Le jour où j'ai appris que j'étais juif était annoncé comme une pure création du festival off d'Avignon 2018. Qui plus est avec un comédien extraordinaire, Jean-François Derec, dont l'entrée en scène a été ponctuée immédiatement par des applaudissements nourris.
Il est dirigé par un de ces metteurs en scène qui ont fait les riches heures du festival, le in s'il vous plait, Georges Lavaudant. Et dans un de ces théâtres qui comptent dans la ville à longueur d'année, le Chêne noir.
Il est dirigé par un de ces metteurs en scène qui ont fait les riches heures du festival, le in s'il vous plait, Georges Lavaudant. Et dans un de ces théâtres qui comptent dans la ville à longueur d'année, le Chêne noir.
Un tel générique inspire le respect mais impose aussi le succès qui, hélas n'est pas de mon point de vue au rendez-vous. Impossible de le cacher. Je suis sortie très déçue par ce spectacle.
Le texte est plutôt bien écrit. Je ne remets pas en cause l'adaptation et je pense que la lecture des confidences du comédien, publiées en 2007 chez Denoël doit se lire avec plaisir.
Ce que je n'ai pas compris c'est pourquoi il était presque toujours statique au centre de la scène, devant quelques objets (dont on devine qu'ils ont un rapport avec la religion juive) qui sont de mon point de vue sous-utilisés. Je n'ai pas vu le travail de mise en scène et les lumières (signées aussi par Georges Lavaudant) ne m'ont pas subjuguées.
Il dit avoir essayé, avec son accord, de sortir Jean-François Derec de son personnage de one-man-show, de suivre son désir, de l’emmener ailleurs. Peut-être sommes nous "trop" habitués à son jeu et le décalage a été trop fort. Le registre m'a semblé sombre, voire tragique alors qu'il n'y avait pas matière à être triste.
Même sa voix si particulière que j'apprécie habituellement m'a parue être en souffrance.
Même sa voix si particulière que j'apprécie habituellement m'a parue être en souffrance.
Parce qu'au fond même si le texte est très drôle les effets comiques ont été gommés. Remplacer son mythique bonnet rouge (ersatz d'un nez de la même couleur) par le traditionnel Judenhut, m'a plutôt glacée. L'homme n'a pas la tête à porter ce couvre-chef.
Le comédien raconte avec une fausse naïveté comment il a découvert sa judéité, qu’il craignait être une maladie, à cause d’une petite Christine à qui il ne voulu pas montrer son zizi dans la cour de récré. La gamine en a déduit qu’il avait quelque chose à cacher, un zizi coupé en deux peut-être alors que le garçon se demandait si sa mère était au courant.
Ce quiproquo sera suivi d'autres. On apprendra que Derec n'a rien de breton (et n'est d'ailleurs pas davantage grenoblois) et qu'il est la diminution (encore une) de Derechinski. Que ses parents parlent le polonais pour pouvoir s'engueuler en toute discrétion. Et qu'il avait du mal à comprendre pour qui on organisait une fête à la synagogue le jour du Grand pardon puisqu'on l'appelait Kippour.
Les évocations de la grande histoire qui se déroule en parallèle de la petite nous rappellent le gouvernement du général de Gaulle, Mai 68, une période où le Parti communiste remportait 25% des voix, l'époque où on s'ennuyait au lycée (forcément sans Facebook ... ) et où le tube était Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy.
Jean-François Derec raconte avec ses mots les caractéristiques de la mère juive, sorte de concept à égalité avec celui de superwoman et il s'anime enfin pour la mimer désespérée, se jetant par la fenêtre. Une mère qui a tout fait pour être d'abord perçue comme grenobloise avant tout, ce qui lui fait conclure que pour elle le devoir de mémoire, c’était plutôt le trou de mémoire.
On comprend qu'il ait fini par le combler.
Le comédien raconte avec une fausse naïveté comment il a découvert sa judéité, qu’il craignait être une maladie, à cause d’une petite Christine à qui il ne voulu pas montrer son zizi dans la cour de récré. La gamine en a déduit qu’il avait quelque chose à cacher, un zizi coupé en deux peut-être alors que le garçon se demandait si sa mère était au courant.
Ce quiproquo sera suivi d'autres. On apprendra que Derec n'a rien de breton (et n'est d'ailleurs pas davantage grenoblois) et qu'il est la diminution (encore une) de Derechinski. Que ses parents parlent le polonais pour pouvoir s'engueuler en toute discrétion. Et qu'il avait du mal à comprendre pour qui on organisait une fête à la synagogue le jour du Grand pardon puisqu'on l'appelait Kippour.
Les évocations de la grande histoire qui se déroule en parallèle de la petite nous rappellent le gouvernement du général de Gaulle, Mai 68, une période où le Parti communiste remportait 25% des voix, l'époque où on s'ennuyait au lycée (forcément sans Facebook ... ) et où le tube était Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy.
Jean-François Derec raconte avec ses mots les caractéristiques de la mère juive, sorte de concept à égalité avec celui de superwoman et il s'anime enfin pour la mimer désespérée, se jetant par la fenêtre. Une mère qui a tout fait pour être d'abord perçue comme grenobloise avant tout, ce qui lui fait conclure que pour elle le devoir de mémoire, c’était plutôt le trou de mémoire.
On comprend qu'il ait fini par le combler.
Le jour où j’ai appris que j’étais juif
De et avec Jean-François Derec
Texte édité aux éditions Denoël, 2007
Mise en scène Georges Lavaudant
Production Happyprod
Au Théâtre du Chêne noir • 8bis, rue Sainte Catherine • 84000 Avignon • Tél : 04 90 86 74 87
Du 6 au 29 juillet 2018 à 18h45
Relâches les lundis 9, 16 et 23 juillet
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