Le mythe est connu (et souvent à l'affiche) mais il est toujours puissant. Qui ne serait pas prêt à tout pour un peu de bonheur ? La question mérite toujours qu'on y réfléchisse.
Faust est actuellement à l'affiche au théâtre du Ranelagh qui, à lui seul, mérite qu'on s'y perde un peu. C'est un de ces lieux magiques où on aime aller.
Dans son cabinet de travail, au clair de lune, Faust s’emporte contre lui-même et s’apprête à mettre fin à ses jours. Le destin lui offre alors une chance, sous forme de pari proposé par Méphistophélès, de retrouver goût à la vie, mais, on le sait, en échange de son âme.
Ranimé par une nouvelle jeunesse, Faust tombe fou amoureux de Marguerite, et s’engage dans un tourbillon romantique et fantastique où il s’abîme et se retrouve.
Demandez-vous quel est le poids d'une âme ? interroge Méphistophélès, magnifiquement interprété par Ronan Rivière qui signe aussi la mise en scène ainsi que l'adaptation.
Il a voulu, dit-il, proposer une version resserrée du drame qui se joue ici en moins d'une heure trente quand il n'est pas rare qu'on frôle les 4 heures et avec seulement six comédiens. Le dispositif scénique d'Antoine Millian, une fois l'effet de surprise passé, se révèle très efficace pour composer des lieux différents tout en suggérant l'enfermement progressif du héros.
Cet escalier troué de lumières participe à installer une atmosphère fantastique -entre terre, ciel et enfer- ainsi que les costumes dans des couleurs très fortes.
Il y a moins de personnages aussi, ce qui rend la pièce presque épurée. La musique, composée par Léon Bailly, est présente sans jamais devenir envahissante. Ronan Rivière lui-même intervient parfois, plongeant les mains dans le piano, prouvant que le diable tire toutes les ficelles et use de tous les moyens pour arriver à ses fins.
Faust sera dupe, on le sait. Marguerite (très juste Laura Chetrit) sera épargnée, mais il faut dire qu'elle n'a fait aucune promesse.
La mise en scène concilie le fantastique avec une vision romantique. Les acteurs, tous excellents, expriment une large palette de sentiments où la colère et l'angoisse alternent avec la passion pure. C'est une très bonne idée d'avoir maintenu deux comédiens pour jouer Faust, âgé puis jeune.
Cette version a le grand mérite d'être fidèle tout en rendant le chef d'oeuvre accessible à un public de tous âges qui a très envie, en sortant, de se replonger dans le texte.
Dans la traduction de Gérard de Nerval, adapté par Ronan Rivière
Avec : Aymeline Alix, Laura Chetrit, Romain Dutheil ou Anthony Audoux, Ronan Rivière, Jérôme Rodriguez ou Olivier Lugo, Jean-Benoît Terral
Au piano, en direct : Léon Bailly ou Olivier Mazal
Lumière : Fantôme
Décors et accessoires : Antoine Milian
Théâtre le Ranelagh - 5 rue des vignes 75016 Paris - 01 42 88 64 44
du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Jusqu'au 26 mars 2017
photos de Benjamin Dumas
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