L'expression est classiquement traduite par "libre comme l'air". Aujourd'hui on dirait plutôt "lâche-toi". Perdre ses chaussures c'est risquer de perdre pied. Accepter d'oublier ses repères pour y gagner en liberté et en épanouissement personnel n'est pas facile et c'est tout le propos du sujet.
Cela reste une question d'actualité.
L'intrigue de Footloose est tirée d'une histoire vraie, celle du lycée d'Elmore City en Oklahoma, dont le bal de fin d'année 1979 faillit être menacé par une loi locale du 19e siècle qui interdisait toute danse dans les limites de la ville.
Le film, comme les comédies musicales, situent l'action dans la petite ville de Bomont. La danse et les musiques sont proscrites depuis l'accident de voiture qui a emporté le fils du révérend Shaw Moore. C'est dans ce contexte que Ren McCormick, jeune homme de Chicago et danseur, débarque un jour. Essayant d'abord d'ignorer la loi, il va finalement décider de la combattre, essayant de prouver au révérend que la danse ne mène pas nécessairement à la dépravation.
Une première comédie musicale a été montée en octobre 98 sur Broadway. Une version française est à l'affiche de l'Espace Pierre Cardin depuis la mi-octobre et jusqu'au 16 janvier. C'est elle que j'ai d'abord vue. Ensuite j'ai visionné le film que je ne connaissais pas malgré un succès mondial dans les années 80.
La reprise proposée à l'Espace Cardin est articulée autour de deux parties inégales. La première campe le décor en frôlant la caricature des séries B américaines. On ne croit pas un instant à cette histoire d'interdiction de la musique et de la danse par un père la morale psychorigide parce qu'à l'inverse du film le traumatisme de la mort du fils n'est pas révélé dès le début. On a le nez sur la scène. Nos oreilles sont martelées par les décibels. Et quand retentit I need a hero c'est l'image de Cate Blanchett dans sa cuisine qui s'impose à ma mémoire. J'ignorais que cet air avait été écrit pour Footloose. J'ai donc du me concentrer pour ne pas la trouver anachronique au cours du spectacle.
La seconde partie est plus cohérente. La troupe révèle alors sa vitalité infaillible et sympathique. Je peux dire que finalement j'ai apprécié la soirée. A tel point que j'ai eu envie de poursuivre en visionnant le DVD du film.
Je ne hiérarchise pas les deux. Ils sont désormais complémentaires. Il y a dans le film des scènes mythiques qui ne peuvent pas être restituées sur scène : le générique avec des gros plans sur les pieds des danseurs ... et leurs chaussures, l'affrontement des tracto-pelles sur la musique de I need a hero qui évoque bien entendu James Dean, le courage insensé d'Ariel, à cheval sur deux voitures comme si c'était des chevaux alors qu'un énorme truck arrive en face ... les rails de chemin de fer qui toujours catalysent les sentiments des jeunes américains (comme dans Beignets de tomates vertes), les superbes chorégraphies dans l'immense espace de la minoterie où travaille Ren. Et une pointe d'humour de ci de là comme cette méprise : t'es branché Police ? en faisant allusion au groupe britannique alors que la caméra montre l'arrivée du shérif local.
On peut tout de même rester surpris de voir qu'il y a trente ans aux USA il était banal d'aller au lycée en automobile, que les étudiants cumulent tous études et petits boulots, qu'il y a un drapeau américain dans l'église, qu'il est question de cassette-pirate ... qu'on peut perdre son emploi pour des raisons pseudo-morales, qu'on ne peut pas être fille de pasteur et porter des bottes de cow-boy de cuir rouge, qu'il y a un tas de gens qui cherchent des noises dès qu'on n'est pas des leurs.
Le personnage du père y est plus puissant, plus pathétique. Il déteste la musique pop rock, lui préférant Haydn, une musique de chambre qui élève l’âme, ne perturbe pas les corps et les esprits. Les dialogues du film ne sont pas caricaturaux pour autant ni curieusement donneurs de morale :
J'ai été frappée par la ressemblance fascinante entre les acteurs du film et ceux de la troupe de 20 artistes recrutés par Lorenzo Vitali, le producteur de Fame. Arno Diem est Ren. Tatiana Matre est Ariel et Nicolas Turconi est un formidable Willard. La mise en scène et la chorégraphie imaginés par Raphaël Kaney et Guillaume Ségouin (Fame, Hair, Cléopâtre, Le Roi Soleil) sont fidèles. Pour un peu j'y retournerai ... D'autant que les musiciens jouent en direct. L'esprit pop rock est restitué avec une touche de modernité flirtant avec le slam et le hip hop.
Footloose, Espace Pierre Cardin
1, avenue Gabriel, 75008 Paris, Métro Concorde
Du mardi au samedi à 20h30, les samedis et dimanches à 15h30
Locations : 08 92 68 36 22
Cela reste une question d'actualité.
L'intrigue de Footloose est tirée d'une histoire vraie, celle du lycée d'Elmore City en Oklahoma, dont le bal de fin d'année 1979 faillit être menacé par une loi locale du 19e siècle qui interdisait toute danse dans les limites de la ville.
Le film, comme les comédies musicales, situent l'action dans la petite ville de Bomont. La danse et les musiques sont proscrites depuis l'accident de voiture qui a emporté le fils du révérend Shaw Moore. C'est dans ce contexte que Ren McCormick, jeune homme de Chicago et danseur, débarque un jour. Essayant d'abord d'ignorer la loi, il va finalement décider de la combattre, essayant de prouver au révérend que la danse ne mène pas nécessairement à la dépravation.
Une première comédie musicale a été montée en octobre 98 sur Broadway. Une version française est à l'affiche de l'Espace Pierre Cardin depuis la mi-octobre et jusqu'au 16 janvier. C'est elle que j'ai d'abord vue. Ensuite j'ai visionné le film que je ne connaissais pas malgré un succès mondial dans les années 80.
La reprise proposée à l'Espace Cardin est articulée autour de deux parties inégales. La première campe le décor en frôlant la caricature des séries B américaines. On ne croit pas un instant à cette histoire d'interdiction de la musique et de la danse par un père la morale psychorigide parce qu'à l'inverse du film le traumatisme de la mort du fils n'est pas révélé dès le début. On a le nez sur la scène. Nos oreilles sont martelées par les décibels. Et quand retentit I need a hero c'est l'image de Cate Blanchett dans sa cuisine qui s'impose à ma mémoire. J'ignorais que cet air avait été écrit pour Footloose. J'ai donc du me concentrer pour ne pas la trouver anachronique au cours du spectacle.
La seconde partie est plus cohérente. La troupe révèle alors sa vitalité infaillible et sympathique. Je peux dire que finalement j'ai apprécié la soirée. A tel point que j'ai eu envie de poursuivre en visionnant le DVD du film.
Je ne hiérarchise pas les deux. Ils sont désormais complémentaires. Il y a dans le film des scènes mythiques qui ne peuvent pas être restituées sur scène : le générique avec des gros plans sur les pieds des danseurs ... et leurs chaussures, l'affrontement des tracto-pelles sur la musique de I need a hero qui évoque bien entendu James Dean, le courage insensé d'Ariel, à cheval sur deux voitures comme si c'était des chevaux alors qu'un énorme truck arrive en face ... les rails de chemin de fer qui toujours catalysent les sentiments des jeunes américains (comme dans Beignets de tomates vertes), les superbes chorégraphies dans l'immense espace de la minoterie où travaille Ren. Et une pointe d'humour de ci de là comme cette méprise : t'es branché Police ? en faisant allusion au groupe britannique alors que la caméra montre l'arrivée du shérif local.
On peut tout de même rester surpris de voir qu'il y a trente ans aux USA il était banal d'aller au lycée en automobile, que les étudiants cumulent tous études et petits boulots, qu'il y a un drapeau américain dans l'église, qu'il est question de cassette-pirate ... qu'on peut perdre son emploi pour des raisons pseudo-morales, qu'on ne peut pas être fille de pasteur et porter des bottes de cow-boy de cuir rouge, qu'il y a un tas de gens qui cherchent des noises dès qu'on n'est pas des leurs.
Le personnage du père y est plus puissant, plus pathétique. Il déteste la musique pop rock, lui préférant Haydn, une musique de chambre qui élève l’âme, ne perturbe pas les corps et les esprits. Les dialogues du film ne sont pas caricaturaux pour autant ni curieusement donneurs de morale :
- Si vous pouviez m’expliquer pour mon père peut-être que je pourrai pour votre fils (dit Ren) - Parfois y’ a rien à comprendre, merci (répond le révérend) - Je en suis pas tout à fait sure de croire en tout ce que tu crois mais je crois en toi (dit Ariel, la fille)Comment savoir si la comédie musicale ne m'a pas ensuite conditionnée ? J'ai pleinement apprécié le propos, goutant la dimension historique de la réalisation qui aujourd'hui se regarde comme un documentaire sur le puritanisme américain, si surprenant, si décalé du mode de vie de la France des années 80. Le travail de l'équipe française m'est apparu avec netteté.
J'ai été frappée par la ressemblance fascinante entre les acteurs du film et ceux de la troupe de 20 artistes recrutés par Lorenzo Vitali, le producteur de Fame. Arno Diem est Ren. Tatiana Matre est Ariel et Nicolas Turconi est un formidable Willard. La mise en scène et la chorégraphie imaginés par Raphaël Kaney et Guillaume Ségouin (Fame, Hair, Cléopâtre, Le Roi Soleil) sont fidèles. Pour un peu j'y retournerai ... D'autant que les musiciens jouent en direct. L'esprit pop rock est restitué avec une touche de modernité flirtant avec le slam et le hip hop.
Footloose, Espace Pierre Cardin
1, avenue Gabriel, 75008 Paris, Métro Concorde
Du mardi au samedi à 20h30, les samedis et dimanches à 15h30
Locations : 08 92 68 36 22
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