Akli Tadjer nous offre un roman très original avec Les Thermes du Paradis. D'abord parce qu'il nous confronte à l'univers des Pompes funèbres. Ensuite parce que les personnages sont hauts en couleur et très attachants. Enfin parce que, tout en étant profond, le ton du livre est teinté de suffisamment d'humour et de décalage pour qu'on ne le lâche pas une fois qu'on l'a commencé.
En résumé :
Adèle Reverdy est une jeune femme pleine de complexes et, pour comble de malheur, les hommes la fuient dès qu’elle avoue son métier de croque-morts.Mais sa vie va changer le jour de ses trente ans. Parmi les invités venus à la fête organisée par sa sœur, il y a Léo, ancien trapéziste devenu aveugle à la suite d’un accident, employé comme masseur aux Thermes du Paradis. Un soleil noir dans la vie d’Adèle qui, aidée de sa meilleure amie Leila, talentueuse thanatopractrice, va tout mettre en oeuvre pour conquérir le cœur de Léo.
Dans un précédent ouvrage, intitulé Alphonse, l'auteur abordait déjà le thème de l'altérité, engendrant la peur, et expliquant le racisme (sans jamais le justifier bien sûr). Son nouveau roman n'y échappe pas mais il aborde le sujet avec un angle plus large puisque le métier d'Adèle lui confère un statut de marginale.
La jeune femme saura faire preuve de courage, d'audace et d'une patience infinie pour obtenir ce qui lui tient à coeur. Ce qui aurait pu passer pour une histoire invraisemblable tient de par la construction des personnages.
Je me souviens avoir rencontré Akli Tadjer au Salon du livre 2011. Nous avions discuté cuisine (je n'avais pas encore lu ses romans). J'avais perçu que la nourriture représentait à ses yeux une des composantes du bonheur, ce que je retrouve en filigrane dans son dernier livre.
La mort est un thème qui refroidit beaucoup de monde, moi la première. Akli Tadjer nous la montre ici sous un autre éclairage, flirtant presque avec l'univers de Tim Burton quand Adèle ouvre son vestiaire, planqué dans un cercueil dressé à la verticale.
Il transforme une bluette en belle histoire avec son art de la formule :
Aucune place n'est concédée au hasard même plus tard quand Adèle courra le risque d'investir 48 000 euros dans une intervention qui pourrait risquer de l'éloigner de son amoureux.
Elle mesurera la force (ou la faiblesse) des promesses passées, lorsqu'on s'est promis entraide et solidarité et qu'on est dans le dur. Le très dur même. (p. 244)
Il lui fait chanter l'air si touchant du film de Percy Adlon, Bagdad Café, I'm calling you. Il la pousse à se confronter à une blonde qui aurait pu rivaliser avec une héroïne de la série Amour, Gloire et Beauté au travers d'un premier dialogue surréaliste (p. 210-213).
Le choix de cet univers des Pompes funèbres n'est pas, lui non plus un hasard. L'auteur a expliqué en interview qu'il avait accompagné un de ses proches dans une telle entreprise de pompes funèbres pour le décès d’un parent. L’agent funéraire qui les avait reçus ne correspondait pas à l'idée qu'il se faisait du métier. C'était tout le portrait d'Adèle.
Sont ensuite arrivés les autres personnages, tous très typés. Il a suffit de se laisser porter par leur tempéraments pour dévider leur histoire que nous, lecteurs, allons suivre avec un plaisir certain.
Akli Tadjer est l’auteur de huit romans, dont trois ont été adaptés pour la télévision, Le Passager du Tassili, Le Porteur de Cartable, et Il était une fois... peut-être pas .
Je me souviens avoir rencontré Akli Tadjer au Salon du livre 2011. Nous avions discuté cuisine (je n'avais pas encore lu ses romans). J'avais perçu que la nourriture représentait à ses yeux une des composantes du bonheur, ce que je retrouve en filigrane dans son dernier livre.
La mort est un thème qui refroidit beaucoup de monde, moi la première. Akli Tadjer nous la montre ici sous un autre éclairage, flirtant presque avec l'univers de Tim Burton quand Adèle ouvre son vestiaire, planqué dans un cercueil dressé à la verticale.
Il transforme une bluette en belle histoire avec son art de la formule :
La célibataire malgré elle pose son cul déshérité sur une méridienne de velours rouge en s'enivrant de champagne pour oublier qu'elle n'attend plus rien de l'amour et soudain c'est le miracle; un beau mec plongé dans des nuits infinies surgit. C'est Léo, il est noir, trentenaire comme elle, qui a un teint de bougie, mal dans sa peau depuis des jours infinis. A eux deux, ils sont l'unité des contraires. Elle lui offre ses pieds endoloris qu'il masse avec une douceur qu'elle ne pourra jamais oublier. Elle est foudroyée, et tous les autres chapitres à venir sont à écrire. (p. 89)Invoquant Paul Eluard, la jeune femme affirme plus loin : Il n'y a pas de hasard. Il n'y a que des rendez-vous. (p.104)
Aucune place n'est concédée au hasard même plus tard quand Adèle courra le risque d'investir 48 000 euros dans une intervention qui pourrait risquer de l'éloigner de son amoureux.
Elle mesurera la force (ou la faiblesse) des promesses passées, lorsqu'on s'est promis entraide et solidarité et qu'on est dans le dur. Le très dur même. (p. 244)
Il lui fait chanter l'air si touchant du film de Percy Adlon, Bagdad Café, I'm calling you. Il la pousse à se confronter à une blonde qui aurait pu rivaliser avec une héroïne de la série Amour, Gloire et Beauté au travers d'un premier dialogue surréaliste (p. 210-213).
Le choix de cet univers des Pompes funèbres n'est pas, lui non plus un hasard. L'auteur a expliqué en interview qu'il avait accompagné un de ses proches dans une telle entreprise de pompes funèbres pour le décès d’un parent. L’agent funéraire qui les avait reçus ne correspondait pas à l'idée qu'il se faisait du métier. C'était tout le portrait d'Adèle.
Sont ensuite arrivés les autres personnages, tous très typés. Il a suffit de se laisser porter par leur tempéraments pour dévider leur histoire que nous, lecteurs, allons suivre avec un plaisir certain.
Akli Tadjer est l’auteur de huit romans, dont trois ont été adaptés pour la télévision, Le Passager du Tassili, Le Porteur de Cartable, et Il était une fois... peut-être pas .
Les Thermes du Paradis de Akli Tadjer, éditions JC Lattès
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire