On peut aller voir un spectacle parce que l’auteur ou le thème intéresse. On peut aussi s’y rendre parce qu’on apprécie la personnalité du metteur en scène. Omar Porras est de ceux là et le travail qu’il a fait autour de l’Eveil du Printemps est formidable.
Je n’avais pas dit la même chose de sa version des Fourberies de Scapin. Peut-être parce que j’avais mal supporté qu’il secoue l’œuvre de Molière.
J’ai vu le spectacle fin janvier au Théâtre 71 de Malakoff (92) alors que je savais que les circonstances ne me permettraient pas d’écrire très vite. Je me suis réservée pour coïncider avec le changement de saison même si ce n’est pas le sujet. Ce qui est là en jeu c’est l’éclosion du désir chez l’adolescent qui métaphoriquement est associée au printemps.
L’originalité de la démarche du Teatro Malandro consiste à nous embarquer dans un univers fantastique où rien n’est bien qui finit mal. Il n’est pas nécessaire de gratter profond pour s’apercevoir que le monde des adultes n’est pas un terreau favorable à l’épanouissement de la jeunesse.
A cet égard la scénographie d’Amélie Kiritzé-Topor est remarquable, situant la pièce dans un espace qui n’est ni tout à fait un intérieur, ni complètement un extérieur, où les murs de l’école et de la maison sont cassés. La présence de la terre est loin d’être accessoire.
Cela commence comme un ralenti gentillet. Des étudiants, voire même peut-être encore des collégiens, sortent de l’école le cœur léger et les gambettes à l’air. Les pantalons sont courts et les robes aussi, quoiqu’en dise une bigote de mère invoquant le ciel et provoquant l’excuse naïve de Wendla : à mon âge (14 ans) on n’a pas froid aux jambes.
Ni aux yeux aurait-on envie d’ajouter. Sauf que la mère s’offusque sans protéger sa fille. Si bien que la scène où la jeune fille chante Prom’nons-nous dans les bois dans une lumière crépusculaire est assez prémonitoire de ce qui va arriver à ce petit chaperon blanc quand elle aura cueilli son bouquet d’aspérules.
Pourquoi sommes-nous au monde ? les garçons ont leur réponse : pour passer des examens … et être recalés. Un jeu étrange qu’on nous joue là. Les filles ne sont pas plus en veine. Martha est battue tous les soirs et la terre n’amortit pas tous les coups.
Les trouvailles de mises en scène sont très parlantes, en bordure d’un surréalisme quasi magique. La scène de la révélation du mystère de la vie avec fouet et chantilly est un morceau d’anthologie. Les évocations sont extrêmement intelligentes, qu’il s’agisse de Boticelli ou de Barbe bleue, du doublage d’un film muet, ou d’une paire de monstrueuses aiguilles à tricoter. Difficile d’entendre les paroles de la chanson de Lou Reed She’s a killer on the road comme une balade.
Pauvres enfants qui sont face à des parents qui confondent une grossesse avec l’hydropisie, imputent la mort de leur fille à une anémie alors qu’elle est consécutive à un avortement et pour qui le suicide est une offense à l’ordre moral.
On pourra nous diffuser toutes les chansons douces du monde. Rien ne devrait endormir la conscience et affaiblir le doute. Comme le dit si justement Omar Porras, il y a un enfant perdu en nous qui ne cesse d’inquiéter. Créé en 1906, l’Eveil du Printemps conserve toute sa portée et continue d’explorer des thèmes plus qu’actuels.
L'Eveil du printemps de Frank Wedekind, traduction et adaptation de Marco Sabbatini, mise en scène Omar Porras, assistant à la mise en scène Jean-Baptiste Arnalcomposition et direction musicale Luis Naon, assisté de Alessandro Ratociavec Sophie Botte, Olivia Dalric, Peggy Dias, Alexandre Etheve, Adrien Gygax, Paul Jeanson, Jeanne Pasquier, François Praud et Anna-Lena Strasse. Scénographie Amélie Kiritzé-Topor, accessoires Laurent Boulanger.Je n’avais pas dit la même chose de sa version des Fourberies de Scapin. Peut-être parce que j’avais mal supporté qu’il secoue l’œuvre de Molière.
J’ai vu le spectacle fin janvier au Théâtre 71 de Malakoff (92) alors que je savais que les circonstances ne me permettraient pas d’écrire très vite. Je me suis réservée pour coïncider avec le changement de saison même si ce n’est pas le sujet. Ce qui est là en jeu c’est l’éclosion du désir chez l’adolescent qui métaphoriquement est associée au printemps.
L’originalité de la démarche du Teatro Malandro consiste à nous embarquer dans un univers fantastique où rien n’est bien qui finit mal. Il n’est pas nécessaire de gratter profond pour s’apercevoir que le monde des adultes n’est pas un terreau favorable à l’épanouissement de la jeunesse.
A cet égard la scénographie d’Amélie Kiritzé-Topor est remarquable, situant la pièce dans un espace qui n’est ni tout à fait un intérieur, ni complètement un extérieur, où les murs de l’école et de la maison sont cassés. La présence de la terre est loin d’être accessoire.
Cela commence comme un ralenti gentillet. Des étudiants, voire même peut-être encore des collégiens, sortent de l’école le cœur léger et les gambettes à l’air. Les pantalons sont courts et les robes aussi, quoiqu’en dise une bigote de mère invoquant le ciel et provoquant l’excuse naïve de Wendla : à mon âge (14 ans) on n’a pas froid aux jambes.
Ni aux yeux aurait-on envie d’ajouter. Sauf que la mère s’offusque sans protéger sa fille. Si bien que la scène où la jeune fille chante Prom’nons-nous dans les bois dans une lumière crépusculaire est assez prémonitoire de ce qui va arriver à ce petit chaperon blanc quand elle aura cueilli son bouquet d’aspérules.
Pourquoi sommes-nous au monde ? les garçons ont leur réponse : pour passer des examens … et être recalés. Un jeu étrange qu’on nous joue là. Les filles ne sont pas plus en veine. Martha est battue tous les soirs et la terre n’amortit pas tous les coups.
Les trouvailles de mises en scène sont très parlantes, en bordure d’un surréalisme quasi magique. La scène de la révélation du mystère de la vie avec fouet et chantilly est un morceau d’anthologie. Les évocations sont extrêmement intelligentes, qu’il s’agisse de Boticelli ou de Barbe bleue, du doublage d’un film muet, ou d’une paire de monstrueuses aiguilles à tricoter. Difficile d’entendre les paroles de la chanson de Lou Reed She’s a killer on the road comme une balade.
Pauvres enfants qui sont face à des parents qui confondent une grossesse avec l’hydropisie, imputent la mort de leur fille à une anémie alors qu’elle est consécutive à un avortement et pour qui le suicide est une offense à l’ordre moral.
On pourra nous diffuser toutes les chansons douces du monde. Rien ne devrait endormir la conscience et affaiblir le doute. Comme le dit si justement Omar Porras, il y a un enfant perdu en nous qui ne cesse d’inquiéter. Créé en 1906, l’Eveil du Printemps conserve toute sa portée et continue d’explorer des thèmes plus qu’actuels.
Après avoir été joué du 11 au 28 janvier 2012 à Malakoff, l’Eveil du printemps sera donné à l’Espace Malraux de Chambéry les 21 et 22 mars, au Théâtre de l’Olivier d’Istres le 6 avril, au CNCDC de Châteauvallon du 12 au 14 avril et à Shizuoka (Japon) en juillet.
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