Amateur, collectionneur, courtier, expert, galeriste, Charles Ratton (1895-1986) fut tout cela. Sa spécialité fut de faire circuler des oeuvres venues d'Afrique, d'Amérique ou d'Océanie pendant le XX°siècle, ce qui lui vaut le surnom d'inventeur de l'expression des arts primitifs en devenant leur promoteur en tant qu'oeuvres d'art. Il le sera aussi plus tard pour l'art brut.
D'abord brocanteur il est devenu marchand d'art. Le quai Branly lui rend hommage en exposant des pièces de ses collections personnelles. A commencer par son bureau témoignant d'un univers entre curiosité et érudition.
Un des derniers objets présentés est cette sculpture en bois, provenant du royaume du Dahomé. Elle représente un homme assis dont la tête est happée par un serpent cornu et qui ne quitta jamais son bureau depuis 1925. C'est un des premiers objets africains acquis par Charles Ratton vers 1925.
Cette coiffe cuba en raphia provient de la république démocratique du Congo et date du XIX° siècle. Il est amusant de la relier au métier du père de Charles, modiste. Elle a été présentée dans une exposition intitulée "La mode au Congo" au 14 rue de Marignan, en avril-mai 1937. Le carton d'invitation figure lui aussi dans la vitrine.
Plus de 200 oeuvres (d’arts premiers, anciens, asiatiques mais aussi d’avant-garde) et documents d’époque retracent le parcours en France et aux Etats-Unis de ce marchand à l’enthousiasme militant et évoquent ses amitiés avec les artistes surréalistes André Breton (Il lui fit découvrir les masques et les ivoires esquimaux), Paul Eluard, ses collaborations photographiques avec Man Ray, son rôle majeur au côté de Jean Dubuffet dans la définition de l’art brut et ses liens avec les grands collectionneurs de son temps.
Nous ne sommes donc pas surpris de voir dans l'exposition la sculpture d'un violon de Picasso faite en 1915 en tôle découpée, pliée et peinte et du fil de fer (musée national Picasso). Ni cet égouttoir sèche-bouteilles en fer galvanisé, réplique de l'original perdu depuis 1915, et réalisé sous la direction de Marcel Duchamp en 1964. (Centre Pompidou).
Ils avaient été présentés par Charles Ratton dans une exposition surréaliste d'objets en mai 1936. Tableaux et sculptures modernes répondent à des oeuvres africaines et océaniennes, ce qui rend l'exposition extrêmement vivante.
Que cela ne vous empêche pas de voir ou revoir celles du plateau des collections en marchant sur la rivière de Charles Sandison qui, depuis 2010, tourne en tourbillonnant autour de la tour de verre servant de réserve aux instruments de musique sur six niveaux. Approchez vous pour écouter ...
Une statue androgyne style Djennenke pré Dogon, provenant du Mali, sculptée dans un seul bloc de bois, datant des X-XI° siècles vous accueille à l'entrée du plateau des collections. Plus loin des masques Dogon.
Voici un gros plan d'une porte du palais du roi Glélé attribué à la famille Sossa Dede, Royaume du Danhomè, au Bénin vers 1880, en bois, pigments et métal, ornée de motifs allégoriques.
Sur la gauche, une couronne funéraire ade, en perles de pâte de verre et textile, entre 1860 et 18889, provenant du Nigeria. Sur la droite une statuette féminine pop Mendé de Sierra Leone du début XX° en bois.
Ni d'aller dans le Salon de lecture Jacques Kerchache. C'est une tête d'ancêtre moaï de l'île de Pâques en tuf, baré de Cook, datant des XI-XV° siècles. Elle fut ramenée en France par une expédition à laquelle participait Pierre Loti.
En quittant le bâtiment jetez un oeil sur ces plafonds qui sont de très récentes oeuvres d'artistes aborigènes, spécialement réalisées pour le Quai Branly. Les deux premiers clichés sont des morceaux du plafond de la librairie du musée.
Les jardins enfin vous accueilleront. Un guide d'exploration est à votre disposition sur place.
L'exposition Chrles Ratton sera visible jusqu'au 22 septembre.
Musée du quai Branly, 37, quai Branly, 75007 Paris
Tél. : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h
jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
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