Dieu fait recette en Avignon. Outre son CV (une comédie très réussie, créée au Théâtre actuel et dont je rendrai compte prochainement) voilà que Régis Vlachos nous rappelle à l'instar de Nieztsche que Dieu est mort et qu'accessoirement il ne se sent pas très bien non plus, paraphrasant ainsi une citation de Woody Allen.
Ce spectacle là ne date pas d'hier. Le texte écrit en hommage à Charlie Hebdo a été primé au Concours Léopold Bellan en Avril 2015 au théâtre Tristan Bernard à Paris. D’abord en solo, le spectacle est recréé en duo en juin 2016 aux Feux de la Rampe et a été un des succès du Festival Off Avignon 2016. Il s'est ensuite posé à Essaion, à la Contrescarpe et au Point Virgule. Il est pour la troisième année en Avignon. Seulement voilà, je ne l'avais pas encore vu.
Régis Vlachos est agrégé de philosophie. Autant dire qu'il en connait un rayon sur la dialectique ... sur les croyances et les fondements des religions, toutes !
Sous couvert de faire rire, il nous fait réfléchir à propos de l’idée de Dieu. A commencer par le déroulé d'une pensée absurde : à quoi pouvait-il s'occuper avant de créer la terre ? Jouait-il avec le vide ? Il faut voir le comédien mimer le vieillard ...
Plus sérieusement il nous raconte comment il s'y prend pour assurer l'enseignement de toutes les religions dans son établissement du 93. Le pari est difficile tant auprès des élèves, que face au proviseur qui ne partage pas la même vision de la fameuse liberté pédagogique. Bon prince, notre homme se plie au gage du pari perdu et portera un nez de clown.
Le duo qu'il a construit avec sa partenaire, Charlotte Zotto, est ponctué de beaux intermèdes musicaux qui insufflent de la poésie entre deux moments débordants d'énergie. L'idée de choisir de gratter une guitare électrique comme une acoustique est particulièrement réussie. Elle a une très jolie voix, et on a envie de chanter avec elle Comme on se lasse faire !
Les attentats sont en toile de fond quand l'artiste invoque tous les morts au nom de Dieu en haranguant une peluche censée le représenter, selon lui un pingouin, mais j'y ai vu un manchot, et un jeu de mots signifiant combien l'oeuvre n'est pas accomplie.
Il ne peut s'empêcher de re-visiter les miracles, et c'est un poisson rouge qui lui sert d'accessoire, provoquant la désapprobation des spectateurs bien que l'animal ne semble pas en souffrir.
Pardonnez-lui, il ne sait pas ce qu'il fait, suggère Nafissa compatissante en brandissant une pancarte. Pauvre femme, rudement chahutée tout au long du spectacle, à travers des répliques d'une misogynie primaire mais l'auteur se rachète à la fin en lui permettant de se rebeller et de le ridiculiser à son tour.
Vous aurez compris que si le propos est sérieux aucun des interprètes ne se prend ... pour le bon dieu.
Régis nous fait aussi partager sa passion pour Michel Sardou, dont je ne connaissais pas la chanson j'y crois : Même si ça vous fait sourire un peu lorsque j'ai peur … je crois en Dieu.
Les paroles sont quasi surréalistes (je les ai vérifiées en sortant du théâtre) :
Même s'il ne ressemblait pas du tout, A ce jeune homme blond et doux, Qu'un peuple a cloué sur la croix, Au fond ça n'changerait rien pour moi. (...) Pour avoir trop aimé les vins, Surtout les vins dorés du Rhin.
Il n'es pas plus ridicule de parler de religion que de la chanter : On ne parle à Jéhovah, A Jupiter à Boudha, Qu'en chantant.
Il ose hurler : Je vais t'aimer, A faire flamber des enfers dans tes yeux, A faire jurer tous les tonnerres de Dieu.
Ah, bon Dieu, si l'on était deux! Pour t'aimer, pour te servir, chante-t-il dans Le curé.
On est prévenu : le best of compte 37 titres qui s'achèveront sur deux courtes mesures d'Alors on danse de Stromae en pensant à ces paroles : alors tu pries pour qu'ça s'arrête.
Mais c'est reparti avec Etre une femme. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas de répit. Le cri se répète à l'infini, dans un écho chahuté par les rires du public (parfois même du comédien) jusqu'à la prière finale pour clôturer le spectacle.
On en sortira en ayant compris que grandir c'est se défaire de toutes les croyances que nous impose le monde des humains pour tenter de contenir son angoisse existentielle.
Régis Vlachos est agrégé de philosophie. Autant dire qu'il en connait un rayon sur la dialectique ... sur les croyances et les fondements des religions, toutes !
Sous couvert de faire rire, il nous fait réfléchir à propos de l’idée de Dieu. A commencer par le déroulé d'une pensée absurde : à quoi pouvait-il s'occuper avant de créer la terre ? Jouait-il avec le vide ? Il faut voir le comédien mimer le vieillard ...
Plus sérieusement il nous raconte comment il s'y prend pour assurer l'enseignement de toutes les religions dans son établissement du 93. Le pari est difficile tant auprès des élèves, que face au proviseur qui ne partage pas la même vision de la fameuse liberté pédagogique. Bon prince, notre homme se plie au gage du pari perdu et portera un nez de clown.
Le duo qu'il a construit avec sa partenaire, Charlotte Zotto, est ponctué de beaux intermèdes musicaux qui insufflent de la poésie entre deux moments débordants d'énergie. L'idée de choisir de gratter une guitare électrique comme une acoustique est particulièrement réussie. Elle a une très jolie voix, et on a envie de chanter avec elle Comme on se lasse faire !
Les attentats sont en toile de fond quand l'artiste invoque tous les morts au nom de Dieu en haranguant une peluche censée le représenter, selon lui un pingouin, mais j'y ai vu un manchot, et un jeu de mots signifiant combien l'oeuvre n'est pas accomplie.
Il ne peut s'empêcher de re-visiter les miracles, et c'est un poisson rouge qui lui sert d'accessoire, provoquant la désapprobation des spectateurs bien que l'animal ne semble pas en souffrir.
Pardonnez-lui, il ne sait pas ce qu'il fait, suggère Nafissa compatissante en brandissant une pancarte. Pauvre femme, rudement chahutée tout au long du spectacle, à travers des répliques d'une misogynie primaire mais l'auteur se rachète à la fin en lui permettant de se rebeller et de le ridiculiser à son tour.
Vous aurez compris que si le propos est sérieux aucun des interprètes ne se prend ... pour le bon dieu.
Régis nous fait aussi partager sa passion pour Michel Sardou, dont je ne connaissais pas la chanson j'y crois : Même si ça vous fait sourire un peu lorsque j'ai peur … je crois en Dieu.
Les paroles sont quasi surréalistes (je les ai vérifiées en sortant du théâtre) :
Même s'il ne ressemblait pas du tout, A ce jeune homme blond et doux, Qu'un peuple a cloué sur la croix, Au fond ça n'changerait rien pour moi. (...) Pour avoir trop aimé les vins, Surtout les vins dorés du Rhin.
Il n'es pas plus ridicule de parler de religion que de la chanter : On ne parle à Jéhovah, A Jupiter à Boudha, Qu'en chantant.
Il ose hurler : Je vais t'aimer, A faire flamber des enfers dans tes yeux, A faire jurer tous les tonnerres de Dieu.
Ah, bon Dieu, si l'on était deux! Pour t'aimer, pour te servir, chante-t-il dans Le curé.
On est prévenu : le best of compte 37 titres qui s'achèveront sur deux courtes mesures d'Alors on danse de Stromae en pensant à ces paroles : alors tu pries pour qu'ça s'arrête.
Mais c'est reparti avec Etre une femme. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas de répit. Le cri se répète à l'infini, dans un écho chahuté par les rires du public (parfois même du comédien) jusqu'à la prière finale pour clôturer le spectacle.
On en sortira en ayant compris que grandir c'est se défaire de toutes les croyances que nous impose le monde des humains pour tenter de contenir son angoisse existentielle.
Dieu est mort, de Régis Vlachos
Avec Régis Vlachos et Charlotte Zotto
Mise en scène Franck Gervais
Costumes Gaël Yannic
Création vidéo Maxime Trevisiol
Au Théâtre des Barriques • 8 rue Ledru Rollin • 84000 Avignon • Tél : 04 13 66 36 52
Du 6 au 29 juillet 2018 à 16 h 05
Relâche les 10,17 et 24 juillet 2018
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Fabienne Rappeneau
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