Ce fut une des heureuses surprises avignonnaises et je suis heureuse que le CV de Dieu soit accessible au public parisien pour éclairer une rentrée qui n'est jamais facile à supporter.
Ce spectacle est une franche comédie, autant intelligemment écrite que bien jouée. J'espère que le duo Bénureau/Balmer n'aura rien perdu de sa fraicheur, de sa connivence et de sa capacité à surprendre (je suis sûre que l'un comme l'autre pimentent chaque représentation avec juste ce qu'il faut d'improvisation pour maintenir l'attention de son partenaire).
L'évocation de Dieu commence sur le rideau de scène. On apprend d'emblée que lorsque furent finis le ciel, la terre, les animaux et l’homme, Dieu pensa qu’il était fini aussi, et sombra dans une profonde mélancolie.
Il ne savait à quoi se mettre. Il fit un peu de poterie, pétrit une boule de terre, mais le cœur n’y était plus. Il n’avait plus confiance en lui, il avait perdu la foi. Dieu ne croyait plus en Dieu. Il lui fallait d’urgence de l’activité, de nouveaux projets, de gros chantiers. Il décida alors de chercher du travail, et, comme tout un chacun, il rédigea son curriculum vitae, et une lettre de motivation qui devait être excellente puisqu'elle lui vaut d'être convoqué sur terre pour une semaine de tests et d'entretiens dans un grand groupe.
La confrontation entre Dieu (Jean-François Balmer) et le DRH (Didier Bénureau) peut commencer. Tout est évidemment surréaliste, oscillant entre le vraisemblable et le paralogique. Comme souvent dans l'écriture de Jean-Louis Fournier.
L'effet comique est renforcé par une multitude de détails, dits ou non-dits, comme le nom de Dieu mentionné sur le "diable" (c'est bien comme cela qu'on appelle ce chariot qui lui permet de trimbaler un CV très conséquent ...), la surcharge d'un costume immaculé rehaussé d'une écharpe de soie violette inspirée d'un signe de dignitaire ecclésiastique et alourdie de passementerie, ou encore la croix obtenue par la juxtaposition de deux outils scripteurs ... avec lesquels tout quidam pourrait écrire son CV.
On rit beaucoup et de bon coeur. Dieu s'exprime sans tabou, avouant s'emmerder là-haut depuis qu'il laisse les passions à son fils... unique, comme on le sait. Et jurer Nom de moi !
Les choix musicaux de Thibault Hédoin sont extrêmes, entre un extrait symphonique et une chanson de Jim Morrison chantée à l'unisson par les deux compères.
Les dialogues sont équilibrés entre deux grands comédiens de manière à ce que chacun ait sa part d'humour et de dérision. Le directeur pose avec naïveté les questions qui taraudent tous les enfants. Pourquoi l'eau est-elle salée ? Pour donner du goût aux poissons, comment n'y aurait-on pas penser ... On ne tombe jamais dans la vulgarité, ce qui n'était pas gagné d'avance. Il y a même des moments qui frôlent la poétique, par exemple lorsque Dieu exprime sa préférence pour l'Atlantique en raison de la présence des crevettes grises.
La création (du monde) est expliquée avec à l'appui des diapositives de peintures de Michel-Ange, dans une parfaite parodie de ce qui arrive au candidat lambda, contraint de justifier son parcours avant d'espérer le poursuivre ailleurs.
Le recruteur n'est pas que naïf. Il sait être mordant comme dans la vraie vie et Dieu n'est pas ménagé à propos de ses erreurs, même s'il dénonce les fakes balancées par le pape avec une savoureuse mauvaise foi.
La mise en scène de Françoise Petit est plutôt sobre, ce qui est préférable car il n'aurait pas été astucieux de trop appuyer les effets comiques. Peu importe que l'entretien soit réussi. Quelles que soient nos croyances on passe une très bonne soirée.
Ce spectacle est une franche comédie, autant intelligemment écrite que bien jouée. J'espère que le duo Bénureau/Balmer n'aura rien perdu de sa fraicheur, de sa connivence et de sa capacité à surprendre (je suis sûre que l'un comme l'autre pimentent chaque représentation avec juste ce qu'il faut d'improvisation pour maintenir l'attention de son partenaire).
L'évocation de Dieu commence sur le rideau de scène. On apprend d'emblée que lorsque furent finis le ciel, la terre, les animaux et l’homme, Dieu pensa qu’il était fini aussi, et sombra dans une profonde mélancolie.
Il ne savait à quoi se mettre. Il fit un peu de poterie, pétrit une boule de terre, mais le cœur n’y était plus. Il n’avait plus confiance en lui, il avait perdu la foi. Dieu ne croyait plus en Dieu. Il lui fallait d’urgence de l’activité, de nouveaux projets, de gros chantiers. Il décida alors de chercher du travail, et, comme tout un chacun, il rédigea son curriculum vitae, et une lettre de motivation qui devait être excellente puisqu'elle lui vaut d'être convoqué sur terre pour une semaine de tests et d'entretiens dans un grand groupe.
L'effet comique est renforcé par une multitude de détails, dits ou non-dits, comme le nom de Dieu mentionné sur le "diable" (c'est bien comme cela qu'on appelle ce chariot qui lui permet de trimbaler un CV très conséquent ...), la surcharge d'un costume immaculé rehaussé d'une écharpe de soie violette inspirée d'un signe de dignitaire ecclésiastique et alourdie de passementerie, ou encore la croix obtenue par la juxtaposition de deux outils scripteurs ... avec lesquels tout quidam pourrait écrire son CV.
On rit beaucoup et de bon coeur. Dieu s'exprime sans tabou, avouant s'emmerder là-haut depuis qu'il laisse les passions à son fils... unique, comme on le sait. Et jurer Nom de moi !
Les choix musicaux de Thibault Hédoin sont extrêmes, entre un extrait symphonique et une chanson de Jim Morrison chantée à l'unisson par les deux compères.
Les dialogues sont équilibrés entre deux grands comédiens de manière à ce que chacun ait sa part d'humour et de dérision. Le directeur pose avec naïveté les questions qui taraudent tous les enfants. Pourquoi l'eau est-elle salée ? Pour donner du goût aux poissons, comment n'y aurait-on pas penser ... On ne tombe jamais dans la vulgarité, ce qui n'était pas gagné d'avance. Il y a même des moments qui frôlent la poétique, par exemple lorsque Dieu exprime sa préférence pour l'Atlantique en raison de la présence des crevettes grises.
La création (du monde) est expliquée avec à l'appui des diapositives de peintures de Michel-Ange, dans une parfaite parodie de ce qui arrive au candidat lambda, contraint de justifier son parcours avant d'espérer le poursuivre ailleurs.
Le recruteur n'est pas que naïf. Il sait être mordant comme dans la vraie vie et Dieu n'est pas ménagé à propos de ses erreurs, même s'il dénonce les fakes balancées par le pape avec une savoureuse mauvaise foi.
La mise en scène de Françoise Petit est plutôt sobre, ce qui est préférable car il n'aurait pas été astucieux de trop appuyer les effets comiques. Peu importe que l'entretien soit réussi. Quelles que soient nos croyances on passe une très bonne soirée.
Le C.V de Dieu de Jean-Louis Fournier,
D'après son roman paru aux Éditions Stock
Mise en scène Françoise Petit
Avec Jean-François Balmer et Didier Bénureau
Scénographie et costumes Jean Bauer
Lumière Hervé Gary
Vidéo Tristan Sébenne
Musique Thibault Hédoin
Une coproduction la Pépinière Théâtre et Atelier Théâtre Actuel
Au Théâtre Actuel • 80, rue Guillaume Puy • 84000 Avignon • Tél : 04 90 82 04 02
Du 6 au 28 juillet 2018 à 20h45
Relâches les 17 et 22 juillet
A la Pépinière Théâtre • 7 Rue Louis le Grand • 75002 Paris • 01 42 61 44 16
Du jeudi 13 septembre 2018 au dimanche 6 janvier 2019
Du mardi au samedi à 19 heures, le dimanche à 16 heures
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Ch. Vootz
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