Etant admirative aussi bien d'Isabelle Huppert que de Hafsia Herzi (dont j'avais tant apprécié le premier long métrage il y a cinq ans, Tu mérites un amour), je ne pouvais pas manquer La prisonnière de Bordeaux, un film de Patricia Mazuy.
Bien que l'interprétation soit sans faille je n'ai pas été complètement convaincue par le propos et je n'ai pas compris quel était le message de la réalisatrice, ou des scénaristes, au nombre de trois (dont François Bégaudeau).
Je ne peux me résoudre à ce qu'ils n'aient pas cherché à nous démontrer quelque chose sur la sororité ou la position de la femme "épouse de détenu" qui serait prise contre sa volonté dans une spirale infernale.
Il faut dire que, projeté concomitamment à la programmation du festival Paysages de cinéastes, la barre était placée très haut. Et que, hasard ou coïncidence, ce ne sont pas les images de parloir qui auront fait défaut au cours de la semaine de projections.
Alma (Isabelle Huppert), riche mais seule dans sa grande maison en ville, et Mina (Hafsia Herzi), jeune mère démunie mais courageuse dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… la prison de Mont-de-Marsan. Les deux femmes se rencontrent à l'occasion d'un parloir et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse… et et en dépit de la différence de classe.
La première scène m'a semblé étrange, tout simplement parce que ce que j'ai vu du décor de l'entrée de la maison n'était pas "raccord" avec ce que l'on découvre ensuite. Et pour cause, il s'agit de la scène finale … qu'on reverra à la toute fin du film et qui fera sens à ce moment là. Quoiqu'il en soit, a-t-elle été placée là pour servir d'avertissement ? Est-ce pour signifier la fragilité d'Alma que la boite de gâteau tombe sur l'envers (même si elle croque dans un chou qui est resté entier …) ? Est-il intentionnel de leur avoir donné deux prénoms phonétiquement proches ?
Si je ne devais retenir qu'une chose ce serait la bande-son. A commencer par le sifflement d'un homme nous faisant basculer dans l'univers du western. Nous ne sommes pas loin d'une atmosphère suggérant un film de Sergio Leone ou d'Ennio Morricone, pourquoi pas Une poignée de dollars car nous verrons combien l'argent est le nerf de l'histoire.
Un quatuor de saxophones renforcera cette sensation. La même chanson, "Je sens tu mens" ouvre et clôture le film (de la même façon que la scène du retour d'Alma chez elle). Avec, il me semble une légère évolution dans les paroles : Je pleure de te voir des larmes de joie sans remplir une rivière des larmes de joie va devenir Je pleure de te voir des larmes de joie sans l’amour t’es rien.
Elle est interprétée par Sarah McCoy dont le ton de voix plutôt groovy, proche de Barbara Carlotti, instille du blues dans les paroles écrites par la cinéaste, sur une musique composée par Amine Bouhafa qui parvient à insuffler une dose de romanesque dans une histoire qui ne l'est pas.
La prisonnière de Bordeaux, film de Patricia Mazuy
Avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi …
En salles depuis le 28 août 2024
Première mondiale à La Quinzaine des Cinéastes- Cannes 2024
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