Bouli Lanners a présenté les Géants à la Quinzaine des réalisateurs cannoise dont il est reparti avec deux prix. Le voici maintenant en compétition au Festival de Chatenay (92) où il arrive précédé de l’excellente réputation que lui a valu son précédent film, Eldorado.
Bouli est un surnom, diminutif de Bouboule qui a été artistiquement condensé. Philippe Lanners a en effet un physique d’ogre, un peu rond, et si le titre était au singulier, le géant ce serait lui. Mais contresens, ce sont trois jeunes garçons. Cet homme qui n’a pas d’enfants a imaginé une histoire d’une grande humanité.
Vous l’avez forcément vu au cinéma où il fait l’acteur régulièrement, parfois aux cotés de Gérard Depardieu dont il a la même corpulence. Il a été Bruno Vanuxem, douanier, comme son père dans la vraie vie, dans Rien à déclarer de Dany Boon. Roi grec pour Astérix aux Jeux Olympiques. Silhouette massive du caporal Chardolot dans un Long dimanche de fiançailles.
Eldorado était un road-movie métaphysique, tragi-comique et émouvant. Le dernier film est encore une épopée, mais plutôt cette fois version Inferno. Faute de gravir des montagnes, le trio d’ado descendra le courant d’une rivière à la rencontre de leur destinée.
Bouli est belge, ce qui n’est pas une information anecdotique quand on sait combien les habitants de ce pays ont intégré le sens de l’absurde. Écrire sur la démission des adultes alors qu’on vit dans un pays qui n’a pas de gouvernement, ne peut pas relever du hasard métaphorique.
Je sais qu’il n’apprécie pas qu’on le compare aux frères Dardenne, eux aussi présents à Cannes, mais il est difficile de nier que son cinéma a quelque chose à voir avec le leur. Même si sa version de l’enfance en manque d’affection est plus colorée que celle qu’ils illustrent avec leur Gamin au vélo.
Chez les Dardenne c’est le père qui ne joue pas son rôle. Avec Lanners c’est la mère qui est défaillante. Cécile de France campe une marraine réaliste. Le personnage de Marthe Keller relève plutôt de la bonne fée. Le vélo est vecteur de liberté pour Cyril alors que la voiture ou la barque sont les moyens d’évasion de Zak, Seth et Danny. De part et d'autre les enfants sont confrontés à des adultes impitoyables qui se comportent en prédateurs.
Bouli Lanners aime probablement les grands espaces et on pourrait aussi penser au Paris-Texas de Wim Wenders. Il filme la Wallonie comme si elle était un morceau du Montana et que sa rivière coulait dans l’ouest américain. Le titre de son prochain film, Tenderville, résonne avec davantage d’optimisme et devrait cette fois nous balader dans un milieu plus urbain.
Les Géants, de Bouli Lanners, sortira en salles en France le 2 novembre 2011
Pour tout savoir de la 10 ème édition, horaires et programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/
mise à jour du 18 octobre 2010 : Le jury des Jeunes de Paysages de cinéastes vient de décerner son Prix à ce film qu’il a trouvé très drôle. Ce n’est pas le qualificatif que le public adulte aurait employé spontanément même si, après la projection, on devait se retenir de voir des nains à chaque coin de rue et qu’on avait une furieuse envie faire l’expérience de rouler dans un champ de maïs pour voir l’effet que cela peut faire.
Bouli est un surnom, diminutif de Bouboule qui a été artistiquement condensé. Philippe Lanners a en effet un physique d’ogre, un peu rond, et si le titre était au singulier, le géant ce serait lui. Mais contresens, ce sont trois jeunes garçons. Cet homme qui n’a pas d’enfants a imaginé une histoire d’une grande humanité.
Vous l’avez forcément vu au cinéma où il fait l’acteur régulièrement, parfois aux cotés de Gérard Depardieu dont il a la même corpulence. Il a été Bruno Vanuxem, douanier, comme son père dans la vraie vie, dans Rien à déclarer de Dany Boon. Roi grec pour Astérix aux Jeux Olympiques. Silhouette massive du caporal Chardolot dans un Long dimanche de fiançailles.
Eldorado était un road-movie métaphysique, tragi-comique et émouvant. Le dernier film est encore une épopée, mais plutôt cette fois version Inferno. Faute de gravir des montagnes, le trio d’ado descendra le courant d’une rivière à la rencontre de leur destinée.
C’est l’été, Zak et Seth se retrouvent seuls et sans argent dans la maison de campagne de leur grand-père. Les deux frères s’attendent encore une fois à passer des vacances sans histoires. Mais cette année-là, ils rencontrent Danny, un autre ado du coin. Ensemble, à un âge où tout est possible, ils vont commencer la grande et périlleuse aventure de leur vie.Il faut considérer cette histoire comme un conte, initiatique du passage de l’adolescence à la vie adulte. Parce que sinon, vous passerez à côté de la poésie et de la tendresse qui infusent les images pour ne retenir que la violence du scénario (coécrit avec Elise Ancion) et la causticité des dialogues qui ne manquent pourtant pas d’humour : par exemple cette justification du grand frère pour excuser son comportement devant les deux autres alors qu’il tire à bout portant dans une nichée de volatiles : On tue pas un canard, on essaie un flingue. Faut bien une cible, çà bouge pas un arbre. (d’autant plus dérisoire que le revolver est chargé en balles à blanc, ce que les trois gosses l’ignorent).
Bouli est belge, ce qui n’est pas une information anecdotique quand on sait combien les habitants de ce pays ont intégré le sens de l’absurde. Écrire sur la démission des adultes alors qu’on vit dans un pays qui n’a pas de gouvernement, ne peut pas relever du hasard métaphorique.
Je sais qu’il n’apprécie pas qu’on le compare aux frères Dardenne, eux aussi présents à Cannes, mais il est difficile de nier que son cinéma a quelque chose à voir avec le leur. Même si sa version de l’enfance en manque d’affection est plus colorée que celle qu’ils illustrent avec leur Gamin au vélo.
Chez les Dardenne c’est le père qui ne joue pas son rôle. Avec Lanners c’est la mère qui est défaillante. Cécile de France campe une marraine réaliste. Le personnage de Marthe Keller relève plutôt de la bonne fée. Le vélo est vecteur de liberté pour Cyril alors que la voiture ou la barque sont les moyens d’évasion de Zak, Seth et Danny. De part et d'autre les enfants sont confrontés à des adultes impitoyables qui se comportent en prédateurs.
Bouli Lanners aime probablement les grands espaces et on pourrait aussi penser au Paris-Texas de Wim Wenders. Il filme la Wallonie comme si elle était un morceau du Montana et que sa rivière coulait dans l’ouest américain. Le titre de son prochain film, Tenderville, résonne avec davantage d’optimisme et devrait cette fois nous balader dans un milieu plus urbain.
Les Géants, de Bouli Lanners, sortira en salles en France le 2 novembre 2011
Pour tout savoir de la 10 ème édition, horaires et programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/
mise à jour du 18 octobre 2010 : Le jury des Jeunes de Paysages de cinéastes vient de décerner son Prix à ce film qu’il a trouvé très drôle. Ce n’est pas le qualificatif que le public adulte aurait employé spontanément même si, après la projection, on devait se retenir de voir des nains à chaque coin de rue et qu’on avait une furieuse envie faire l’expérience de rouler dans un champ de maïs pour voir l’effet que cela peut faire.
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