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jeudi 26 mars 2009

Emily Loizeau, toujours plus haut

De retour de l'Autre Bout du Monde elle a débarqué avec son Pays Sauvage sur la scène minuscule du théâtre Firmin Gémier d'Antony (92)

Les soirs se suivent et ne se ressemblent pas. Hier j'écoutais sans grande joie Abd Al Malik dont j'attendais beaucoup. Ce soir je découvre avec bonheur cette jeune femme talentueuse dont je ne connaissais rien de rien.

© photo Jean-Baptiste Mondino


C'est in extremis (merci Nathalie !) que j'obtiens à la dernière minute le dernier strapontin à la première place. Je suis prévenue : l'artiste a une angine et le concert a failli être annulé. Les musiciens entrent sur scène un par un. La pianiste se met à chanter. Je devine que c'est elle, Emily puisque les longues focales des photographes professionnels sont braqués dans sa direction.

Je prends des notes en fonction de ce que je ressens, au petit bonheur la chance. Je me dis que cela va être coton de reconstituer l'enchainement des titres mais j'avance, guidée par une voix inhabituelle dans la forêt des songes.

Le coeur d'un géant fait résonner un tambour comme s'il générait un claquement d'ailes. Emily a une présence incroyable sur scène, capable d'amadouer la salle d'un murmure. Elle se déplace avec légèreté pieds nus sur le plancher. Mais quand elle danse sur Fais battre ton tambour elle se donne toute entière dans une chorégraphie incantoire. Les pans de sa robe tournoient. Et c'est naturellement que nous la croyons quand elle nous promet de nous hypnotiser.

Elle n'attend pas la fin du concert pour présenter ses musiciens que très souvent elle apostrophe, s'amusant à les chahuter gentiment. On est un vrai groupe dit-elle avec la satisfaction du bel ouvrage. Elle nous invite dans sa maison comme d'autres ouvriraient leur cœur. Des maisons de poupée habitent l'espace de la scène, presque trop petite pour contenir tous les instruments. Et dans ce domaine la musicienne est inventive : un piano ancien, un violoncelle dont Olivier Koundouno tire des plaintes insensées, des guitares classique ou électrique, un banjo, une batterie (reprise au pied levé par Tatiana Miadenovitch) ... mais aussi des percussions corporelles, un simplissime froissement de sac plastique, un tambourin qui a tout l'air d'un piège à rêves....

Une mélodie au piano m'inspire un chant irlandais et c'est donc sans grand étonnement que je découvre qu'elle chante aussi en anglais. Je sais depuis qu'elle est franco-britannique. Sans accent dans l'une et l'autre langue.

Elle est baroque, romantique, folklorique, onirique, nostalgique et drolatique. Les paroles de ses chansons évoquent des univers mixtes, américains et français, ancrés dans les contes de l'enfance, revisités par les standards des années 70, parfumés par des souvenirs de feux de camp sur lesquels auraient coulé beaucoup de pluies.
Le contraste avec le concert d'hier est frappant. Ici les lumières sont belles sans avalanche d'arc-en-ciel. Le son est puissant sans débauche de décibels. La voix est pure, montant crescendo toujours plus haut. La maladie n'est plus qu'un affreux souvenir. Les applaudissements sont intarissables, à la mesure de ce qu'Emily donne à son public. J'ai compté 16 titres. Une vraie performance, jusqu'au dernier, I am alive. Oui bien vivante.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, pas encore, j'ai déniché un enregistrement d'un concert privé pour France Inter, filmé en février dernier. Près de 40 minutes, cela donne plus qu'un aperçu de son art. A déguster sans modération à la date du 31 mars, donc ici.

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