C'est une surprise de choc que je dois à la médiathèque du Plessis-Robinson (92) qui m'en a prescrit la lecture. Dès les premières pages j'ai compris que La Couleur des sentiments allait figurer au panthéon de mes préférences. A l'instar d'Autant en emporte le vent autrefois. Un cran au-dessus de Un pied au paradis et de l'Année brouillard lus l'an dernier dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE.
Si on cherche à résumer le propos on dira que c'est un témoignage sur la réalité quotidienne des bonnes (noires) chez les familles (blanches) qui les emploient dans l'Amérique des années 60, alors que Rosa Park lance un mouvement de résistance contre les lois ségrégationnistes et que Martin Luther King fait le rêve qui pour lui personnellement tourne au cauchemar.
Mais c'est bien plus que cela. Le vrai sujet, à mon sens, est l'analyse des rapports de force entre des personnes que la société sépare et que la fraternité rassemble, à force de résistance et de courage, où l'amitié est le carburant qui fait triompher les valeurs humaines.
On connait tous l'évolution de la société américaine. On devine comment les faits vont s'enchainer. Ce n'est pas le propos du livre de nous faire revivre l' Histoire mais plus simplement une histoire. L'auteur réussit formidablement à entretenir notre intérêt. On a du mal à réaliser que c'est son premier ouvrage. Il faut croire qu'elle l'a conçu avec ses propres souvenirs. Le roman se lit comme un thriller avec des retournements de situation toutes les vingt pages. Il est trop gros pour être lu sans faire de pause et croyez-moi c'est un vrai effort que de glisser le marque-page et de l'abandonner quelques heures.
Le titre original, the Help, aurait du être traduit par le Secours. Il correspond à l'esprit du livre mais le traducteur a réussi la prouesse de restituer l'esprit plus que la lettre. La manière particulière de s'exprimer dans la région de Jackson est fidèlement rendue et chacune des trois voix résonne de façon particulière.
Tout commence par une question anodine posée par la "dame blanche", Miss Skeeter, à Aibileen : Vous n'avez jamais envie de ... changer les choses ? Aibileen répond par la négative. Pourtant elle a remarqué que lorsqu'elle inscrivait le nom de quelqu'un sur sa liste de prières son vœu se concrétisait. Mais changer Jackson, Mississipi, c'est pas aussi simple que changer une ampoule.(p.34). Se parler à cœur ouvert est inconcevable entre personnes qui ne sont pas du même rang social.
C'est vraiment bizarre ce qui se passe ici parce que personne parle et on arrive quand même à avoir une conversation. (p.41)
Suit Minny, l'amie fidèle d'Aibileen, qui s'interroge sur l'opportunité et le danger de dire la vérité : ce mot là me rafraichit comme de l'eau qui coulerait sur mon corps tout collant de sueur. Qui refroidirait la chaleur qui m'a brûlée toute ma vie. (p.158) Il faut avoir connu les États du Sud en pleine canicule pour saisir la métaphore. Dans un de mes premiers billets j'écrivais que l'enfer est sans doute plus frais qu'une nuit tropicale new-orléanaise.
Ce qui nous semble banal comme un simple remerciement prend dans cette société une valeur inimaginable et provoquer de la reconnaissance en retour. Dire merci quand on le pense pour de bon, quand on se rappelle que quelqu'un a vraiment fait quelque chose pour vous, çà fait tellement de bien (p. 308)
Bob Dylan chante Times they are a changing. Les protagonistes passent sept mois à attendre que l'eau boue dans une casserole invisible (p.457) Rien ne se passe. On dévore les lignes en redoutant l'explosion qui va inévitablement se produire comme l'orage après un calme trop profond. Mais ce n'est pas exactement comme cela que les évènements vont s'enchainer. C'est drôle comme les gens ont des façons différentes de montrer leurs sentiments (p. 465) et je n'en dirai pas davantage. Le livre a déjà reçu un prix aux USA.
Lisez-le ! Offrez-le ! Vous ferez des heureux. Dépêchez de goûter ce bonheur littéraire avant que l'adaptation cinématographique ne vous en dissuade car c'est toujours plus commode d'aller au cinéma que d'ouvrir un livre.
Ce sera un succès comme en 1985, le fut La Couleur pourpre, réalisé par Steven Spielberg avec Danny Glover, Whoopi Goldberg, Margaret Avery, Oprah Winfrey… nominé 11 fois aux Oscars en 1986. DreamWorks a acquis les droits de The help. L'adaptation a été confiée à un ami d'enfance de l'auteure, Tate Taylor, qui sera également réalisateur du film.
Les anglophones pourront en apprendre davantage sur le site de l'auteur.
Début juin 2011 on apprend que le livre a reçu le Grand prix des Lectrices de ELLE 2011, ce qui n'est pas étonnant en soi quand on relit le premier paragraphe de cette critique.
La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, Editions Jacqueline Chambon,pour le compte des éditions Actes Sud, septembre 2010, 526 pages
Si on cherche à résumer le propos on dira que c'est un témoignage sur la réalité quotidienne des bonnes (noires) chez les familles (blanches) qui les emploient dans l'Amérique des années 60, alors que Rosa Park lance un mouvement de résistance contre les lois ségrégationnistes et que Martin Luther King fait le rêve qui pour lui personnellement tourne au cauchemar.
Mais c'est bien plus que cela. Le vrai sujet, à mon sens, est l'analyse des rapports de force entre des personnes que la société sépare et que la fraternité rassemble, à force de résistance et de courage, où l'amitié est le carburant qui fait triompher les valeurs humaines.
On connait tous l'évolution de la société américaine. On devine comment les faits vont s'enchainer. Ce n'est pas le propos du livre de nous faire revivre l'
Le titre original, the Help, aurait du être traduit par le Secours. Il correspond à l'esprit du livre mais le traducteur a réussi la prouesse de restituer l'esprit plus que la lettre. La manière particulière de s'exprimer dans la région de Jackson est fidèlement rendue et chacune des trois voix résonne de façon particulière.
Tout commence par une question anodine posée par la "dame blanche", Miss Skeeter, à Aibileen : Vous n'avez jamais envie de ... changer les choses ? Aibileen répond par la négative. Pourtant elle a remarqué que lorsqu'elle inscrivait le nom de quelqu'un sur sa liste de prières son vœu se concrétisait. Mais changer Jackson, Mississipi, c'est pas aussi simple que changer une ampoule.(p.34). Se parler à cœur ouvert est inconcevable entre personnes qui ne sont pas du même rang social.
C'est vraiment bizarre ce qui se passe ici parce que personne parle et on arrive quand même à avoir une conversation. (p.41)
Suit Minny, l'amie fidèle d'Aibileen, qui s'interroge sur l'opportunité et le danger de dire la vérité : ce mot là me rafraichit comme de l'eau qui coulerait sur mon corps tout collant de sueur. Qui refroidirait la chaleur qui m'a brûlée toute ma vie. (p.158) Il faut avoir connu les États du Sud en pleine canicule pour saisir la métaphore. Dans un de mes premiers billets j'écrivais que l'enfer est sans doute plus frais qu'une nuit tropicale new-orléanaise.
Ce qui nous semble banal comme un simple remerciement prend dans cette société une valeur inimaginable et provoquer de la reconnaissance en retour. Dire merci quand on le pense pour de bon, quand on se rappelle que quelqu'un a vraiment fait quelque chose pour vous, çà fait tellement de bien (p. 308)
Bob Dylan chante Times they are a changing. Les protagonistes passent sept mois à attendre que l'eau boue dans une casserole invisible (p.457) Rien ne se passe. On dévore les lignes en redoutant l'explosion qui va inévitablement se produire comme l'orage après un calme trop profond. Mais ce n'est pas exactement comme cela que les évènements vont s'enchainer. C'est drôle comme les gens ont des façons différentes de montrer leurs sentiments (p. 465) et je n'en dirai pas davantage. Le livre a déjà reçu un prix aux USA.
Lisez-le ! Offrez-le ! Vous ferez des heureux. Dépêchez de goûter ce bonheur littéraire avant que l'adaptation cinématographique ne vous en dissuade car c'est toujours plus commode d'aller au cinéma que d'ouvrir un livre.
Ce sera un succès comme en 1985, le fut La Couleur pourpre, réalisé par Steven Spielberg avec Danny Glover, Whoopi Goldberg, Margaret Avery, Oprah Winfrey… nominé 11 fois aux Oscars en 1986. DreamWorks a acquis les droits de The help. L'adaptation a été confiée à un ami d'enfance de l'auteure, Tate Taylor, qui sera également réalisateur du film.
Les anglophones pourront en apprendre davantage sur le site de l'auteur.
Début juin 2011 on apprend que le livre a reçu le Grand prix des Lectrices de ELLE 2011, ce qui n'est pas étonnant en soi quand on relit le premier paragraphe de cette critique.
La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, Editions Jacqueline Chambon,pour le compte des éditions Actes Sud, septembre 2010, 526 pages
2 commentaires:
J'avais lu qq interviews de ce tout jeune auteur. Née à Jackson, c'est très autobiographique probablement. Elle a l'air de dire qu'elle a commencé à écrire après le 11 Septembre parce qu'elle ne pouvait pas joindre sa famille à Jackson. JC'est comme ça que je comprends le titre en anglais. Je vais le lire probablement
Pour le 11 septembre je ne savais pas. Par contre oui c'est quasi totalement autobiographique et l'auteur explique en postface ses motivations à écrire ce livre.
Le titre anglais signifie l'entraide et la solidarité entre les bonnes et la femme blanche qui écrit leur histoire. Mais Kathryn Stockett a déclaré qu'elle préférait tout compte fait le titre français.
Enregistrer un commentaire