Manon a bientôt dix ans, des bagues aux dents et des rêves en pagaille. Elle voudrait devenir infirmière ou styliste. Pouvoir rentrer à pied de l’école avec Nelly. En finir avec la bande des Horribles. Changer de parents, éventuellement. Retourner en vacances au cap Gris-Nez. Et surtout écrire à Cindy Pacosa, son idole qui vit aux États-Unis. Mais c’est la vie, et tout ne tient pas dedans. Sauf si… Hier, dans le bus, un garçon est monté. Un garçon aux yeux verts. Avec des fossettes. Mais comment lui parler ?
Le secret est dans cette résolution qui apparait page 104 : Tous les matins depuis hier j'ai décidé de faire un effort en me préparant. Et Manon ne les ménagera pas ... les efforts, ni ceux qu'elle s'impose, ni ceux qu'elle exige des autres. Elle le fait avec tant d'humour et d'amour que la vie va peut-être lui sourire.
Claire Castillon a réussi son pari, car ce devait en être un, consistant à écrire pour la jeunesse en conservant le style jubilatoire que j'avais tant aimé dans les Bulles.
Son livre fait bien la paire avec les Gosses de Valérie Clo qui nous montre la même problématique en miroir. De quelque coté qu'on le regarde, le cap de l'adolescence est complexe à traverser, qu'on soit enfant ou parent.
Et curieusement cela fera (aussi) du bien aux adultes de lire la prose de Claire Castillon. Elle ravive nos souvenirs et elle met en mots les atermoiements de la jeunesse sans culpabiliser personne. C'est vivifiant !
A la rentrée Guus Kruijer nous offrira avec Pauline ou la vraie vie, une vision assez proche, et aussi humoristique, témoignant que l'adolescence non plus n'a pas de frontière ... car l'auteur est hollandais.
Claire Castillon, Tous les matins depuis hier, École des loisirs, collection Neuf, mars 2013, Illustration de couverture d’Adrien Albert
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