J'ai visionné Antoinette dans les Cévennes grâce à mon abonnement à la médiathèque numérique car je n'avais pas eu le temps de le voir avant que les cinémas ne ferment.
Ce film, qui faisait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020, a été salué à la cérémonie des César. D'abord parce que Laure Calamy a reçu le César de la meilleure actrice. Ensuite parce que la comédienne a fait un discours très remarqué sur l"importance de la culture en province. J'ai découvert à cette occasion qu'elle était orléanaise, et que donc j'aurais pu la connaitre personnellement.
Des mois qu’Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps : elle part sur ses traces ! Mais à son arrivée, point de Vladimir - seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l'accompagner dans son singulier périple…
La réalisatrice, Caroline Vignal, avait passé une semaine à marcher en famille dans les Cévennes en 2010. Elle a eu, depuis, l'envie de filmer cette belle région, et je la comprends. Les paysages sont magnifiques et la référence au chemin de Stevenson est très jolie. Comme il est vrai de dire que l'important n'est pas le but, c'est le chemin.
Antoinette va nous entrainer sur l'itinéraire phare du Massif Central, qui, dans sa totalité fait 272 km du Puy-en-Velay à Alès en traversant 4 départements : Haute-Loire, Ardèche, Lozère, Gard. Beaucoup de vacanciers empruntent ce chemin seul, en groupe, avec un âne, à vélo ou à cheval, en marchant dans les pas de Robert Louis Stevenson qui le créa en 1878, et qui est devenu depuis le GR70. L'histoire est racontée à Antoinette par un des patrons des gites, Idriss (Denis Mpunga). Et plusieurs plans la montre lisant le récit de Stevenson.
Du coup, les Cévennes constituent un personnage du film à part entière, d'où leur présence dans le titre (alors que d'autre versions ont choisi de le distribuer sous le nom de Patrick). Les grands espaces et les ciels procurent un sentiment d'immensité, évoquant le far-west américain. C'est d'ailleurs une chanson que Dean Martin interprétait en 1959 qui résonne à la toute fin, My rifle, my pont and me comme dans un vieux bon western.
La nature joue un rôle essentiel en guérissant Antoinette de ce qui aurait été un gros chagrin d'amour. Elle apprend qu’elle peut compter sur elle-même, et se libère de tout ce dont elle croyait dépendre. C'est une femme nouvelle que l'on découvrira.
Mais avant cela il lui faudra dompter l'âne qui est son compagnon de route, tout en maitrisant ses propres émotions.
Le film est profond. C'est un récit initiatique, mais il tient aussi de la comédie romantique et il est ponctué de moments très drôles, renforcés par le quiproquo découlant du nom de l'âne, ce prénom de Patrick qui en ferait presque un ami. Il y a aussi une scène très bucolique où Antoinette dort dans la forêt au milieu d'une multitude d'animaux sauvages qu'on dirait sortis d'un film de Walt Disney. Qu'on se rassure, une mention au générique assure qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage.
On suit aussi des scènes de retrouvailles chaleureuses entre tous ceux qui traversent la région à pied. On note une vraie solidarité entre les marcheurs et la bonté des hôtes qui les accueillent. J'ai remarqué parmi les vacanciers Marie Rivière, l'héroïne du Rayon vert tourné en 1986 par Eric Rohmer, et qui est le film culte de Caroline Vignal.
Le rôle principal est dévolu à Laure Calamy, la si pétillante jeune femme astucieuse de la série télévisée Dix pour cent, autant capable de susciter le rire que les larmes
Quant à Patrick, ils sont formidables. J'emploie le pluriel puisqu'ils étaient deux, même si ça ne se remarque pas à l'écran. Un pour les acrobaties, un autre pour refuser d'avancer et faire croire qu'il comprend tout.
Le défi est réussi de filmer une marcheuse sans provoquer une seconde de lassitude dans l'oeil du spectateur. Ça méritait bien un César !
Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, avec Laure Calamy (Antoinette Lapouge), Benjamin Lavernhe (Vladimir Loubier), Olivia Côte (Eléonore Loubier), Louise Vidal (Alice Loubier), Denis Mpunga, Marc Fraize, Jean-Pierre Martins …
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