Evreux est décidément une ville étonnante, où les armées ont laissé plusieurs traces. Bien avant l'installation d'une base aérienne de l'OTAN (dont l'activité apparait en filigrane de l'exposition temporaire du musée Evreux année zéro), la ville disposait d'un manège, dit de Tilly, qui est une ancienne caserne militaire du XIXème siècle, en plein centre ville, rue du 7ème chasseur.
Connue alors sous le nom de caserne Saint-Sauveur, elle abritait la cavalerie des 21ème et 6ème régiments de Dragons. Son nom de Tilly lui fut donné en mémoire du comte de Tilly, général d’Empire. Longtemps laissée à l’abandon, réhabilitée en 2015 dans un univers baroque, elle est devenue un lieu autant culturel qu’animé, avec notamment un dîner-spectacle équestre qui plonge les spectateurs au milieu des uniformes, des chevaux... et de la cantine du régiment ! C'est donc en toute logique la cantinière, Angélique, qui vous accueillera à l'ouverture des portes à 19h30.
Chacun des 350 convives sera conduit individuellement à sa table par un jeune cavalier brandissant le drapeau bleu blanc rouge. A moins que vous ne soyez un peu en avance sur vos amis. Vous êtes de toute façon libre de circuler, de vous faire prendre en photo sur une carriole ... ou d'attendre d'autres convives sur un sofa ...
La musique donne le ton. Doucement nostalgique. Charles Trenet chante le Jardin extraordinaire avant que Guy Béart ne poursuive avec l'Eau vive. Les éclairages projettent des rayons de soleil et participent à installer une ambiance joyeuse.
Nous sommes prêts à effectuer un autre bond en arrière. Jean a enfilé les lanières de son accordéon. Imaginons que nous sommes le 12 juillet 1890. Nous trinquerons souvent ce soir à la gloire de Saint Georges. Vive la cavalerie !
L'apéritif se prend au bar, ou à table, comme on le souhaite. Chacun est invité à venir plusieurs fois faire remplir son quart de fer-blanc d'une louche de sabre normand, un mélange de vin blanc sec et de sirop de pomme verte. Des coupelles, dans cette même couleur bleu, sont remplis de mini bretzels.
Le public chante au son de l'accordéon, reprenant les paroles de Dalida, le petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini. Les chevaux s'échauffent sur un sol fibré qui leur assure beaucoup de confort (et dont la douceur m'a surprise) .... ou patientent en coulisses. D'une certaine façon, les animaux sont ici "comme à la maison". Chacun connait son rôle sur le bout du sabot. Ils ont leurs repères, connaissant par coeur les effets de lumière et réagissant en suivant la musique. Sur un cheptel de 18 têtes un peu moins de la moitié seulement vient travailler ici chaque soir. Le plus élégant porte une tresse de 1, 20 mètre de longueur (ci-dessous à droite).
Envoyez la soupe du colonel ! s'écrit Frédéric Mouquet après avoir "chambré" un de ses soldats, lui imposant une série de pompes. Les gamelles sont vites remplies. On se régale. Alors on se ressert une louche. Le principe de la table d'hôtes est propice aux conversations et aux dialogues.
Toute la troupe participe au service. Une fois les bols débarrassés, c'est le jarret de porc à l'ancienne, pomme aux poivres, purée de vitelotte qui arrive sur de grands plats fumants. L'accordéon reprend du service pour distraire les spectateurs tandis que la piste s'installe.
On commence à sentir l'odeur musquée des animaux. Frédéric Mouquet interroge la salle d'un allez vous bien ? n'appelant qu'une réponse : oui chef !
Il est presque 22 h 30 et le spectacle proprement dit commence. Il faudra taper les trois coups dans la pure tradition. Avec ce bâton enveloppé de velours rouge et serti de clous dorés, qui s'appelle brigadier, parce que dans l'armée c'est ce grade qui dirige l'équipe. J'ai toujours cru que le nombre de trois était une référence à la Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit). J'ai appris ce soir qu'à la Comédie Française on frappait 6 coups, pour évoquer la réunion des deux troupes fondatrices de cette institution en 1680, celle de l'Hôtel de Bourgogne et celle de l'Hôtel Guénégaud.
Nous allons assister (et participer aussi parfois) à une revue de caserne, partie pour être présentée pendant trois ans. Huit chevaux évolueront sur la piste. Des ibériques, portugais ou espagnols. Tous magnifiques. Quant aux comédiens, ils étaient tout à l'heure serveurs, ils vont être acrobates et danseurs. Ils portent des costumes qui sont des répliques conçues par le spécialiste des costumes militaires dans le cinéma français.
Le spectacle enchainera les voltiges, les cascades et les numéros de cirque, sérieux mais avec un humour revendiqué, très accessible à tous les âges, selon un synopsis imaginé par Frédéric Mouquet en respectant les codes du cabaret, y compris quand le manège est réquisitionné pour des soirées privatisées. Il connait bien cet univers, ayant travaillé longtemps dans la cascade à cheval sur des plateaux de cinéma.
Les premières entrées en scène se font au galop sur l'air du quadrille de l'acte II d'un opéra de Verdi. Changement de rythme ensuite avec The great gig in the sky des Pink Floyd sur l'évolution du cheval blanc natté.
La complicité entre les humains et les chevaux est remarquable. L'animal simule la détresse.
Il se cabre sur un signe imperceptible pour le spectateur.
Il peut aussi s'infiltrer dans le public, et marcher au pas entre les tables.
Sans être strictement historique, le scénario s'appuie sur la réalité. Le manège était en 1862 utilisé par les militaires. Après la guerre de 1870, marquée par la défaite, des régiments de cavalerie ont été implantés à travers la France et il y a eu jusqu'à 800 chevaux à Tilly.
Suivra relativement vite un changement radical, en 1911 : la France s'équipe en chars. Les chevaux n'apparaissent plus que pour les parades. Tilly devient un hangar où l'on stationne des camions. On appelait l'endroit la caserne des trains, sans que l'on puisse expliquer pourquoi ce nom. Ce fut ensuite un centre d'entraînement militaire pendant trois ans. En 2000 le service militaire est supprimé et le bâtiment, donné à la ville, devient un gymnase.
Les scènes dialoguées (toujours humoristiques), alternent avec des numéros dignes des meilleurs cirques. Comme ce très joli travail avec le tissu par Christine. Et qui annonce presque la fin du spectacle.
Il n'y a pas de bonne ou mauvaise place pour suivre la représentation. Celle-ci ayant lieu au milieu du repas les personnes qui le souhaitent peuvent se déplacer avec leur chaise et se rapprocher de la piste, pourvu de rester au moins un mètre en arrière, question de sécurité.
Elle s'achève sur la musique de la finale de l'ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Rossini dont la musique est indissociable de la cavalerie. Et sur la présentation de la troupe : Charlotte dans le rôle du Premier dragon, Pierrick le Deuxième, Cécile, la fille du colonel, Pierre le colonel, Arnaud le palefrenier, Angélique la cantinière et Christine, la circassienne.
On réintégrera les tables pour le dessert, un Bonneau aux pommes, arrosé (généreusement) de Calvados, et on prendra un café si on le souhaite. Les convives s'attardent, commentant les numéros. Les artistes circulent de table en table, répondent aux questions en toute simplicité.
Coté scène, pas de rideau à tirer, mais il reste encore un peu de ménage et de rangement à faire avant de rentrer à l'écurie. Les chevaux ne dorment pas sur place mais à une quinzaine de kilomètres de là. Quand ils travaillaient sur des tournages de film ils pouvaient faire jusqu'à 25 à 30000 kilomètres par an. C'était une vraie vie de bohème, me dit Frédéric Mouquet.
On commence à sentir l'odeur musquée des animaux. Frédéric Mouquet interroge la salle d'un allez vous bien ? n'appelant qu'une réponse : oui chef !
Il est presque 22 h 30 et le spectacle proprement dit commence. Il faudra taper les trois coups dans la pure tradition. Avec ce bâton enveloppé de velours rouge et serti de clous dorés, qui s'appelle brigadier, parce que dans l'armée c'est ce grade qui dirige l'équipe. J'ai toujours cru que le nombre de trois était une référence à la Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit). J'ai appris ce soir qu'à la Comédie Française on frappait 6 coups, pour évoquer la réunion des deux troupes fondatrices de cette institution en 1680, celle de l'Hôtel de Bourgogne et celle de l'Hôtel Guénégaud.
Nous allons assister (et participer aussi parfois) à une revue de caserne, partie pour être présentée pendant trois ans. Huit chevaux évolueront sur la piste. Des ibériques, portugais ou espagnols. Tous magnifiques. Quant aux comédiens, ils étaient tout à l'heure serveurs, ils vont être acrobates et danseurs. Ils portent des costumes qui sont des répliques conçues par le spécialiste des costumes militaires dans le cinéma français.
Le spectacle enchainera les voltiges, les cascades et les numéros de cirque, sérieux mais avec un humour revendiqué, très accessible à tous les âges, selon un synopsis imaginé par Frédéric Mouquet en respectant les codes du cabaret, y compris quand le manège est réquisitionné pour des soirées privatisées. Il connait bien cet univers, ayant travaillé longtemps dans la cascade à cheval sur des plateaux de cinéma.
Les premières entrées en scène se font au galop sur l'air du quadrille de l'acte II d'un opéra de Verdi. Changement de rythme ensuite avec The great gig in the sky des Pink Floyd sur l'évolution du cheval blanc natté.
La complicité entre les humains et les chevaux est remarquable. L'animal simule la détresse.
Il se cabre sur un signe imperceptible pour le spectateur.
Il peut aussi s'infiltrer dans le public, et marcher au pas entre les tables.
Sans être strictement historique, le scénario s'appuie sur la réalité. Le manège était en 1862 utilisé par les militaires. Après la guerre de 1870, marquée par la défaite, des régiments de cavalerie ont été implantés à travers la France et il y a eu jusqu'à 800 chevaux à Tilly.
Suivra relativement vite un changement radical, en 1911 : la France s'équipe en chars. Les chevaux n'apparaissent plus que pour les parades. Tilly devient un hangar où l'on stationne des camions. On appelait l'endroit la caserne des trains, sans que l'on puisse expliquer pourquoi ce nom. Ce fut ensuite un centre d'entraînement militaire pendant trois ans. En 2000 le service militaire est supprimé et le bâtiment, donné à la ville, devient un gymnase.
Les scènes dialoguées (toujours humoristiques), alternent avec des numéros dignes des meilleurs cirques. Comme ce très joli travail avec le tissu par Christine. Et qui annonce presque la fin du spectacle.
Il n'y a pas de bonne ou mauvaise place pour suivre la représentation. Celle-ci ayant lieu au milieu du repas les personnes qui le souhaitent peuvent se déplacer avec leur chaise et se rapprocher de la piste, pourvu de rester au moins un mètre en arrière, question de sécurité.
Elle s'achève sur la musique de la finale de l'ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Rossini dont la musique est indissociable de la cavalerie. Et sur la présentation de la troupe : Charlotte dans le rôle du Premier dragon, Pierrick le Deuxième, Cécile, la fille du colonel, Pierre le colonel, Arnaud le palefrenier, Angélique la cantinière et Christine, la circassienne.
Coté scène, pas de rideau à tirer, mais il reste encore un peu de ménage et de rangement à faire avant de rentrer à l'écurie. Les chevaux ne dorment pas sur place mais à une quinzaine de kilomètres de là. Quand ils travaillaient sur des tournages de film ils pouvaient faire jusqu'à 25 à 30000 kilomètres par an. C'était une vraie vie de bohème, me dit Frédéric Mouquet.
Une quinzaine de représentations a eu lieu l'année qui a suivi la réouverture, le 18 septembre 2015, et leur nombre progresse, sans compter des soirées à thème pour l’arrivée du Beaujolais nouveau, le spectacle de flamenco Sensualidad Flamenca ou la soirée du jour de l’an.
Il est possible de louer le manège de Tilly pour des soirées privées, repas-cocktails, séminaires, colloques, concerts, mariages...
Le manège de Tilly, rue du 7ème chasseur - 27000 Evreux - 07 83 89 88 43
Dîner-spectacle adultes : 49 € (29 € pour les enfants)
Spectacle seul adultes : 39 € (19 € enfants)
Cliquez sur le tag "Normandie" pour suivre l'ensemble des articles consacrés à la région, et en particulier à Evreux entre octobre 2016 et janvier 2017.
Il est possible de louer le manège de Tilly pour des soirées privées, repas-cocktails, séminaires, colloques, concerts, mariages...
Le manège de Tilly, rue du 7ème chasseur - 27000 Evreux - 07 83 89 88 43
Dîner-spectacle adultes : 49 € (29 € pour les enfants)
Spectacle seul adultes : 39 € (19 € enfants)
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