Il y a en ce moment deux spectacles "d'après ..." au Théâtre de Belleville. Sans rapport entre eux. C'est ce qu'on appelle un hasard de la programmation.
Le premier, d'après Feydeau, qui en fait est donné en seconde partie de soirée. Je vous ai dis ce que j'en pensais le 2 janvier. Et puis l'Avare, d'après Molière qui est joué en début de soirée, à 19 heures. Honnêtement j'étais venue pour Feydeau mais étant arrivée avec beaucoup d'avance (volontairement) j'ai pu voir cet Avare auquel je n'aurais pas pensé spontanément.
Vous non plus peut-être. Nous avons alors des torts partagés. Car cet Avare est tout bonnement formidable. Et on peut le voir à tout âge, enfin presque ... les auteurs recommandent un minimum de 8 ans mais il y avait ce soir des enfants de 6 ans qui ont passé un très bon moment.
On se régale davantage quand on connait la version classique mais quoiqu'il en soit il est si inventif et si merveilleusement mis en voix qu'il s'adresse à tous les publics, quel que soit l'âge et le niveau culturel, ... et même la langue puisque le spectacle existe aussi en version anglaise, catalane et espagnole. Un tel bijou devrait faire le bonheur des programmateurs.
Vous êtes assurés d'une soirée vraiment surprenante. Olivier Benoit (à gauche sur la photo) et Jean-Baptiste Fontanarosa (à droite) ne pensent pas que le secret doive être gardé sur la nature des objets qu'ils manipulent comme des marionnettes. Quand on ne sait rien la découverte est saisissante et on y regarde à deux fois avant de le croire. Quoiqu'il en soit puisque j'ai le droit de vous le dire je le fais : nous sommes dans l'univers de la plomberie.
Valère, Elise, Mariane, Cléante, valais, laquais, servante, et comme il se doit Harpagon, ont tous une bobine de robinet. L'idée n'est pas si farfelue qu'on pourrait le croire : étymologiquement le mot robinet viendrait des motifs de têtes de moutons qui ornaient les premiers robinets et fontaines. Quant au sujet de la pièce, il existe pléthore d'expressions qui appartiennent au lexique de l'eau : l'argent liquide, qui coule à flots, fermer les robinets (faire des économies) ou au contraire être à sec, voire même complètement essoré, ... nous avons tous employé de telles métaphores qui dépasse l'univers financier. On peut prendre l'eau, déborder d'affection, avoir la pulsion de désouder un ennemi, oser se déboulonner
Enfin l'eau est déjà une denrée précieuse qui malheureusement se raréfie au même titre que l'or ou le pétrole.
La première prouesse consiste à avoir trouvé la tête de l'emploi à chaque personnage en débusquant quel robinet serait le plus adéquat parmi les deux ou trois têtes, col de cygne, en cul de lampe, à trois-clés, avec ou sans mélangeur, en inox, plomb ou cuivre. C'est typiquement du théâtre d'objets.
La seconde fut d'adapter le texte en en respectant la trame. Très franchement cela coule de source ! Et le spectateur ne perd pas une goutte de ces échanges. je vais néanmoins vous donner un tuyau : évitez les deux premiers rangs si vous ne cherchez pas à vous faire rafraichir.
Olivier Benoit et Jean-Baptiste Fontanarosa sont des acteurs exceptionnels. Ils manipulent marionnettes et accessoires avec beaucoup de dextérité. On s'interroge au début de la pièce sur l'échelle des personnages, pensant un instant que les marionnettes sont de taille humaine lorsqu'ils se débattent sous un drap alors qu'on croit apercevoir uniquement le visage des comédiens.
On découvre ensuite leur véritable taille. Et c'est encore plus magique.
Le travail des voix est prodigieux. Et ce n'est pas nécessairement le manipulateur qui parle. Si bien que tous les rôles sont tenus et qu'on oublie qu'ils ne sont que deux. Bruits de bouche, cris de coq, aboiements ponctuent des dialogues très inventifs qui ne font pas l'économie de jeux de mots et de plaisanteries "off". Par exemple alors qu'un comédien semble ronchonner sur l'étroitesse de la scène son compère rétorque qu'on n'est pas à la Colline (autre théâtre parisien plutôt proche géographiquement mais plus vaste). On devine que le texte est susceptible de légères retouches à la marge en fonction du public.
Il y a beaucoup de trouvailles. Comme celle de la baignoire miniature ou de l'étoupe pour constituer le vêtement d'Harpagon. On redécouvre le texte, dont on a compris bien sûr qu'il avait été adapté : il faut boire pour vivre et non vivre pour boire.
La musique joue un rôle indéniable. Le clavecin nous installe dans le XVII° siècle. Le Vol du Bourdon de Nikolaï Rimski-Korsakov nous emporte. Gloria in excelsis Deo et Singing in the rain apportent d'autres tonalités.
Un seul reproche peut-être : le niveau de lumières est très faible. On est presque dans le noir en permanence. Ce serait difficile de faire moins.
Le spectacle a été créé en 2003 à Barcelone et s'est joué dans une vingtaine de pays, plus de 650 fois et a reçu de multiples récompenses. On se demande pourquoi il arrive seulement maintenant à Paris mais on s'en réjouit. Cette même compagnie, Tàbola Rassa a créé depuis un second spectacle autour de l'oeuvre de La Fontaine (évidemment à force de parler d'eau ...)
On se régale davantage quand on connait la version classique mais quoiqu'il en soit il est si inventif et si merveilleusement mis en voix qu'il s'adresse à tous les publics, quel que soit l'âge et le niveau culturel, ... et même la langue puisque le spectacle existe aussi en version anglaise, catalane et espagnole. Un tel bijou devrait faire le bonheur des programmateurs.
Vous êtes assurés d'une soirée vraiment surprenante. Olivier Benoit (à gauche sur la photo) et Jean-Baptiste Fontanarosa (à droite) ne pensent pas que le secret doive être gardé sur la nature des objets qu'ils manipulent comme des marionnettes. Quand on ne sait rien la découverte est saisissante et on y regarde à deux fois avant de le croire. Quoiqu'il en soit puisque j'ai le droit de vous le dire je le fais : nous sommes dans l'univers de la plomberie.
Valère, Elise, Mariane, Cléante, valais, laquais, servante, et comme il se doit Harpagon, ont tous une bobine de robinet. L'idée n'est pas si farfelue qu'on pourrait le croire : étymologiquement le mot robinet viendrait des motifs de têtes de moutons qui ornaient les premiers robinets et fontaines. Quant au sujet de la pièce, il existe pléthore d'expressions qui appartiennent au lexique de l'eau : l'argent liquide, qui coule à flots, fermer les robinets (faire des économies) ou au contraire être à sec, voire même complètement essoré, ... nous avons tous employé de telles métaphores qui dépasse l'univers financier. On peut prendre l'eau, déborder d'affection, avoir la pulsion de désouder un ennemi, oser se déboulonner
Enfin l'eau est déjà une denrée précieuse qui malheureusement se raréfie au même titre que l'or ou le pétrole.
La première prouesse consiste à avoir trouvé la tête de l'emploi à chaque personnage en débusquant quel robinet serait le plus adéquat parmi les deux ou trois têtes, col de cygne, en cul de lampe, à trois-clés, avec ou sans mélangeur, en inox, plomb ou cuivre. C'est typiquement du théâtre d'objets.
La seconde fut d'adapter le texte en en respectant la trame. Très franchement cela coule de source ! Et le spectateur ne perd pas une goutte de ces échanges. je vais néanmoins vous donner un tuyau : évitez les deux premiers rangs si vous ne cherchez pas à vous faire rafraichir.
Olivier Benoit et Jean-Baptiste Fontanarosa sont des acteurs exceptionnels. Ils manipulent marionnettes et accessoires avec beaucoup de dextérité. On s'interroge au début de la pièce sur l'échelle des personnages, pensant un instant que les marionnettes sont de taille humaine lorsqu'ils se débattent sous un drap alors qu'on croit apercevoir uniquement le visage des comédiens.
On découvre ensuite leur véritable taille. Et c'est encore plus magique.
Le travail des voix est prodigieux. Et ce n'est pas nécessairement le manipulateur qui parle. Si bien que tous les rôles sont tenus et qu'on oublie qu'ils ne sont que deux. Bruits de bouche, cris de coq, aboiements ponctuent des dialogues très inventifs qui ne font pas l'économie de jeux de mots et de plaisanteries "off". Par exemple alors qu'un comédien semble ronchonner sur l'étroitesse de la scène son compère rétorque qu'on n'est pas à la Colline (autre théâtre parisien plutôt proche géographiquement mais plus vaste). On devine que le texte est susceptible de légères retouches à la marge en fonction du public.
Il y a beaucoup de trouvailles. Comme celle de la baignoire miniature ou de l'étoupe pour constituer le vêtement d'Harpagon. On redécouvre le texte, dont on a compris bien sûr qu'il avait été adapté : il faut boire pour vivre et non vivre pour boire.
La musique joue un rôle indéniable. Le clavecin nous installe dans le XVII° siècle. Le Vol du Bourdon de Nikolaï Rimski-Korsakov nous emporte. Gloria in excelsis Deo et Singing in the rain apportent d'autres tonalités.
Un seul reproche peut-être : le niveau de lumières est très faible. On est presque dans le noir en permanence. Ce serait difficile de faire moins.
Le spectacle a été créé en 2003 à Barcelone et s'est joué dans une vingtaine de pays, plus de 650 fois et a reçu de multiples récompenses. On se demande pourquoi il arrive seulement maintenant à Paris mais on s'en réjouit. Cette même compagnie, Tàbola Rassa a créé depuis un second spectacle autour de l'oeuvre de La Fontaine (évidemment à force de parler d'eau ...)
L'Avare, d'après Molière
Idée originale : Jordi Bertran
Conception : Olivier Benoit, Miquel Gallardo, Jordi Bertran
Adaptation du texte (catalan et espagnol) : Eva Hibernia, Olivier Benoit, Miquel Gallardo
Texte version française : Olivier Benoit
Scénographie : Xavier Erra, Xavier Saló / Delphine Lancelle
Création lumière : Daniel Ibor
Régie : Sadock Mouelhi
Interprétation : Olivier Benoit, Jean-Baptiste Fontanarosa
Jusqu'au 2 février 2014, du mercredi au samedi à 19 h, le dimanche à 14 h 30 au Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris
Tous renseignements sur le site du théâtre ou par téléphone 01 48 06 72 34
Reprise du 25 octobre au 5 novembre 2017
Du mercredi au samedi à 19 h 15, dimanche à 15 heures
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