Tierra de Amor est annoncé comme un cocktail de danses latines, sensuelles et rythmées, ce qui est l'exacte vérité.
Je suis allée ce soir voir ce spectacle à Bobino, la célèbre salle de music-hall de Montparnasse, au 20, rue de la Gaîté, dans le 14e arrondissement de Paris. Il y eut là une guinguette, un café-concert, avant que la salle devienne un music-hall au lendemain de la Première Guerre mondiale et soit détruite en 1985, puis reconstruite.
Joséphine Baker, Léo Férré et Barbara y connurent d'énormes succès. C'était la salle de prédilection de Georges Brassens. Il y venait en voisin, alors qu'il logeait chez Jeanne, au 9 impasse Florimont. Sa statue, conçue par Olivier Delobel, y fait halte et nous accueille en bas des marches.
Je suis allée ce soir voir ce spectacle à Bobino, la célèbre salle de music-hall de Montparnasse, au 20, rue de la Gaîté, dans le 14e arrondissement de Paris. Il y eut là une guinguette, un café-concert, avant que la salle devienne un music-hall au lendemain de la Première Guerre mondiale et soit détruite en 1985, puis reconstruite.
Joséphine Baker, Léo Férré et Barbara y connurent d'énormes succès. C'était la salle de prédilection de Georges Brassens. Il y venait en voisin, alors qu'il logeait chez Jeanne, au 9 impasse Florimont. Sa statue, conçue par Olivier Delobel, y fait halte et nous accueille en bas des marches.
Isis Figaro y présente jusqu'au 8 juin un spectacle qui a conçu est l'aboutissement de quatre années de travail et la première avait été présentée à Saint Mandé en décembre 2012. Il a fallu ce temps pour mûrir le projet. Tout s'est accéléré dans les dernières semaines et le casting définitif intègre de nouveaux venus dans la troupe pour pallier les indisponibilités de quelques-uns.
C'est un enchainement de séquences autour de presque toutes les danses latines et tropicales pour raconter une histoire qui n'est qu'un prétexte dramatique. Ce qui est important c'est de partager la passion de cette chorégraphe qui me confiait après le spectacle et avec sincérité : la danse c'est toute ma vie !
Cela commence par un ballet dans une dominante de rose où Isis est ondoyante et ondulante. Le sourire qui éclaire les visages de tous les danseurs est absolument éclatant.
Le spectacle se poursuit avec trois musiciens et leur tambour, un ka qui est l'instrument de musique traditionnelle guadeloupéenne. Il est fait d'un tonneau en bois recouvert d'une peau de chèvre sur un coté et il est utilisé pour jouer le GWo Ka. C'est une danse (on prononce groka) née dans les Caraïbes durant la période de l'esclavage dans les plantations pour exprimer la résistance, l'évasion et bien entendu la vie.
Le public, conquis d'emblée par les musiciens, frappe dans ses mains. On dirait du Xenakis me souffle-t-on ... j'hésite entre Psappha et le premier mouvement de Persephassa. Je pense plutôt aux tambours du Bronx que Jean-Paul Goude avait faits venir pour accompagner la locomotive de la Bête humaine du défilé du Bicentenaire de la révolution française. Chacun ses références.
En tout cas les percussions des trois musiciens sont parfaitement synchrone, alternant des frappés puissants avec des frappés doux qui transportent le public. Les danseurs habillés de madras ont les pieds nus. Le groka est une danse très physique, tonique, sensuelle et joyeuse.
Le piano succède à la musique traditionnelle pour nous dire qu'être un exilé c'est faire un pacte avec le monde. Danseurs et danseuses sont ensuite simplement assis dans le noir et seules leurs jambes bougent, comme des doigts qui survoleraient un clavier ou pinceraient les cordes d'une guitare. Les visages resteront invisibles même au salut.
Le sourire disparait du visage avec le tango suivant et l'on regrette que l'homme danse solitaire.
La troupe revient dans des costumes aux couleurs de bonbons acidulés qui évoquent les teenagers dansant la lambada dans les années 90 en souplesse au pas cadencé. C'est très technique, ultra disco mais finalement moins sensuel. Il n'y a aucune critique à faire au travail effectué sur les costumes par Antoine Saffray et le Studio Acapulco Paradiso. Pour chaque tableau les couleurs éclatent en harmonie avec les musiques. Plus tard, la robe blanche d'Isis qui se métamorphosera en nymphe est un vrai bijou.
Leurs succèdent Isis en robe turquoise et Julio en veste blanche dans une évocation digne d'une compétition internationale de patinage artistique avec des croisements de jambes audacieux. La scène s'achève une rose entre les dents.
L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser ... Le duo suivant rappelle sans conteste Carmen de Bizet et les plumes de boa rose ont voleté. Julio Garrido est le premier assistant chorégraphe. Il dansera plusieurs tangos en duo avec Isis. Stéphane Michaut est son second partenaire, et non moins méritant.
Un faux combat entre deux danseurs d'origine asiatique mimera ensuite une sorte de kung-fu très sautillant. Et on enchaine avec les costumes parme, dorés et noirs, ou rouge. C'est encore très rapide, joyeux, rythmé. Le tango fait penser à Carlos Gardel, référence inoubliable. Jusqu'au retour d'Isis en lamé nude dans une chorégraphie qui révèle une tigresse avec une montée dramatique progressive qui enthousiasme le public.
Le duo ne craint pas l'acrobatie avant le retour de la troupe qui chante en créole sur un air de Gwo Ka. On appréciera aussi deux danseurs faisant se heurter leurs boules tac-tac comme des claquettes.
Jolie émotion d'Isis chantant en créole je l'aime à mourir dans une robe blanche puis en dentelles sur Europa qui fut le plus grand succès de Santana avant d'enchainer sur un air de Niagara en rose et turquoise.
La salsa portoricaine annonce le final. Les meilleurs spectacles ont une fin. La seule frustration que l'on ressent dans la salle c'est d'être rivé à son fauteuil. Plus on avance dans la soirée et plus il est difficile de rester sage. Ce soir, pour la première fois, Isis a eu l'idée de faire signe au public de rejoindre la troupe au rappel. Une simple invite de la main qui fut immédiatement comprise. Quelques minutes plus tard il y avait presque autant de monde sur scène qu'au parterre.
L'ambiance était à la fête. Les danseurs étaient les premiers surpris de la capacité des spectateurs à s'exprimer à leur coté et ils l'ont ressenti comme un cadeau. Isis m'expliqua plus tard que c'est parce qu'elle a été surprise de voir le public applaudir debout qu'elle a eu cette envie soudaine de l'inciter à danser puis à la rejoindre. Ce fut spontané. On a même vu quelqu'un se déhancher joliment sans lâcher un sac en papier qui devait rassembler les courses de la journée. Le plaisir fut tel qu'il y a fort à parier que cela va se reproduire. Je vous aurai prévenus. Tenez vous prêts !
Si vous souhaitez vous préparer, entrainez-vous à la salsa portoricaine ou au merengue.
Le public est reparti joyeux, libéré des tensions. Beaucoup disaient n'avoir pas vu une telle énergie depuis longtemps.
Isis Figaro est une française d'origine guadeloupéenne. Elle s'est formée au USA et elle a créé en 1998 une école qui a remporté très vite un succès phénoménal au 40 rue de Cîteaux, 75012 Paris. Elle travaille à ce spectacle depuis des années et le résultat se tient de bout en bout. Comme un bouquet, respectant l'éclectisme parmi l'ensemble des rythmes latinos, africains et contemporains : salsa, samba, tango, boléro, cha-cha-cha, merengue, gwoka, reggaeton…
C'est un enchainement de séquences autour de presque toutes les danses latines et tropicales pour raconter une histoire qui n'est qu'un prétexte dramatique. Ce qui est important c'est de partager la passion de cette chorégraphe qui me confiait après le spectacle et avec sincérité : la danse c'est toute ma vie !
Cela commence par un ballet dans une dominante de rose où Isis est ondoyante et ondulante. Le sourire qui éclaire les visages de tous les danseurs est absolument éclatant.
Le spectacle se poursuit avec trois musiciens et leur tambour, un ka qui est l'instrument de musique traditionnelle guadeloupéenne. Il est fait d'un tonneau en bois recouvert d'une peau de chèvre sur un coté et il est utilisé pour jouer le GWo Ka. C'est une danse (on prononce groka) née dans les Caraïbes durant la période de l'esclavage dans les plantations pour exprimer la résistance, l'évasion et bien entendu la vie.
Le public, conquis d'emblée par les musiciens, frappe dans ses mains. On dirait du Xenakis me souffle-t-on ... j'hésite entre Psappha et le premier mouvement de Persephassa. Je pense plutôt aux tambours du Bronx que Jean-Paul Goude avait faits venir pour accompagner la locomotive de la Bête humaine du défilé du Bicentenaire de la révolution française. Chacun ses références.
En tout cas les percussions des trois musiciens sont parfaitement synchrone, alternant des frappés puissants avec des frappés doux qui transportent le public. Les danseurs habillés de madras ont les pieds nus. Le groka est une danse très physique, tonique, sensuelle et joyeuse.
Le piano succède à la musique traditionnelle pour nous dire qu'être un exilé c'est faire un pacte avec le monde. Danseurs et danseuses sont ensuite simplement assis dans le noir et seules leurs jambes bougent, comme des doigts qui survoleraient un clavier ou pinceraient les cordes d'une guitare. Les visages resteront invisibles même au salut.
Le sourire disparait du visage avec le tango suivant et l'on regrette que l'homme danse solitaire.
La troupe revient dans des costumes aux couleurs de bonbons acidulés qui évoquent les teenagers dansant la lambada dans les années 90 en souplesse au pas cadencé. C'est très technique, ultra disco mais finalement moins sensuel. Il n'y a aucune critique à faire au travail effectué sur les costumes par Antoine Saffray et le Studio Acapulco Paradiso. Pour chaque tableau les couleurs éclatent en harmonie avec les musiques. Plus tard, la robe blanche d'Isis qui se métamorphosera en nymphe est un vrai bijou.
Leurs succèdent Isis en robe turquoise et Julio en veste blanche dans une évocation digne d'une compétition internationale de patinage artistique avec des croisements de jambes audacieux. La scène s'achève une rose entre les dents.
L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser ... Le duo suivant rappelle sans conteste Carmen de Bizet et les plumes de boa rose ont voleté. Julio Garrido est le premier assistant chorégraphe. Il dansera plusieurs tangos en duo avec Isis. Stéphane Michaut est son second partenaire, et non moins méritant.
Un faux combat entre deux danseurs d'origine asiatique mimera ensuite une sorte de kung-fu très sautillant. Et on enchaine avec les costumes parme, dorés et noirs, ou rouge. C'est encore très rapide, joyeux, rythmé. Le tango fait penser à Carlos Gardel, référence inoubliable. Jusqu'au retour d'Isis en lamé nude dans une chorégraphie qui révèle une tigresse avec une montée dramatique progressive qui enthousiasme le public.
Le duo ne craint pas l'acrobatie avant le retour de la troupe qui chante en créole sur un air de Gwo Ka. On appréciera aussi deux danseurs faisant se heurter leurs boules tac-tac comme des claquettes.
Jolie émotion d'Isis chantant en créole je l'aime à mourir dans une robe blanche puis en dentelles sur Europa qui fut le plus grand succès de Santana avant d'enchainer sur un air de Niagara en rose et turquoise.
La salsa portoricaine annonce le final. Les meilleurs spectacles ont une fin. La seule frustration que l'on ressent dans la salle c'est d'être rivé à son fauteuil. Plus on avance dans la soirée et plus il est difficile de rester sage. Ce soir, pour la première fois, Isis a eu l'idée de faire signe au public de rejoindre la troupe au rappel. Une simple invite de la main qui fut immédiatement comprise. Quelques minutes plus tard il y avait presque autant de monde sur scène qu'au parterre.
L'ambiance était à la fête. Les danseurs étaient les premiers surpris de la capacité des spectateurs à s'exprimer à leur coté et ils l'ont ressenti comme un cadeau. Isis m'expliqua plus tard que c'est parce qu'elle a été surprise de voir le public applaudir debout qu'elle a eu cette envie soudaine de l'inciter à danser puis à la rejoindre. Ce fut spontané. On a même vu quelqu'un se déhancher joliment sans lâcher un sac en papier qui devait rassembler les courses de la journée. Le plaisir fut tel qu'il y a fort à parier que cela va se reproduire. Je vous aurai prévenus. Tenez vous prêts !
Si vous souhaitez vous préparer, entrainez-vous à la salsa portoricaine ou au merengue.
Le public est reparti joyeux, libéré des tensions. Beaucoup disaient n'avoir pas vu une telle énergie depuis longtemps.
Isis Figaro est une française d'origine guadeloupéenne. Elle s'est formée au USA et elle a créé en 1998 une école qui a remporté très vite un succès phénoménal au 40 rue de Cîteaux, 75012 Paris. Elle travaille à ce spectacle depuis des années et le résultat se tient de bout en bout. Comme un bouquet, respectant l'éclectisme parmi l'ensemble des rythmes latinos, africains et contemporains : salsa, samba, tango, boléro, cha-cha-cha, merengue, gwoka, reggaeton…
Tierra de amor, les vendredis et samedis à 21 heures, les dimanches à 16 h 30
A Bobino, 20, rue de la Gaîté, 75014 Paris
Jusqu'au 8 juin.
Des photos du spectacle seront ajoutées lorsque je les aurai reçues.
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