On patiente dans le hall de la Folie Théâtre, un théâtre de deux salles, installé dans un ancien atelier, et on se sent comme dans le confortable lounge d'un hôtel.
C'est à un voyage que nous sommes conviés comme le précise la carte d'embarquement qui nous est remise à la caisse et c'est Aurélien Saget lui-même qui accueille les passagers. Nous allons fermer la cabine, nous prévient-il. Prêts pour le décollage ? s'inquiète-t-il
Qui dit voyage dit rêve, et qui dit rêve dit bien ce qu'il veut dire. La Vie Rêvée des Andes ne se situe pas sur le terrain de la réalité mais dans le cerveau (très) fertile du comédien, que n'a pas dompté Alexandre Foulon, signataire d'une mise en scène qui relève sans doute plus de la mise en place que d'une véritable intention artistique.
Les deux compères se connaissent depuis leurs études au conservatoire du XV° arrondissement de Paris. Un avantage car ils s'entendent à la perfection. Mais ils se regardent sans doute avec moins de vigilance ... Il faut reconnaître que Aurélien Saget donne beaucoup à voir. Sa phénoménale aptitude à camper une douzaine de personnages sans changer de costume est plutôt exceptionnelle. Le spectateur n'a pas forcément en revanche la même capacité à le suivre. D'autant que ce n'est pas le fil ténu du synopsis qui le raccrochera bien que la pièce soit autobiographique, tirée avec beaucoup d'humour de son voyage en Amérique du Sud.
Sur les traces d’une légende chilienne, Aurélien s’embarque pour le bout du monde. Selon la légende, un jeune français est devenu roi de Patagonie il y a 150 ans. Entre Santiago et Talca, coutumes locales et gastronomie, entre fêtes nationales et rencontres amoureuses, il est loin d’imaginer les péripéties qui l’attendent. Il y aura des surprises !
Et pourtant je vais vous recommander le déplacement pour moult raisons.
↝ Parce que le théâtre qui le programme (malheureusement un seul soir par semaine, faut pas louper le coche) est un petit cocon très agréable.
↝ Parce que le comédien est réellement formidable et qu'il a le sens du bruitage.
↝ Parce qu'il sait installer le décor, façon de parler, en faisant le point sur les connaissances géographiques du public, déployant une carte, déroulant le drapeau national dont il explique la signification : bleu du ciel, blanc de la montagne enneigée, rouge comme le sang du patriote et l'étoile de l'unité nationale. Il nous apprend que pendant les fêtes nationales la présence du drapeau à chaque fenêtre est obligatoire.
↝ Parce que, enfin, détail minime me direz-vous mais en fait non, il y a tout à côté la boutique de Charlène qui est capable de vous préparer un sandwich à tomber (c'est bien dommage, le théâtre n'a pas de formule repas, enfin pour le moment parce ....) et comme elle ne ferme qu'à 20 h 30 vous avez tout votre temps. Seule précaution à prendre, car décidément aller à la Folie Méricourt est une expédition qui se prépare, il faut apporter, non pas ses baisers, nous ne sommes pas au café du canal, mais son pain ! Qu'à cela ne tienne j'ai là encore une carte maîtresse, la maison Landemaine au bout de la rue à l'angle avec Oberkampf.
Revenons au théâtre, au Chili, dans les Andes, où la pollution ne permet sans doute pas une vie de rêve mais où l'altitude agit comme la dopamine. Rêver c'est déjà ça.
L'imagination d'Aurélien est sans bornes, son terreau d'inspiration est fertile, notre homme connaît le Chili comme ... quelqu'un qui y est allé, ce qui n'est pas le cas ni de vous ni de moi, forcément il y a un décalage qui n'est pas que horaire. Je salue néanmoins la prestation.
Il interprète une vingtaine de personnages en changeant d'accent, de débit. C'est une performance. Il lui suffit de s'asseoir sur une caisse pour suggérer un trajet périlleux en voiture. C'est une prouesse de vouloir nous transporter à l’autre bout du globe avec un décor si minimaliste.
Si j'étais dramaturge, le terme est pompeux mais la fonction est utile, je conseillerais, si cela est possible dans ce petit théâtre, sympathique je le redis, quelques pinceaux lumineux et quelques ajouts d'accessoires pour aider le spectateur à passer plus facilement d'un personnage à l'autre. Une couronne et un poncho ne sont pas tout à fait suffisants.
Si j'étais critique théâtrale pour un magazine spécialisé je serais sévère, estimant que la prestation de Aurélien Saget est un peu brouillonne et que, malgré de manifestes bonnes intentions le comédien perd un peu le spectateur au cours du voyage.
Quand on prend EasyJet on est limité en bagage accompagné. A la Folie Méricourt point du tout. J'avais acheté des fromages chez la voisine. On me les a gardés ... au frais pendant le spectacle.
Mise en scène : Alexandre Foulon
Avec : Aurélien Saget
Création lumières : Denis Moranta
Musique : Jeanne Cortes
A La Folie Théâtre - 6, rue de la Folie Méricourt - 75011 Paris
Renseignements et / ou réservations Tél : 01 43 55 14 80
Les jeudis à 20 h 30 jusqu'au 19 janvier 2017
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