Pierre Pelot est sorti de sa tanière pour nous livrer un nouveau roman Une autre saison comme le printemps.
Devenu un auteur à succès aux États-Unis, où il vit désormais, François Dorall revient en France pour participer à un festival de polar, à Metz. Une nuit, lorsque Elisa, une amie d’enfance, le supplie de retrouver son fils de 9 ans qui a été kidnappé, il a soudain l’étrange impression d’être plongé dans l’un de ses livres. N’est-il pas spécialiste des disparitions mystérieuses ? Dorall hésite, mais ne lui doit-il pas cela ? Le romancier se mue en enquêteur. Et pendant ce temps-là, un petit garçon se dirige vers le Sud en compagnie d’un homme qu’il appelle papa.
C'est un roman particulier, qui en quelque sorte vous prend par le coeur plus que par la raison. Une sorte d'enquête, pas vraiment policière, que mène le lecteur autant que le personnage principal.
Une de ces histoires d'où le héros s'échappe comme s'il devenait soudain plus réel que ne l'aurait souhaité celui qui tenait le clavier.
Pierre Pelot est un auteur qui écrit avec autant de poésie que de puissance, et avec une acuité rare animée par une sorte de sentiment d'urgence : Les histoires, cela signifie des êtres humains traversant l’existence tant bien que mal. Voilà qui m’intéresse. Je suis allé les chercher dans leurs terriers, les histoires, à la braconne et sans permis, à ma manière, personne ne m’a appris. Seule se pratique la manière qui vous convient, c’est ainsi qu’on apprend à les attraper.
Une autre saison comme le printemps peut se lire comme une sorte de rébus laissant entrevoir ce que peuvent entreprendre les sentiments quand ils ne tarissent pas. Laissant s'infiltrer ce que certains appellent hasard quand d'autres n'y voient que purs lapsus.
Avant, les près descendaient en pente douce jusqu'à la rivière ... Ce sont les premiers mots et on pense à une autre saison, l'été, lui aussi en pente douce que l'on aimerait pouvoir lire ou relire en parallèle, à moins que, par fainéantise bien inspirée on se satisfasse de le revoir sur (petit) écran dans l'adaptation que Gérard Krawczyk a réalisée en 1987.
Ce roman démontre que s'il y a un avant il peut aussi exister un après. Il y a derrière tout ça quelque chose d'incompréhensible, mais ça ne se situe certainement pas au même niveau pour tout le monde (p.83).
Il faut accepter le fantastique et croire au surnaturel pour apprécier, ce dont tous les lecteurs ne sont pas capables. Comme voir quel coup de dés ce road-movie réserve à ses protagonistes lorsqu'ils ne peuvent se résoudre ni à la mort de ceux qu'ils aiment, ni à aucune forme de disparition.
Pierre Pelot nous fait voyager dans le temps et dans l'espace, de l'Est au Sud, avant de revenir s'échouer en escale aux US, mais c'est surtout un périple intérieur dans lequel sa lecture nous entraîne, dans un monde sous-marin, de l'autre côté de la rivière. Peut-on jamais revenir sur ses pas ?
Une autre saison comme le printemps de Pierre Pelot, aux éditions Héloïse d'Ormesson, en librairie depuis le 6 octobre 2016
L'écrivain est toujours, quoique irrégulièrement, actif sur son site de la Tanière avec un humour pulvérisant les (gros) tracas de la vie.
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