Frédérique Martin publie un nouveau livre que je me suis empressée de lire tant j'avais aimé le précédent, Le vase où meurt cette verveine, également chez Belfond, il y a deux ans.
Sauf quand on les aime commence plus brutalement. Cette auteure n'a pas peur d'aborder de plein fouet les violences de la vie et leurs tumultes. Un instant je n'ai pas eu envie de la suivre sur ces chemins là. Et puis la magie de l'écriture a dompté mes peurs. C'est que Frédérique pose les mots avec un élan qui entraine le lecteur parce qu'elle sait aussi parfaitement laisser filtrer la tendresse entre les lignes.
On peut lire sur la quatrième de couverture que "Sauf quand on les aime ébauche le portrait d'une jeunesse silencieuse qui peine à se mettre au monde. Une jeunesse meurtrie en quête de liberté et d'avenir, confrontée au défi d'aimer."
Ce n'est pas tout à fait exact parce qu'avec elle la différence générationnelle n'a pas de sens. Ce sont les sentiments qui priment. Elle continue, comme avec Le vase ..., de démontrer qu'il n'y a pas d'âge limite pour les vivre. Et c'est bien.
Elle sait aussi bien dresser le portrait psychologique de ses personnages en leur insufflant une dose d'universalité où l'on peut se reconnaitre : L'indépendance est couteuse, par moments. Tenir debout seule, se défendre, tout régler soi-même. Il reste peu de place pour la légèreté et l'insouciance. (p. 34)
Son écriture ne s'embarrasse pas de mots doux. Elle laisse venir les mots crus si nécessaires. Elle convoque aussi (p. 169) Philippe Djian avec les très belles paroles de la chanson de Stephan Eicher, Tu ne me dois rien (album Engelberg, 1991)
Elle pointe la question de l'égalité homme-femme avec une acuité qui ne laissera personne insensible, enfin peut-on l'espérer ... : Tu sais ce que c'est, être une femme ? T'es jamais tranquille, ni dans la rue, ni dans les parkings, ni aux arrêts de bus, dans les forêts, à la campagne de sa race ou dans les putains de trains ! Ben reste chez toi, qu'ils disent. Mais c'est pire ! T'as encore plus à craindre des mecs que tu connais. Lis les stats ! (p. 84)
Elle campe des personnages radicalement différents, chacun attachant pour leurs travers, et surtout leur appétit de vivre. Il y a la courageuse Juliette dont le père jugeait que "socialement elle n'est qu'une merde" qui s'échine dans une maison de retraite et qui n'a pas son pareil pour réussir le pain perdu. Tisha l'impulsive pour qui cela ne fait pas de doute, M. Bréhel aurait été bercé trop près du mur. Claire qui adopte à son insu la philosophie de sa mère : voir et laisser venir. Leur voisin solitaire, atypique et sans âge, se situerait selon elle à mi-chemin entre le tragique et le burlesque, le clown et le poète. Kader qui réfrène autant son envie de buter ses collègues un jour sur deux que son désir de révéler ses sentiments à Juliette. Et puis les autres, qui gravitent autour d'eux comme des satellites, avec les collisions qui s'ensuivent.
Elle nous livre un récit vif, amusant, toujours tendre, souvent poignant, parfois insoutenable comme la vie peut l'être souvent. Rien d'étonnant à ce que son roman soit déjà dans la liste de la Première sélection roman Fnac.
Frédérique Martin vit près de Toulouse. Prix Prométhée de la nouvelle pour L'Écharde du silence (Le Rocher, 2004), elle a également publié, entre autres livres, un roman pour la jeunesse, un recueil de poésie et, chez Belfond, Le vase où meurt cette verveine (2012) qui sortira aussi le 4 septembre chez Pocket, avec une nouvelle couverture.
Elle sera le 10 septembre 2014 à la Librairie Ombres Blanches de Toulouse pour une rencontre et signature à partir de 18 heures.
Sauf quand on les aime, Frédérique Martin, Belfond, sortie en librairie 14 août 2014
Le livre est sorti en format poche chez Pocket le 7 juillet 2016
Ce n'est pas tout à fait exact parce qu'avec elle la différence générationnelle n'a pas de sens. Ce sont les sentiments qui priment. Elle continue, comme avec Le vase ..., de démontrer qu'il n'y a pas d'âge limite pour les vivre. Et c'est bien.
Claire, Juliette et Kader ont un peu plus de vingt ans, et la vie les a déjà malmenés. Dans un contexte peu accueillant, ils se sont adoptés et ont fabriqué ensemble une nouvelle famille. L'arrivée de l'indomptable Tisha et les tourments enflammés de monsieur Bréhel vont tout bousculer. De Toulouse à Tunis, pris entre amour et amitié, ils se frôlent et se heurtent, mais tentent à tout prix de préserver leur tendresse et leur solidarité.Frédérique Martin parvient à insérer des dialogues plus vrai que vrai. J'ai pas besoin d'un garde du corps. J'suis pas Beyoncé. (p.34) T'es en mode reproches ?
Jusqu'au jour où la violence leur impose la mesure du réel.
Elle sait aussi bien dresser le portrait psychologique de ses personnages en leur insufflant une dose d'universalité où l'on peut se reconnaitre : L'indépendance est couteuse, par moments. Tenir debout seule, se défendre, tout régler soi-même. Il reste peu de place pour la légèreté et l'insouciance. (p. 34)
Son écriture ne s'embarrasse pas de mots doux. Elle laisse venir les mots crus si nécessaires. Elle convoque aussi (p. 169) Philippe Djian avec les très belles paroles de la chanson de Stephan Eicher, Tu ne me dois rien (album Engelberg, 1991)
Elle pointe la question de l'égalité homme-femme avec une acuité qui ne laissera personne insensible, enfin peut-on l'espérer ... : Tu sais ce que c'est, être une femme ? T'es jamais tranquille, ni dans la rue, ni dans les parkings, ni aux arrêts de bus, dans les forêts, à la campagne de sa race ou dans les putains de trains ! Ben reste chez toi, qu'ils disent. Mais c'est pire ! T'as encore plus à craindre des mecs que tu connais. Lis les stats ! (p. 84)
Elle campe des personnages radicalement différents, chacun attachant pour leurs travers, et surtout leur appétit de vivre. Il y a la courageuse Juliette dont le père jugeait que "socialement elle n'est qu'une merde" qui s'échine dans une maison de retraite et qui n'a pas son pareil pour réussir le pain perdu. Tisha l'impulsive pour qui cela ne fait pas de doute, M. Bréhel aurait été bercé trop près du mur. Claire qui adopte à son insu la philosophie de sa mère : voir et laisser venir. Leur voisin solitaire, atypique et sans âge, se situerait selon elle à mi-chemin entre le tragique et le burlesque, le clown et le poète. Kader qui réfrène autant son envie de buter ses collègues un jour sur deux que son désir de révéler ses sentiments à Juliette. Et puis les autres, qui gravitent autour d'eux comme des satellites, avec les collisions qui s'ensuivent.
Elle nous livre un récit vif, amusant, toujours tendre, souvent poignant, parfois insoutenable comme la vie peut l'être souvent. Rien d'étonnant à ce que son roman soit déjà dans la liste de la Première sélection roman Fnac.
Frédérique Martin vit près de Toulouse. Prix Prométhée de la nouvelle pour L'Écharde du silence (Le Rocher, 2004), elle a également publié, entre autres livres, un roman pour la jeunesse, un recueil de poésie et, chez Belfond, Le vase où meurt cette verveine (2012) qui sortira aussi le 4 septembre chez Pocket, avec une nouvelle couverture.
Elle sera le 10 septembre 2014 à la Librairie Ombres Blanches de Toulouse pour une rencontre et signature à partir de 18 heures.
Sauf quand on les aime, Frédérique Martin, Belfond, sortie en librairie 14 août 2014
Le livre est sorti en format poche chez Pocket le 7 juillet 2016
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