est la mise en abime. Elle juxtapose les flash-backs et les points de vue avec une grande maitrise, faisant varier le cadre, jouant avec la caméra, interpelant l'œil du spectateur qui ne peut rien louper d'essentiel. Le comble est atteint avec l'incise d'archives familiales (bien réelles), vidéos ou photos, provoquant une alternance entre la couleur et le noir et blanc.
Sans jamais tomber dans la sensiblerie, et avec un certain humour dans le choix des extraits (incroyable formule de la petite Maïwen répondant à la question du métier qu'elle souhaite faire plus tard : " je crois que comédienne, c'est ce que je fais déjà, non ? "
Elle pratique aussi la citation avec discernement. Elle emploie les trois petites notes de musique de la chanson d'Yves Montand pour dater la première séquence souvenir. On entrevoit l'affiche du film de Maurice Pialat Merci la vie et on entend la musique de la Boum sur la scène rêvée du mariage.
Certes il y aurait beaucoup à pointer sur la violence des échanges entre les personnages. Quand l'amour paternel entre dans le crane à grands coups de baffe les rapports aux autres sont faussés dès le départ. On peut alors trouver davantage de valeur à recevoir un pain fait main, que son père a mis deux heures à préparer, qu'à marcher sur le chemin de roses que son fiancé a tracé. Peu importe la symbolique de la main et du pain (prendre un pain), peu importe la question qui nous taraude de savoir s'il n'y aurait pas une forme de fierté à avoir été un enfant battu et être resté solide, à l'instar du soldat qui revient vivant de la guerre.
Maïwen témoigne que si on ne peut rien oublier il est néanmoins possible de "recycler" le passé. On peut attendre avec bonheur le film qui sera présenté à Cannes.
Pour lire la critique de Polisse, le film présenté au Festival, et que j'ai trouvé formidable, c'est là.
2 commentaires:
Bonjour, les blogs qui parle de cinema c'est sympa mais ce qui le serez encore plus c'est de verifier vos sources.
pardonnez-moi mais merci la vie est un film de bertrand blier et non pas maurice pialat!
Merci à vous en fait. Je vois que vous êtes un lecteur attentif et je ne vous ferai pas le reproche de votre remarque (ni de votre orthographe mais si j'écrivais comme ça j'en recevrais des critiques !!!)
Oui Merci la vie est un film de Bertrand Blier. Mon erreur n'est pas un problème de vérification de mes sources mais un lapsus, tout bêtement.
Cela fait plaisir aussi de constater qu'un article publié en 2011 est encore lu trois ans plus tard.
Enregistrer un commentaire